Présidentielles et Éducation : Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière)
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L’ensemble du programme présenté par Nathalie Arthaud pour Lutte ouvrière est si simple qu’il peut se résumer par ces deux phrases figurant sur le site de campagne sous l’onglet « Éducation », « Participation au forum de l’Alternative Éducative, par le Syndicat Général des Lycéens » : "Certains ont été surpris que nous ne déballions pas un programme de gouvernement, contrairement à tous les autres. En effet, nous sommes des révolutionnaires, notre objectif est que les salariés, les classes populaires mobilisés, prennent eux-mêmes leurs affaires en main, décident de tout que ce soit dans l’économie ou dans les affaires publiques."
Occultons les quelques fautes de ponctuation et maladresses d’expression de cet extrait pour nous concentrer sur l’essentiel : effectivement, le programme éducatif de Nathalie Arthaud est inexistant ! Il se résume à trois petits paragraphes de constats négatifs à charge pour les trois derniers présidents de la République, et fouette, cocher ! Bref, si l’on comprend bien la logique de Lutte ouvrière, une fois Mme Arthaud président de la République, cette dernière et ses comparses renverseront la table et laisseront chaque citoyen se servir comme il l’entend : cette perspective présage de beaux jours de paix et d’harmonie sur notre belle terre de France ouverte à tous les vents…
Pouvons-nous malgré tout percevoir en contre-chant un début de proposition lorsqu’on lit : "Toute une partie des élèves de familles populaires ne peuvent acquérir au début de l’école primaire les bases nécessaires […] et les enseignants sont bien incapables d’y remédier, faute de moyens pour travailler en petit groupe ou individuellement" ? Quelles sont ces "bases nécessaires" ? Quels "moyens" pourrait-on donner aux enseignants pour permettre aux élèves de travailler en petits groupes ou individuellement ? Ou encore doit-on comprendre que Mme Arthaud souhaite supprimer les redoublements et permettre aux élèves d’arrêter l’école avant seize ans lorsqu’elle déclare : "Ces élèves poursuivent une scolarité chaotique émaillée de quelques redoublements, au moins jusqu’à leurs 16 ans, qui sonnent la fin de la scolarité obligatoire" ?
Pour finir, pouvons-nous avoir confiance en un tel projet ? Le troisième bref paragraphe de cette présentation lapidaire de programme éducatif – était-il encore utile de lui consacrer un onglet lorsque l’on déclare soi-même que l’on ne propose aucun programme ? – nous incite à répondre à cette question par la négative à cause de l’approximation troublante d’une phrase frappée, semble-t-il, d’une coquille ainsi que d’une anacoluthe : "Pour que cela change, il faudrait consacrer l’agent public à l’éducation au lieu de la distribuer, à perte, au grand patronat." Ne fallait-il pas écrire plutôt : "Pour que cela change, il faudrait consacrer l’argent public à l’éducation au lieu de le distribuer, à perte, au grand patronat" ? À moins que Mme Arthaud ne veuille dire que les agents de l’État ne doivent être consacrés qu’à l’Éducation – les soldats, les infirmiers, les policiers, etc., devraient donc tous devenir des agents privés –, tandis que l’Éducation ne devrait plus être considérée comme généreusement distribuée au grand patronat qui ne saurait pas tirer suffisamment profit de cette ressource que sont, par exemple, les stages en entreprise des collégiens ou l’alternance ?
Ne croyez-vous pas, Mme Arthaud, qu’un programme rigoureusement écrit, fût-il appelé à évoluer, vous permettrait d’éviter toute confusion dans l’exposé de vos idées ? Cela rendrait au moins votre combat plus efficace.
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