Prochaine candidate à la présidence de LR ? Rachida Dati se sent pousser des ailes !

La nature a décidément horreur du vide. Et celui qu’incarne Valérie Pécresse ne fait pas exception à la règle, à en croire l’entretien accordé à L’Obs par Rachida Dati, ce dimanche 20 mars. N’étant pas femme à arrondir les angles, l’ancien garde des Sceaux y va franco : « J’envisage de me présenter à la présidence de LR pour reconquérir les catégories populaires abandonnées par la droite. » Vaste programme.

Histoire de préparer le terrain, même si, élection présidentielle oblige, elle ne soutient officiellement ni n’attaque frontalement Valérie Pécresse, il y a néanmoins cette récente déclaration faite au Figaro, en forme de constat valant par ailleurs condamnation de la campagne menée par la candidate des Républicains : « Les Français doivent avoir le sentiment qu’elle “fera”. Il faut résister aux postures technocratiques. Or, l’alignement de propositions ne peut apparaître que comme une posture technocratique. L’élection présidentielle, c’est avant tout la rencontre d’un homme ou d’une femme avec le peuple français, pas avec une somme de propositions. » Ambiance.

Et Rachida Dati de tacler au passage Patrick Stefanini, directeur de campagne de Valérie Pécresse, sur France info : « Il ne me donne pas de leçon, je ne lui donne pas de leçon. Il faut quand même se rappeler qu’il a été condamné pour emplois fictifs. […] Qu’il reste à sa place. Quand il gagnera une campagne, il viendra me donner des leçons. » Atmosphère.

Si l’on y réfléchit de plus près, les ambitions de Rachida Dati ne sont pas si farfelues qu’il n’y paraît. En effet, Laurent Wauquiez, ancien patron des LR, démissionnaire en 2019, après le résultat calamiteux des élections européennes – François-Xavier Bellamy, son poulain, n’ayant totalisé que 8,48 % des suffrages –, a laissé la place à un Christian Jacob qui, après avoir vaille que vaille tenu la boutique, envisage lui aussi de rendre son tablier après les échéances présidentielle et législatives.

Son autre atout ? C’est évidemment le silence assourdissant de Nicolas Sarkozy, sorte d’imam caché de cette droite donnée pour être de gouvernement. Valérie Pécresse attend toujours son soutien. Emmanuel Macron le tient d’ores et déjà pour acquis. Mais il pourrait aussi arriver plus tard que prévu, en faveur de Rachida Dati.

Voilà pour la tactique. Reste ensuite à voir la stratégie. Manifestement, et ce, à l’instar d’Éric Zemmour, Rachida joue le coup d’après, misant sur une réélection d’Emmanuel Macron pour mieux redessiner, à son avantage, le paysage politique à venir. Mais ces deux-là ne campent-ils pas finalement sur les mêmes positions ? Soit laisser la frange centriste LR achever sa mue macronnienne, sorte de post-giscardisme visant au rassemblement des bourgeoisies « modérées », de gauche et de droite, pour ensuite mieux se disputer le reste du gâteau : celui de la fameuse « droite populaire », souvent évoquée, mais dont on voit bien qu’elle ne constitue pas, ou plus, un bloc électoral ; ce, d’autant plus que la majeure partie de ses bataillons a, depuis belle lurette, rallié le Rassemblement national.

Toujours à ce propos, Marine Le Pen annonce que cette troisième tentative présidentielle sera la dernière. Il est plausible de la croire sur parole. Reviendra-t-elle ensuite à la tête du mouvement légué par son père ? Rien ne le prouve ni même ne l’indique. D’ailleurs, elle a filé les clefs du camion au jeune Jordan Bardella, dont on voit bien que du rang de simple factotum par intérim, il est en train de prendre épaisseur et substance. Et qui d’autre que lui pour incarner, dans les prochaines années, cette même « droite populaire » ?

Certes, les visées de Rachida Dati ne sont pas à prendre à la légère et elle n’est pas la moins capée de son parti pour leur donner corps. Mais entre celles d’Éric Zemmour et de Jordan Bardella, la route est droite et la pente est forte, comme disait naguère Jean-Pierre Raffarin, indubitablement impayable dès lors qu’il se toque de jouer aux Grecs anciens. En d’autres termes, ce n’est pas gagné…

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

44 commentaires

  1. Si Mme Dati était à la tête de L.R., j’aurai hésité entre E Z et R. Dati, bien qu’avec L.R. j’ai été trompé plus d’une fois, déchirant ma carte…Quant aux électeurs(trices) du R.N., ils en ont pas marre de perdre au 2ème tour ? !! Jamais 2 sans 3. Pour une Offre neuve, s’ Ils et Elles sont français(e)s sans volonté de nuire, n’ayant rien à craindre de Reconquête, dans une U.E. recadrée et en développement…

  2. Que la ailes poussent à Madame Dati, pourquoi pas.
    Toutefois, qu’elle prenne bien garde à l’atterrissage, le terrain LR risque fort d’être laissé en jachère et sans tour de contrôle.

  3. C’est amusant de contempler une ancienne naufrageuse faire mine de renflouer sa propre épave.

  4. Le phagocyte macron a absorbé le parti socialiste et aujourd’hui il s’attaque avec succès l’absorption des peut qui reste des LR. J’espère que les électeurs vont enfin le comprendre.

    • Ceux qui ont déjà compris sont avec la Reconquête et les autres sont les bienvenus avant le 1ier tour

  5. Celà fait 40 ans (depuis 73-74) que je considère les RPR/UMP/LR comme un parti de centre-gauche. Il y a trop de macron-compatibles.
    Beaucoup trop de lois ou réformes décidées par ce parti étaient en fait des mesures gauchistes, voire collectivistes.
    La dernière expérience Sarko en est la preuve : nomination de DSK au FMI, demande de conseils à Attali; Kouchner aux Aff.Etrang. et BHL comme va-t-en-guerre.
    Pour qui roulait vraiment Sarko ???

  6. Les LR sont pratiquement mort et avec elle ils seront définitivement enterrés .
    Je suis content de les avoir quitté .

  7. Estrosi vient d’appeler les Niçois à une manifestation pro Macron, bien dans la ligne du soutien de Muselier et de sa délectation à célébrer des mariages homosexuels. Cela m’étonnerait que les Niçois apprécient.

  8. Nous avons cru en Sarkozy, mais il a largement contribué à la désaffection des Français envers la Démocratie en s’asseyant sur les résultats du referendum sur l’Europe lors du traité de Lisbonne et en réintégrant le commandement de l’OTAN. Ceci dit, il reste quelques LR « fréquentables » ( Wauquier, Bellamy, Ciotti, Retailleau, Rachida Dati, Nadine Morano …) et on les verra sortir aux législatives comme non inféodés à Macron.

  9. Belle analyse Nicolas. Quant à Dati qui veut se rapprocher des classes populaires, elle veut passer de maire du VIIeme à maire du XVeme ? Certes son origine est populaire et elle a de la famille en prison. Mais elle se croit vraiment crédible pour un tel projet. Si oui, et si elle était élue ou désignée pour cela, elle aurait le même problème de crédibilité que Pecresse par rapport à son programme !

  10. Pourquoi faire tant d’honneur à ce parti de menteurs et de traîtres en lui consacrant des articles ? Si RD, déçue par Pecresse et LR en général, souhaite vraiment changer de cap, qu’elle rejoigne EZ ou le RN au minimum ! Laissons de côté ce parti, nous savons tous qu’ils ne sont capables que de faire élire les socialistes.

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