Presque vingt ans d’attente… Que vaut le dernier disque des Rolling Stones ?
4 minutes de lecture
Le dernier album des Rolling Stones, A Bigger Bang, remonte à 2005. Et depuis ? Rien, si ce n’est un disque de reprises de blues des plus brinquebalantes, Blue And Lonesome, sorti en 2016. Autant dire que leur nouvel opus, Hackney Diamonds, était plus qu’attendu ; même si la vérité oblige à dire que les fans n’en attendaient pas grand-chose.
HACKNEY DIAMONDS IS OUT NOW
Order and listen here: https://t.co/QO1wAhaqav
Which tracks have got you rocking now?!1. ANGRY
2. GET CLOSE
3. DEPENDING ON YOU
4. BITE MY HEAD OFF
5. WHOLE WIDE WORLD
6. DREAMY SKIES
7. MESS IT UP
8. LIVE BY THE SWORD
9. DRIVING ME TOO HARD… pic.twitter.com/fif54VO9Cl— The Rolling Stones (@RollingStones) October 20, 2023
Ils n’avaient pas tort. Déjà, la pochette, hideuse, comme si un stagiaire fou s’était énervé, une nuit durant, sur Photoshop pour aller jusqu’au bout de la laideur pixellisée. En dix-huit ans, il y avait sûrement moyen de trouver moins moche. Puis, les chansons, où ce qui en tient lieu ici. Non point qu’elles soient mauvaises, mais que de chansons il n’y a point, tout simplement.
Absence de distinction entre refrains et couplets
En effet, la tradition du genre, européenne en l’occurrence, veut qu’il y ait des couplets et un pont, un arpège, généralement, permettant d’aller au refrain. Georges Brassens le savait mieux que personne, les Beatles aussi, et même les Rolling Stones, en leur temps. Là, on n’entend que de vagues phrases musicales. Comme si l’orchestre de sir Mick Jagger s’était conformé à l’affaissement du niveau musical général.
Il est vrai que ce phénomène touche la musique depuis maintenant des décennies : suppression de ce fameux pont, pour commencer, et absence de distinction entre refrains et couplets, pour aboutir aux simples phrases musicales plus haut évoquées. Bref, rien qui ne puisse vraiment se mémoriser et se siffloter sous la douche. Que des célébrités se prenant pour des stars, telles Rihanna, Britney Spears ou Beyoncé, adoptent la vulgate du temps, rien que de très logique. Que les Rolling Stones suivent ce chemin l’est déjà nettement moins.
Certes, il y a les affres de la création et même les plus grands artistes ne peuvent rester indéfiniment au sommet. Paul McCartney, pour ne citer que lui, a livré tous ses chefs-d’œuvre avec les Beatles pour, ensuite, signer quelques ultimes tubes avec son groupe, les Wings, dans les années 70 du siècle dernier : Band on the Run (1973) ou Let ‘Em In (1976). Aujourd’hui, il continue d’emplir les stades, mais en interprétant ses succès de jadis. Et même persistant à composer de véritables chansons, au contraire des Rolling Stones, si le cœur y est toujours, le génie n’y est plus.
À cette règle, il y a néanmoins quelques exceptions. Francis Cabrel, chez nous, dont chaque album est généralement plus somptueux que le précédent. Eric Clapton qui, même condamné à jouer sur scène ses classiques d’avant, sort encore, dans l’indifférence générale, des albums de très haute tenue, tel I Still Do (2016), avec des pépites telles que « Spiral » ou « Catch the Blues ». Sans oublier le défunt David Bowie qui, toujours, aura tenté de se réinventer, jusqu’à son album Blackstar publié post-mortem en 2015, en ne cédant jamais à la facilité, même à l’article de la mort.
Leurs chansons auront rythmé nos vies
Alors, les Rolling Stones ? Bien sûr que l’auteur de ces lignes s’est rué acheter ce foutu Hackney Diamonds le jour de sa sortie, tout en sachant que la déception serait une fois encore au rendez-vous. Pourquoi ? Tout simplement parce que malgré tout, en plus de six décennies de carrière, leurs chansons auront rythmé nos vies. Qu’on aura eu les yeux mouillés à l’écoute de Lady Jane (1966), cru à la révolution (de gauche comme de droite) avec Street Fighting Man (1968), pris un râteau adolescent sur Angie (1973), le slow pourtant conçu pour emballer, et même tortillé du popotin sur le très disco Miss You (1978).
