Procès chez Les Républicains : la farce tranquille !

Après la chevauchée des Walkyries, la ballade des Dalton. En effet, depuis l’extravagant épisode de la lutte fratricide de François Collon et Jean-François Fipé pour la présidence de l’UMP, le feuilleton s’éternise chez nos amis Républicains. Mais, à l’instar de toute bonne série télévisée se respectant un tant soit peu, le feu d’artifice final est de mise. Une fois de plus, les artistes n’ont pas déçu leur public. Ces gens-là connaissent leur métier.

Là, il s’agissait d’exclure cinq récalcitrants : Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, Thierry Solère, Franck Riester et le chef du gang, Édouard Philippe ; lesquels se sont déjà un peu démissionnés tout seuls, puisque ayant rejoint la boutique des Soprano d’en face ; elle aussi républicaine, mais en marche, ce qui change tout. Édouard Philippe, le dernier d’entre eux, ne faisait pas partie de la tournée, en sa qualité de Premier ministre. Les quatre autres ? Dessoudés. Mais à balles à blanc.

Ainsi, à l’approche d’Halloween, seule une petite cinquantaine de Républicains assistait à la mise à mort alors qu’il en fallait exactement soixante-trois, quorum requis afin que l’auguste assemblée puisse ressembler à quelque chose de représentatif. Le bannissement définitif devrait donc être remis à mardi prochain, en admettant toutefois que tout le monde soit de la sauterie. Alain Juppé, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, François Baroin devraient persister à sécher cette "formidable adaptation du Dîner de cons", pour reprendre les termes de la très facétieuse Rachida Dati. Tout comme Dominique Bussereau et Jean-Pierre Raffarin qui, non contents d’avoir boudé le procès en question, ont apporté leur soutien aux exclus, parmi lesquels Thierry Solère qui ne se prive pas de dénoncer "une farce". Le terme est sûrement très exagéré.

"Farce" qui ne semble pas être au goût du revenant Alain Lamassoure, ancien ministre chiraquien délégué aux Affaires européennes, qui vient de claquer la porte des Républicains en ces termes : "LR craint-il l’échec du gouvernement ou sa réussite ? […] Aujourd’hui, je quitte LR parce que je souhaite la réussite du redressement de la France et de l’Europe engagé depuis le printemps." Et le même de rappeler qu’Édouard Philippe est "devenu Premier ministre, avec une feuille de route largement inspirée par le programme de LR et soutenue aujourd’hui par les deux tiers de ses sympathisants". Nous y voilà.

"Il faut rassembler", assène inlassablement un Jean-Pierre Raffarin qui se verrait bien en grand parrain de cette turbulente famille. Mais « rassembler » sans toutefois « rassembler » ceux qui se « rassembleraient » volontiers avec les gens de Sens commun, lesquels ne seraient pas non plus contre un « rassemblement » avec Marion Maréchal-Le Pen. Bref, un « rassemblement » fondé sur l’exclusion de certains « rassembleurs ». Ce que néglige ce brillant penseur, au même titre que ses disciples, c’est que le « rassemblement » en question a déjà été effectué par un certain Emmanuel Macron, soit le « rassemblement » de toutes les forces de progrès, humanistes et européennes, allant des libéraux sociaux aux sociaux-démocrates en passant par tout l’arc-en-ciel républicain de la "couillemollitude".

Si l’on résume, ce qui est reproché aux cinq prévenus consiste seulement à avoir anticipé ce que souhaitaient leurs collègues des Républicains : soit rejoindre un gouvernement de centre gauche libéral pour enfin mettre en œuvre les mesures qu’eux, libéraux de centre droit, n’ont jamais eu le courage de conduire. Pour un éventuel « rassemblement » à venir, Laurent pourra toujours se « rassembler » avec Wauquiez. Cela semble être déjà bien parti.

La droite française est décidément un sujet d’émerveillement de tous les instants.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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