Présidentielle : Valérie Pécresse confie sa communication à une hydre à sept têtes

geoffroy didier

À la veille du 1er de l’An, d’un coup de baguette, Valérie Pécresse a fait surgir des entrailles de LR une hydre à sept têtes. Magique. La candidate à l’Élysée a choisi pas moins de six porte-parole pour se démultiplier dans tous les médias, à tous moments. Six communicants tous placés sous la houlette d’un septième, le député européen Geoffroy Didier. Cette nouvelle escouade des « voix » de Valérie Pécresse aligne donc, dès ce 29 décembre, Florence Portelli, maire de Taverny et vice-présidente de la région Île-de-France, Othman Nasrou, conseiller municipal d’opposition à Trappes et lui aussi vice-président de la région, Aurélien Pradié, proche du président de LR Christian Jacob, Agnès Evren, députée au Parlement européen et élue aux côtés de Rachida Dati au Conseil de Paris, Christelle Morançais, présidente de la région Pays de la Loire et le jeune Guilhem Carayon, 22 ans, président des jeunes LR depuis le mois d’avril.

De quoi honorer toutes les invitations des quatre chaînes d’information françaises, des grandes chaînes historiques, des radios, journaux et médias en ligne, autant d’acteurs qui entrent dans la dernière ligne droite de cette élection décisive pour l’avenir de la France. Au passage, la nouvelle hydre communicante de Valérie Pécresse permet de donner à chaque tendance au sein de LR un os à ronger et un espoir de peser dans la campagne. Objectif : balayer dans les coins pour rassembler un électorat LR plus disparate qu’on ne le croit, mordre un peu chez Zemmour ou Le Pen, un peu chez Macron pour décrocher un accès au second tour qui se jouera autour de la barre des 20 % des suffrages exprimés.

Sur le papier, ce râteau à sept branches parfaitement calibré pour respecter la sacro-sainte parité homme-femme, l’exigence de jeunesse (la moyenne d’âge des six communicants s’établit à 38 ans) et surtout la représentativité des courants internes coche toutes les cases. Sauf que l’opération sent justement très fort la vieille politique de distribution des postes, les tractations en douce, la sueur dépensée pour satisfaire les baronnies internes, les coups de téléphone furieux et les pressions faussement gentilles - en un mot le calcul politique. C’est la rançon des primaires : elles ont étalé les différences, charge au candidat désigné de jouer la synthèse comme Mitterrand ou Hollande au temps où le PS existait encore. Cela occupe la candidate et exige d’elle un sens de la manœuvre politicienne, mais ce petit jeu handicape la simplicité et la force du discours.

Ce choix qui n’en est justement pas un semble assez révélateur de la personnalité de Valérie Pécresse. La présidente de la région Île-de-France n’a pas les qualités oratoires et de leadership de ses voisins de droite, Le Pen et Zemmour, ni de son voisin de gauche, Emmanuel Macron. En s’appuyant sur cette hydre à sept têtes, elle espère compenser ce handicap par l’omniprésence d’une équipe de choc. Tant pis si cette stratégie la place face au défi de la cacophonie. Agnès Evren, proche de Baroin, parlera-t-elle de la même voix que Christelle Morançais, proche de Bruno Retailleau, ou que Guilhem Carayon, qui se revendique de la droite décomplexée et lâchait à Valeurs actuelles, en octobre dernier, que « Zemmour aime la France mais ne connaît pas les Français » ?

Il est vrai que l’hydre communicante de Valérie Pécresse n’aura pas trop de ses sept têtes pour convaincre les Français. Pour les persuader que la droite LR fera demain ce qu’elle n’a pas fait hier, notamment sur l’immigration, et que Valérie Pécresse fera au plan national ce qu’elle n’a pas fait à l’échelle de sa région. Zemmour et Le Pen ne se priveront sans doute pas de fouiller dans la gestion et le bilan de la présidente de l’Île-de-France et sauront mettre en valeur les évolutions d’une personnalité plus souple que convaincue. Ils ne seront pas trop de sept pour soutenir celle qui reste dans les sondages une bonne candidate de second tour face à Macron mais qui ne parvient pas, jusqu’ici, à distancer vraiment Le Pen et Zemmour, sans parler de Macron. Tous trois sont mobilisés pour puiser dans son électorat les quelques points indispensables à l'accès au deuxième tour. Le match promet d’être sévère.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

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