Poursuivi en Justice parce qu’il refuse la transition médicale de sa fille

En Suisse, une jeune fille de 13 ans a été placée en foyer et retirée à ses parents qui s'opposaient à sa transition.
David Glutz transition mineurs Suisse
capture d'écran avec l'autorisation de Femelliste

« J’ai été dénoncé à la Protection de la jeunesse pour mise en danger de la vie de mon enfant parce que je n’accepte pas qu’on lui administre des bloqueurs de puberté » : ce témoignage diffusé sur la chaîne YouTube Femelliste créée par Dora Moutot et Marguerite Stern, auteurs de Transmania, est celui d'un père qui risque de perdre l'autorité parentale sur son enfant. Ses craintes sont sérieuses : l'affaire se situe en Suisse, pays dans lequel, pour le même motif, les autorités ont déjà retiré à ses parents, pour la placer en foyer, une jeune fille de 13 ans. De quoi s'inquiéter pour la France, qui semble prendre le même chemin.

Signalé et accusé de maltraitante

David Glutz, 45 ans, est citoyen suisse. Sa fille, âgée aujourd'hui de 16 ans, est atteinte de handicap. Ses cheveux sont rasés, elle arbore une moustache et comprime sa poitrine sous un « binder », cette sorte de brassière en vogue chez les jeunes trans. À l'âge de 12 ans, elle entame des relations avec un groupe d'amis trans et, un beau jour, subitement, refuse d'aller à l'école. Pensant n'être pas « née dans le bon corps », l'adolescente pose ses conditions pour y retourner. Elle souhaite se faire appeler d'un prénom masculin, ce que l'infirmière scolaire et le doyen acceptent sans aucune difficulté. Elle est alors suivie par une équipe médicale qui recommande un traitement à base de bloqueurs de puberté, ce que David (qui vit séparé de la mère) refuse catégoriquement, opposé dès le départ à la transition de sa fille. Signalé aux services de protection de l'enfance et accusé de maltraitance, David est aujourd'hui poursuivi devant les tribunaux.

À l'origine de ce bras de fer avec les autorités judiciaires, la législation suisse qui autorise le changement de prénom et de genre à l'état civil aux mineurs de 16 ans, doublée d'une circulaire, dans le canton de Vaud où habite la fille de David, obligeant l'école à avaliser le choix du jeune, quitte à signaler les parents réfractaires. Une règle qui rappelle notre circulaire Blanquer de 2021 sur le questionnement de genre à l'école évoquée régulièrement dans ces colonnes...

Retrait de l'autorité parentale, une revendication militante

En France, par ailleurs, les militants de la cause trans se mobilisent pour que la loi prévoie le retrait de leur autorité à des parents qui s'opposeraient à la transition médicale de leur enfant. Si l'on en croit les fuites parues dans la presse, les recommandations de la Haute Autorité de santé, attendues cette fin de semestre, devraient les satisfaire :  serait ainsi recommandé « un signalement pouvant aller jusqu'à une délégation partielle d'autorité parentale voire, dans une situation extrême, une déchéance de l'autorité parentale ou une émancipation [des mineurs de 16 ans] en cas de mise en danger par non-respect de [l']identité de genre [du mineur] ».

Des inquiétudes « injustifiées »?

Pour le moment, et très concrètement, si Olivia Sarton, de l'association Les Juristes pour l'enfance, interrogée par BV, reconnaît  « n'avoir, pour l'instant, pas connu de médecins prenant le risque d'effectuer un parcours de transition sur un mineur qui n'aurait pas informé ses parents », les choses semblent un peu différentes lorsqu'il s'agit du changement de prénom d'un mineur. Ainsi, en août 2023, un tribunal judiciaire de la région parisienne, faisant droit à la demande d'une mère, ordonnait l'inscription d'un garçon de 11 ans sous un prénom de fille dans un établissement scolaire pour la rentrée. Les magistrats, ayant estimé les inquiétudes du père qui s'opposait à la transition sociale de son enfant « injustifiées », ordonnaient également la poursuite des traitements. Cette affaire rapportée par Olivia Sarton n'est pas close, appel ayant été interjeté. En l'espèce, et compte tenu du jeune âge de l'enfant, les juges n'ont pas eu à se prononcer sur la question d'administration de bloqueurs de puberté.

Un sujet qui n'inquiète pas outre mesure notre juriste. Selon son expertise,  « les parents qui s'opposeraient à la transition médicale de leur enfant disposent de solides arguments juridiques : on voit mal comment ceux qui en appelleraient à la plus élémentaire prudence au nom du bien de leur enfant seraient privés de leur autorité parentale, dès lors qu'ils sont bienveillants vis-à-vis de leur enfant et qu'ils lui proposent un autre type de soin, par exemple une prise en charge psychothérapeutique pour soulager sa détresse, s'il y a lieu ».

