Prisca Thevenot et Emmanuel Grégoire, recasés à Radio France et France TV

Capture écran BFMTV
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On fait ce qu’on peut… À défaut de « réduire le nombre de chaînes de l’audiovisuel public », un des points du programme de Macron en 2017, le pouvoir y envoie pantoufler des proches ou des alliés. Ainsi, Prisca Thevenot, l’ancienne porte-parole du gouvernement époque Attal, devient-elle administratrice de Radio France. De son côté, le député PS Emmanuel Grégoire, ancien adjoint d’Anne Hidalgo à Paris, intègre le conseil d’administration de France Télévisions, dont la dotation annuelle pèse pour trois milliards d’euros sur le budget de la France. Deux postes rémunérés.

L’opération est à la fois subtile et révélatrice. Car les règles sont anciennes et grossièrement respectées. Prisca Thevenot, réélue députée Ensemble pour la République, remplace au conseil d’administration de Radio France un autre député. Un siège d’administrateur est en effet traditionnellement dévolu à un député et un autre à un sénateur.

Pour autant, le choix de Prisca Thevenot a de quoi étonner. Contrairement à son prédécesseur à Radio France, Jérémie Patrier-Leitus, élu Horizons, fils de journaliste, impliqué dans les homériques États généraux de l’information et auteur d’une proposition de loi sur la confiance dans les médias - il connaît donc le secteur -, Prisca Thevenot fait l’objet d’un parachutage en beauté. L’ancienne secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et du Service national universel dans le gouvernement d’Élisabeth Borne fut neuf mois porte-parole du gouvernement Attal : rien à voir avec la conduite stratégique de la maison ronde, qui emploie près de 4.000 journalistes. C’est donc un fait du prince sans vergogne et sans précédent. Comme d’habitude dans la sphère publique, le pouvoir macroniste fait comme chez lui, s’installe dans le salon, commande un whisky et fait entrer le petit personnel en attente de recasage. Les élus du personnel de Radio France avaleront-ils la pilule sans protester ? Pas sûr !

La Macronie s'en moque

La propulsion simultanée d’Emmanuel Grégoire au conseil d’administration de France Télévisions est du même tonneau. Ce socialiste, ancien premier adjoint d’Anne Hidalgo avec qui il s’est brouillé, s’était chargé des ressources humaines, des services publics et de la modernisation de l'administration, puis du budget et de la transformation des politiques publiques à la mairie de Paris. Pas grand-chose à voir avec la télévision, sauf à considérer France Télé comme une lourde administration publique à moderniser. Seul point commun, l'ampleur des dettes respectives de France Télé et de la mairie de Paris. Surtout, ce poste d’administrateur de France Télé représentant l’Assemblée est traditionnellement dévolu au président de la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale, actuellement la députée socialiste Fatiha Keloua Hachi. Ce qui a sa logique. Emmanuel Grégoire enjambe allègrement tout cela. Mais, là aussi, que diront les élus du personnel ? En 2022, l'arrivée au conseil de France TV de la patronne du groupe Renaissance à l'Assemblée, la fameuse Aurore Bergé, avait soulevé la colère des syndicats, furieux de cette reprise en main présidentielle.

La Macronie le sait et s’en moque. Les parachutages de Prisca Thevenot et Emmanuel Grégoire sont révélateurs d’une gauche minoritaire, plus mobilisée par les services à rendre aux copains que par le bien de ces entreprises, de leurs salariés et des Français qui les financent. Une coterie parisienne toujours partante pour grignoter les fromages de la République sans cesser de donner des leçons et d’alerter contre la menace de « l’extrême droite » sur les médias.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

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