Le président du Conseil supérieur des programmes critique l’ayatollah Blanquer !
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Michel Lussault - vous savez, cet universitaire nommé à la tête du Conseil supérieur des programmes (CSP) par Najat Vallaud –Belkacem - doit se sentir sur un siège éjectable après les premières déclarations de Jean-Michel Blanquer. La meilleure défense, c’est l’attaque, dit-on : il a donc décidé de critiquer le ministre dans la presse régionale.
Il est vrai que, déjà en mai 2015, Jean-Michel Blanquer avait, dans un article pour l’agence Telos, jugé les nouveaux programmes du primaire "moins clairs et moins progressifs" que les précédents. Dans ceux du collège, il dénonçait une "novlangue ridicule", avec "des formules dignes d’un Trissotin des temps modernes".
Il évoquait aussi la grammaire, dont la priorité dans la maîtrise de la langue française était bafouée. Et l’histoire, dont des périodes entières disparaissaient – source d’un débat qui contraignit Najat Vallaud-Belkacem à demander au CSP de revoir sa copie. Plus généralement, Jean-Michel Blanquer évoquait "ce putsch pédagogique réalisé par un Frankenstein institutionnel échappant à ses créateurs".
Michel Lussault aurait dû trouver que le nouveau ministre a fait preuve, ces jours-ci, d’une grande courtoisie en ne soulignant pas davantage sa responsabilité : avec de multiples précautions oratoires, il a annoncé ce que les médias appellent le "détricotage" de la réforme du collège. Mais non ! Il a osé mettre en cause l’œuvre du patron du CSP. Quel crime abominable ! Quel ayatollah ! Sus au mécréant !
Dans son entretien, il fustige l’approche "dogmatique" du ministre, dont le "message est destiné à une clientèle" : il est vrai qu’en matière de clientèle, il s’y connaît, lui que soutenaient tous les défenseurs des vieilles lunes pédagogistes. "Est-ce pragmatique, ajoute-t-il, de ne pas évaluer les programmes existants avant de les modifier ? Non, c’est dogmatique" : il oublie qu’il a lui-même modifié les anciens programmes sans aucune évaluation préalable.
Il reproche à Jean-Michel Blanquer de se comporter "comme un ministre “omnicompétent”, alors qu’à l’inverse, les programmes mis en œuvre en 2016 ont été élaborés après deux ans de consultation d’une centaine de personnes". Parlons-en, de cette consultation bidon où l’on choisit ses interlocuteurs, dont les conclusions sont arrêtées d’avance ! Rien de plus dogmatique ni de plus susceptible que ces prétendus pédagogues, dont la pensée est dictée par des préjugés idéologiques !
Le président du CSP lui reproche aussi sa remise en cause de "la notion de cycle", sous prétexte qu’il veut fixer des repères pour chaque classe. Ou de faire du CP "une classe couperet", parce que les élèves devraient y apprendre à bien lire et à comprendre ce qu’ils lisent. À propos de la littérature, il déplore le passéisme du ministre : "Nous avions voulu sortir du Lagarde et Michard. Il revient à la chronologie…" Ceux qui ont utilisé ces manuels – il en existait même pour le collège – apprécieront.
Les sciences cognitives, auxquelles se réfère souvent Jean-Michel Blanquer, ne trouvent pas grâce à ses yeux : ce ne sont que "le cache-sexe de décisions politiques". Lui préfère, apparemment, se montrer tout nu, voilé du seul étendard de ses certitudes.
Comme on lui demande si, compte tenu de ses divergences avec le ministre, il va rester longtemps président du CSP, il répond : "Je ne répondrai pas à cette question aujourd’hui, mais sûrement bientôt." Il sait que son sort est scellé, mais il se croit indispensable, il veut apparaître comme une victime. Une illusion de plus ! Bon voyage, cher Monsieur Lussault ! Et, surtout, ne revenez jamais!
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