La prison ou l’asile politique, les seuls choix qui me sont donnés

Pour ceux qui ne connaissent pas ma situation : alors que j'étais fonctionnaire de police à Lyon, j'ai été dénoncé en septembre 2014 par une de mes collègues de travail à ma hiérarchie pour avoir publié anonymement sur le réseau social Facebook des textes vilipendant vertement les islamistes au lendemain de l'enlèvement et de l'assassinat de notre compatriote Hervé Gourdel en Algérie.

Ma hiérarchie m'a renvoyé devant un conseil de discipline et a saisi la justice. Renvoyé devant le tribunal correctionnel par le procureur de la République, j'ai été condamné à 5.000 euros d'amende. Ce dernier estimant que la peine était insuffisante à fait appel de la décision et la cour d'appel m'a condamné à 200 jours-amende à 25 euros.

Parallèlement, j'ai été suspendu provisoirement de mes fonctions sans traitement. J'ai décidé de dénoncer cette situation et de me départir de mon obligation de réserve pour témoigner de ce que nombre de policiers subissent au quotidien.

Cela m'a valu une deuxième procédure disciplinaire aboutissant à ma révocation.

Ayant fait un pourvoi en cassation, je viens de me voir notifier sa non-admission. Par conséquent, la décision de la cour d'appel devient définitive, et à cette heure où je dispose à peine de moyens me permettant de survivre, la sanction est imparable : m'acquitter de 5.000 euros en une fois, somme qu'il m'est impossible de réunir, ou séjourner 200 jours en prison.

Au-delà de la certitude qui est la mienne quant à la manière dont sont traités les anciens policiers dans les établissements pénitentiaires, je n'imagine pas un instant séjourner en prison pour une infraction liée à la critique de l'islam ou des islamistes dans un pays qui se targue à chaque occasion d'être celui des droits de l'homme.

Ainsi, je me vois contraint de solliciter, sans garantie aucune de l'obtenir, l'asile politique à l'étranger, en l'occurrence la Suisse dans un premier temps, afin de ne pas me retrouver derrière les barreaux.

En effet, renseignements pris à ce sujet, il est impossible de solliciter un délai ou un étalement du paiement des jours-amende prononcés par une juridiction pénale.

Cet aboutissement du processus de mise à mort sociale dont j'ai été l'objet (j'ai volontairement été le plus synthétique possible dans la narration de ce que je vis depuis 2014) m'oblige donc à laisser derrière moi le peu qu'il me reste, dans l'espoir de le retrouver un jour.

Certains mal informés ont suggéré de lancer une souscription publique afin de me permettre de m'acquitter de l'amende qui m'a été infligée : je rappelle donc que cela constituerait un délit passible de six mois d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende.

Je ne considère pas ma démarche comme celle d'un délinquant qui choisit la cavale (loin de moi cette idée), il s'agit pour moi de solliciter l'aide d'une démocratie étrangère face à ce qu'il convient de considérer comme une pratique liberticide indigne de notre pays.

Être condamné pour s'être exprimé sur les réseaux sociaux est une chose. Être privé de liberté pour ce genre d'infraction en est une autre. Jamais je ne pourrai m'y résigner.

Sébastien Jallamion
Sébastien Jallamion
Ancien Policier, Président de l’Association Nationale de Défense Egalitaire de la Liberté d’Expression (ANDELE), membre du SIEL

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