Alors, rien que pour ça, on pardonnera aux deux derniers survivants, Mick Jagger et Keith Richard (Ron Wood n’étant que pièce rapportée), de persister. En attendant leur prochaine tournée, alors qu’ils auront passé les 80 balais. Car, riches à millions, ce n’est pas pour l’argent qu’ils le font. Mais pour la passion. Voilà qui peut forcer l’admiration, malgré ce disque dont l’achat est hautement dispensable.
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12 commentaires
Pour les Stones, j’en suis resté à Get Yer Yaya’s out et let it bleed? Se sont pour moi les 2 meilleurs albums.
Dans Rocks off il y a un couplet et un refrain ? depuis 1968 ils se sont affranchi de la structure classique et des mélodies qui constituent la première partie de leur carrière, le coup de la pochette laide c’était en 1983 avec undercover….continuez à écouter de la variété … les stones c’est tout sauf ça….écoutez quand même whole wide world , vous y trouverez ces fameux couplets, aller sans rancune, ce n’est pas facile de faire la critique d’un disque des stones, tous ont plus ou moins été critiqué à leur sortie, même ceux de la période 1968 à 72
Ils sont toujours là ! depuis Satisfaction , ils ont beaucoup donné et on ne peut pas leur en vouloir si la qualité baisse , l ‘ âge n ‘y est sans doute pas rien ; mais les Stones sont mythiques et traversent toutes les époques , je ne dirais pas … ..sans perdre une ride !
Pour faire un peu d’humour disons qu’il n’y a que l’âge de la femme de Mick Jaeger qui ne change pas.
J’aime beaucoup les stones mais je pense qu’à un moment, il faut décrocher sinon cela fait un peu dinosaure!
A mesure qu’ont disparus les vrais grands auteurs et compositeurs modestes mais efficaces, le genre chanson s’est affaibli. Il y a de nos jours une prétention à vouloir « faire soi-même » équipé d’une boite à rhytme et de quelques effets spéciaux. C’est souvent banal, simpliste… Reste quelques chnateurs et chanteuses… Il y a peu encore , il a existé « en même temps » des dizaines ( centaine ? ) d’artistes qui chantaient des chansons que l’on retenait facilement . Trenet, Brel, Brassens, Barbara, Nicoletta, Nougaro, Adamo, Perret, Eddy, Johnny, Sylvie, Dassin, Dalida, Sardou, Lavilliers, M. Laforêt, Souchon, Fugain, P. Kaas, Duteil , Cabrel, Clerc etc les écrire tous serait… très long. Les Stones sont maintenant une marque. Ils ont cette fois ci fait appel a de nombreux « invités » . Et ça fonctionne ( pour la vente ).
Bon nombre de publicités diffusées à la TV ont pour fond musical des chansons ou musiques vieilles de plus de 40 ans. On relèvera l’absurdité de cette marque de céréales pour petit déjeuner qui, reprenant « ça plane pour moi » de Plastic Bertrand, a supprimé le mot « whisky » de l’extrait utilisé !
A croire que les 40 dernières années de création musicale n’ont rien produit de suffisamment enthousiasmant pour faire vibrer jusqu’au plus jeune public reprenant avec joie les « vieilleries » de Gilbert Montagné, Michel Sardou ou Patrick Hernandez…
J’ai tout écouté en détail. Ce groupe est une énigme pour moi. Je mets les titres qui me plaisent sur une compil double CD.
Ça console un peu de savoir que l’on est pas le seul à avoir pris un râteau sur Angie (perso, avec tous les miens, j’aurais pu ouvrir un Jardiland).
En effet on ne s’attendait pas à grand chose. Mais bon , on peut toujours se rabattre sur leurs » galettes « . d’antan . De toute façon depuis le COVID il y a comme un manque d’inspiration chez les artistes . Je vais réecouté « wild Horses » et du bon vieux rock comme « Down the road a piece » dans lequel ils excellent .
Il n’y a pas que Cabrel (et son superbe dernier « morceau de cicre ») à se bonifier en vieilissant. D’ailleurs, Cabrel ne vieillit pas. Probablement glissé au fond d’une faille spatio-temporelle… Mais les Le Foresier ou même Neil Young n’ont jamais été aussi bons que depuis leur quasi anonymat. Comme quoi la qualité n’est guère dans l’air du temps.
Après l’achat de « Steel wheels » que j’ai considéré comme une perte sèche, j’ai juré que les Pierres ne me rouleraient plus.
Dommage mais nous leur pardonnons en souvenir du bon vieux temps et c’est toujours mieux que le rap.
Vous évoquez le Retour Au Pays .