Des propos rassurants, car nombreux sont les parents qui, comme David Glutz, témoignent de l'emprise de groupes militants sur leurs enfants. L'histoire de sa fille est un exemple du genre : décrite à l'origine comme plutôt « isolée », elle a rapidement été prise en main et « mise sur un piédestal » par des associations qui ne cessent de l'encourager à poursuivre sa transition. Bien seul dans son combat, il témoigne de son écœurement de « l'absence de réactions juridiques et médicales » et pousse ce cri d'alarme : « D'ici 10 ou 15 ans, les jeunes vont se rendre compte de ce qui s'est passé ; ils auront été poussés à prendre des décisions irréversibles de mutilations sans retour en arrière possible. »

Picture of Sabine de Villeroché
Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

Vos commentaires

53 commentaires

  1. Et quand ces jeunes plus âgés regretteront leur geste où se suicideront, qui payera ? Il faudra attaquer ces associations de militants, la haute autorité de santé, cette justice qui n’en est plus une, …car là il n’y aura plus que les parents pour aider ou pleurer

  2. Je suis chaque jour un peu plus désabusé de voir que notre société s’écroule, le monde part en sucette pour rester poli… Mais où va t-on ? C’est un cauchemard. On vit en pleine science fiction. Le monde court à sa perte

  3. Hallucinant ! Placée en foyer pour la soustraire à l’autorité de ses parents !?
    C’est d’amour dont il s’agit pourtant ! Une petite fille de 13 ans et une opération irréversible.
    Ces malheureux parents lui ont certainement demandé d’attendre pour prendre une décision aussi capitale ?
    Que vont nous donner tous ces trop jeunes, quand il sera trop tard ?

  4. La décadence de l’Occident se poursuit. On imagine mal la même chose en Chine, en Russie ou en Turquie. Pas étonnant que la natalité soir en baisse si les parents n’ont plus l’autorité pour éduquer leurs enfants selon leurs valeurs, alors autant ne pas en faire.

  5. Une minorité de « personnes » ont un réel problème avec la société actuelle . Cette « ado » aurait du être suivie par un psy avant tout . Car , nous ne pouvons pas le nier , c’est bien dans la tête que ça se passe ,et pas ailleurs .Et aller a l’encontre de la décision du père qui a autorité sur son enfant est un scandale total. La société change , mais on ne peut pas dire quelle change dans le bon sens .

  6. On vie chez les fous. Certaines personnes, police en tête avec quelques politiciens et a raison prônent la responsabilité parentale mais avec quelle droits, il n’en reste qu’une peau de chagrins. C’est plus la joie de faire des enfants après ce sont les même qui se désolent de voir la baisse de la natalité. Y a comme un problème.

  7. 13 ans, un âge difficile pour tous les ados, ou presque : bien des parents peuvent en témoigner. Alors si des ados influençables (pléonasme ?) tombent sur des assos engagées dans le transgenrisme, forcément il y a problème

  8. il aura fait ce qu’il a pu ce brave homme! il aura la conscience tranquille! la faute retombera sur les hommes et femmes politiques! si un jour sa fille constate qu’il avait raison elle ne pourra pas lui en vouloir!
    mes enfants sont confrontés au même problème avec l’éducation sexuelle en maternelle pronée par une directrice très engagée dans ce processus qui mêne au transgenrime. Pauvre monde !

  9. Ces associations devraient être traduites en justice pour maltraitance. Comment un enfant de 11 ou 13 ans peut décider de ce qui est bon pour lui. Il commence sa crise d’adolescence, qui est difficile pour chaque enfant. Alors si même la Suisse s’y met.. Ecoeurée.

  10. Décidemment, la « modernité » est belle ( comme la Vie) …… Moi (euro-européen !) père de « huit-z-enfants » (authentique) divorcé … ( j’ai finalisé seul leur parcours éducatifs ) …. subitement ( en un mot comme en deux mots !) je me sent « femme » …. ET …. (bien évidemment ) franchement « lesbienne » (de la tendance « jeune, fraîche et blonde ») (comme jadis la précédente !) … DONC je peux « faire la transition » douce, sans médicaments, ni autres interventions Youpie ( car seul le ressenti déclaratif compte !) …. fort de ce (merveilleux) « droit » …. je peux donc fréquenter douches et vestiaires …… C’est pas « beau » la « modernité » ?

Laisser un commentaire

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L’extrême gauche est une gangrène qui tient les universités françaises
Gabrielle Cluzel sur CNews
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois