Présidentielles et Éducation : Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste)

« Cherchez et vous trouverez », nous dit le Christ en l’Évangile selon saint Matthieu (chapitre 7, verset 7), mais l’on a beau chercher des points positifs, des mesures concrètes et des chiffres pour appliquer le programme de Philippe Poutou, on reste les mains vides ! Le programme de ce candidat, certes atypique car non issu de l’ENA ou de Sciences Po - atout qui le rend sympathique et suscite l’intérêt -, n’est somme toute qu’une longue suite de récriminations et de dénonciations plus ou moins contestables, mêlée d’un optimisme béat si béant qu’il en devient dangereux.

Ce programme [PDF] est si ouvertement anti-tout qu’il en devient anti-français ; mais ce n’est pas en reniant nos propres compatriotes que nous recevrons mieux et plus dignement tous les étrangers auxquels ce programme souhaite donner le droit de vote indistinctement (p. 31). Ce que peut se permettre un poète comme Paul Fort ("Si tous les gars du monde voulaient s’donner la main") ou un comédien comme Jean Yanne ("Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" »), un candidat à la plus haute magistrature de France devrait à tout le moins le nuancer.

Quant à son programme éducatif, réduit à peau de chagrin, il énumère de vagues promesses de "pédagogies émancipatrices", d’"école gratuite" libérée de l’influence néfaste du patronat, "des moyens conséquents" (p. 13) sans ligne directrice fiable, précise, pragmatique : bref, de l’idéologie en barre, comme semble le confirmer la volonté de mettre en place "une éducation non sexiste" (p. 26) où l’on pourrait peut-être voir apparaître l’ombre inquiétante de la théorie du genre sous couvert de défendre le droit des femmes…

À force de vouloir condamner les uns et les autres de tous les maux, ce programme en oublie d’apporter des solutions précises et réalisables : comment, par exemple, la suppression de la Ve République (p. 36) sera-t-elle financée, surtout si l’on doit prévoir, dans le seul domaine de l’Éducation, des classes à 20 élèves seulement car, dixit le NPA, "on n’est pas des sardines" (p. 12) ? Mais il est vrai qu’à demi-mot, Philippe Poutou semble vouloir proposer la suppression pure et simple du collège pour le remplacer par "un accueil éducatif et ludique pour les élèves permettant d’apprendre, de jouer et de se reposer" (p. 13). Il n’est pas certain que cette méthode soit la meilleure pour inciter les élèves à fournir un certain nombre d’efforts afin d'obtenir certains résultats. Malheureusement, apprendre demande toujours, à un moment ou à un autre, de l’autodiscipline, action rarement agréable à laquelle un environnement ludique n’incite pas.

Pour finir, comment un programme aussi agressif, qui s’en prend au PS, à LR, au FN, à Jean-Luc Mélenchon, à Emmanuel Macron, à Lutte ouvrière, mais aussi aux capitalistes, aux bourgeois (quelle définition en donne-t-il, d’ailleurs, aujourd’hui ?) et aux policiers (entre autres catégories) permettra-t-il de rassembler suffisamment de Français pour que le pays vive dans la paix et l’harmonie que Philippe Poutou prétend défendre ? Non, M. Poutou, une vision aussi simpliste, réductrice et caricaturale de vos compatriotes ne pourra pas engendrer le climat sain, humain et heureux nécessaire à la bonne gouvernance de la France de demain.

Bertrand Dunouau
Bertrand Dunouau
Professeur certifié de Lettres Classiques

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