Présidentielle : Anne Hidalgo, porte-drapeau de la gauche et de l’écologie ?

3426-7eme-edition-des-24h-velib-sur-les-champs-elysees_5808297

Anne Hidalgo n'a pas seulement en commun avec Manuel Valls d'être franco-espagnole, elle rêve aussi d'accéder à l'Élysée. Elle n'est pas officiellement candidate, mais elle ne dit pas non : elle y réfléchit et s'y prépare. Après tout, Chirac est bien passé par la mairie de Paris avant d'être élu président de la République ! Le journal Libération du 13 août nous apprend qu'Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste, vient de lui donner un coup de pouce. Dans la motion qu'il soumettra aux militants, lors du congrès qui se tiendra à Villeurbanne en septembre, il appelle Anne Hidalgo à se présenter.

Le texte de sa motion est sans ambiguïté : « Il nous revient […] de soutenir une candidature issue de notre famille politique […]. Les militants auront à se prononcer ; nous proposons aujourd’hui que ce soit celle d’Anne Hidalgo avec l’ambition qu’elle devienne la candidature de la gauche et de l'écologie. » Olivier Faure était déjà persuadé que le salut de son parti, en 2022, reposait sur une alliance avec les écologistes. Après le succès relatif des socialistes aux régionales, il estime qu'elle doit se faire sous la bannière du PS, avec Anne Hidalgo pour porte-drapeau.

Cette annonce, loin de confirmer les premiers mots de sa motion, « De la renaissance à l’alternance en 2022 : les socialistes force motrice de la gauche », illustre plutôt l'état de décomposition de la gauche et son incapacité à dénicher un candidat crédible. Certes, Anne Hidalgo dirige la capitale dans une coalition de gauche, mais Paris n'est pas la France et les combinaisons politiciennes, possibles à l'échelle d'une ville, sont plus difficiles à l'échelle d'un pays, même si elle réunit autour d'elle plusieurs élus socialistes, de Martine Aubry à François Rebsamen, en passant par Carole Delga.

On voit mal le Parti communiste, qui a déjà son candidat, ou les Verts, qui doivent désigner le leur dans une primaire, se rallier, dès le premier tour, à une candidate socialiste. On ne peut compter sur les Insoumis pour la soutenir. À l'intérieur du Parti socialiste lui-même, il y aura nécessairement des dissidents qui jugeront qu'on ne fait pas du neuf avec de l'ancien ou n'accepteront pas qu'une motion, fût-elle majoritaire, remplace une primaire. Une belle pagaille en perspective qui risque fort de réduire à néant les ambitions unitaires d'Olivier Faure.

Il faut être dans une grande pénurie de personnalités pour n'avoir rien d'autre qu'Anne Hidalgo à se mettre sous la dent. À supposer que les bobos parisiens lui apportent majoritairement leurs suffrages, ce qui n'est pas acquis, on voit mal comment les provinciaux pourraient faire confiance à une parvenue de la politique, qui a grenouillé dans des cabinets ministériels avant d'être élue maire de Paris, en 2014, sans même être majoritaire dans son arrondissement. Elle représente le socialisme dans ce qu'il a de plus contestable et son rayonnement est bien limité. Sa notoriété procède surtout de sa politique anti-voiture, de son inertie face aux camps de migrants et de la saleté des rues parisiennes, qui ne sont pas spécialement des titres de gloire.

Anne Hidalgo, si elle devait être choisie, ne susciterait sans doute pas beaucoup d'enthousiasme au-delà de la sphère parisienne. Olivier Faure veut proposer « un projet qui porte nos valeurs et les combats qui nous identifient et nous rendent utiles au pays ». Cela fait bien longtemps que le PS a perdu ses valeurs et son identité ! Peu probable que ses derniers électeurs les retrouvent dans cette candidate par défaut. Apparemment, Olivier Faure se trompe de casting.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois