Pourquoi Bolloré devrait envoyer des fleurs à France Télévisions
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Près de trois milliards d’euros pour France Télévisions, 600 millions pour Radio France, on passe sur les budgets de la chaîne franco-allemande Arte, des chaînes parlementaires, de TV5 Monde : les médias publics, en France, coûtent cher, très cher, aux Français. Au total, près de quatre milliards d’euros, ce qui correspond au budget de… nos prisons, indispensables, elles, pour empêcher les malfaiteurs de nuire aux innocents. L’utilité de cette armée de médias publics est moins évidente. Ces grandes maisons ne lésinent pas sur les effectifs. France Télévisions emploie près de 10.000 salariés, contre seulement 3.700 pour le groupe TF1 et 2.200 pour le groupe M6. France Télévisions, pourtant, commande une grande partie de ses programmes à des prestataires extérieurs. Les médias publics préemptent aussi les fréquences, un avantage concurrentiel majeur. Mais quand on aime les médias d’État, on ne compte pas ! Et la France les aime au-delà du raisonnable.
Appuyés sur ces bases solides, garantis de tout retournement de conjoncture ou de tout coup de froid du marché par la générosité forcée du public, France Télévisions et Radio France, qui a l’immense avantage concurrentiel de diffuser des programmes presque dénués de publicité, n’hésitent jamais à mordre les mains qui les nourrissent. Dans un article à la une, Le Figaro Magazine fait le compte de quelques-unes des innombrables provocations ou analyses anti-droite, anticatholiques ou antinationales du service public. Liste incomplète car chaque matinale radio et chaque journée du petit écran made in service public apportent leur florilège. Sur France Inter, l’auditeur pas tout à fait bobo a pris l’habitude de subir les leçons et les rires de certains salariés des médias publics.
Bronca contre les trois nouveaux chroniqueurs d'Inter
Radio France devrait ausculter ses audiences. Combien d’auditeurs, pour éviter l’assommoir publicitaire, subissent, ahuris, chaque matin, le prêche gauchiste d’un Thomas Legrand, jamais contredit. Combien supportent les moqueries à sens unique des « humoristes » ? Combien s’émeuvent du changement de ton des intervieweurs en fonction de l’étiquette des invités ? Face au ressentiment récurrent d’une partie de son public, Inter a bien mis un peu d’eau dans son vin avec le recrutement de trois voix venues des contrées sauvages qui échappent encore à l’emprise du politiquement correct à la sauce service public (Polony, de Marianne, Devecchio, du Figaro, et Gernelle, du Point). Trois… auxquelles il faut ajouter celle de Dominique Seux, traditionnel alibi de droite d'Inter. Le recrutement des trois nouveaux chroniqueurs a provoqué une levée de boucliers en interne. Il ne change pourtant rien à la tonalité générale de ces univers très consensuels ni à la bonne conscience satisfaite des éternels donneurs de leçons.
Coté France Télévisions, les feuilletons comme Capitaine Marleau, Un si grand soleil ou Plus belle la vie déversent, épisode après épisode, des torrents de bonne conscience, de progressisme woke, de prêchi-prêcha diversitaire et de prêt-à-penser sur tous les thèmes de société.
C’est évident et assumé : la France du service public oublie ou méprise les 45 % de Français qui se répartissent entre Zemmour, Le Pen et Bertrand, voire même une partie des macronistes venus de droite. Les Français financent sous la contrainte un média qui s’adresse à un Français sur deux et méprise ou insulte l’autre moitié.
Une conviction : le vrai journalisme relève de la sphère publique
Qu’importe. Les audiences sont bonnes, se réjouissent les responsables de Radio France et de France 2, persuadés du génie de leurs programmes au point d’oublier que de nombreux auditeurs ne sont là que pour éviter la publicité. Qu’importe, la mission de service public, avec ses obligations de diversité visible, si bien décrite par le CSA, est non seulement remplie mais dépassée, assurent les responsables de France Télévisions. Qu’importe, l’argent tombe. Et les journalistes maison s’entretiennent dans leur conviction : le média d’État seul est rigoureux puisqu’il n’est pas soumis aux pressions de l’argent, cela va de soi. Le média d’État seul est honnête puisqu’il n’a pas besoin d’équilibrer ses recettes et ses dépenses. Le vrai journalisme relève, au fond, de la sphère publique, qui prône le bon et le bien. Ce curieux pharisianisme engendre un indéboulonnable sentiment d’impunité et un décalage ahurissant de certaines vedettes lorsque le sommet de l’iceberg fait surface à l’antenne. C’est Laurent Ruquier, sur France 2, sommant Mélenchon d’unir la gauche « pour le bien des gens ». On se pince. Et on cherche en vain la vraie diversité, la diversité des idées, sur les plateaux de France 5, de France Inter, de France Info. Le journaliste payé par l'État devrait trembler à l’idée de violer l’idéal de neutralité du service public. Il ne tremble pas. La gauche s’est installée sans complexe sur ce confortable fromage.
Mais bien mal acquis ne profite jamais. En méprisant la moitié de leur public potentiel, les médias publics ont ouvert un large boulevard à une CNews qui s’y engouffre avec le succès d’audience que l’on connaît. Bolloré, qu’ils vomissent, devrait envoyer des fleurs aux grandes consciences du service public.
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