Présidentielle biélorusse : la dernière danse du despote ?
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La Biélorussie, pays slave de 9 millions habitants, encastrée entre la Pologne, la Lettonie, la Lituanie, l’Ukraine et la Russie, est le nouveau point chaud de l’Europe depuis quelques semaines. Dimanche dernier, ses habitants étaient invités à participer à l’élection présidentielle dans un contexte politique tendu.
Sans grande surprise, le président actuel, Alexandre Loukachenko, a été réélu avec plus de 80 % des voix dès le premier tour. C’est quasiment le même score qu’il réalise lors de chaque élection présidentielle depuis 1994. Durant ces 26 années, Alexandre Loukachenko a mis en place un régime présidentiel et il contrôle fermement les rouages de la jeune république qu’il a façonnée sur les décombres de l’URSS. Alexandre Loukachenko décrit sans ambages ses méthodes comme « autoritaires » et se retrouve régulièrement accusé de censure par son opposition. La principale opposante politique au président actuel est Svetlana Tikhanovskaïa, dont le mari, opposant également, est actuellement en prison. La veille de l’élection, son chef de campagne et neuf de ses collaborateurs ont tous été arrêtés, explique France Info. À l’annonce des résultats, elle a fui pour la Lituanie. Avec Milo Đukanović, au Monténégro, Alexandre Loukachenko est clairement l’un des derniers dictateurs d’Europe.
Si la réélection de Loukachenko ne fut pas une surprise, la motivation de l’opposition tout au long de la campagne aura été une véritable nouveauté. Celle-ci est mieux organisée et surtout plus nombreuse. Elle a condamné des élections « truquées » et a annoncé qu’elle ne cesserait de manifester jusqu’à ce que Loukachenko organise de nouvelles élections sans entraves. Des milliers de personnes manifestent quotidiennement et il y a déjà eu un mort depuis dimanche, lors d’affrontements avec la police.
Loukachenko a un autre problème. La Biélorussie a signé deux traités qui doivent progressivement la mener à une fusion avec la Fédération de Russie. L’homme fort de Minsk traîne dans la mise en œuvre de ces traités et a même esquissé un bras de fer avec Moscou. Non seulement il a froissé le voisin russe, mais il a exprimé dernièrement des velléités de se rapprocher du camp atlantiste et a reçu en grande pompe le secrétaire d’État américain Mike Pompeo, en février dernier. Washington n’aime pas Loukachenko mais se sert de lui pour rompre le lien avec le frère russe.
En jouant sur les deux tableaux, Loukachenko a perdu la confiance de Moscou tout en faisant rentrer le loup atlantiste dans la bergerie. Ce dernier se fait un malin plaisir de promettre un avenir européen à Loukachenko, tout en soutenant son opposition. À se croire tout-puissant, Loukachenko s’est glissé tout seul, comme un grand, entre le marteau et l’enclume.
En muselant son opposition et en initiant un double jeu diplomatique, Loukachenko a sérieusement fragilisé sa position et commence bien mal son nouveau mandat. Malgré un quart de siècle d’expérience, il pourrait finir par connaître le même sort que Napoléon sur l’une des rivières les plus connues de son pays : la Bérézina.
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