Projet Périclès, France périphérique : les espoirs pour la droite et le RN

périclès

La droite et le RN peuvent, à juste titre, éprouver une réelle déception devant la confiscation du vote populaire de 11 millions de Français et de ces 33 puis 37 % qui ne débouchent sur aucune majorité, suivie par l'accaparement des postes à l'Assemblée par la gauche et la Macronie. L'entourloupe est si grossière qu'elle n'a pas échappé au commun des électeurs et il suffit de s'arrêter dans n'importe quel café de France, en cette fin juillet, pour entendre au détour des conversations ce syntagme récurrent des « 11 millions ». D'ailleurs, la présidente de l'Assemblée nationale, samedi soir, sans doute consciente des ravages dans l'opinion de cet ostracisme antidémocratique, a tenu à rassurer en déclarant qu'il n'était « pas normal » que le Rassemblement national ait été écarté du bureau et que sa voix « serait entendue ».

Mais droite et RN ont aussi quelques raisons d'espérer, plus solides que les paroles assez hypocrites de Mme Braun-Pivet.

D'abord, le fait que toute la presse de gauche, du Monde à L'Humanité, fasse sa une, ce week-end, sur le projet Périclès de l'homme d'affaires Pierre-Édouard Stérin. Au moment où gauche et Macronie triturent les institutions de la Ve République, voir la droite avancer sous l'étendard du grand homme de la démocratie athénienne a quelque chose de revigorant. Et l'acronyme l'est plus encore : PERICLES comme Patriotes, Enracinés, Résistants, Identitaires, Chrétiens, Libéraux, Européens, Souverainistes. L'éventail des droites déjà en cours d'union, des LR ciottistes à Reconquête et au RN. Les valeurs revendiquées sont celles de la droite libérale, conservatrice et identitaire, et les adversaires clairement désignés : hyper-étatisme, socialisme et assistanat, lois liberticides, wokisme, refus de la préférence nationale, islamisme, immigration incontrôlée. Ses auteurs ont identifié trois victoires indispensables pour mener à bien ce projet : la « victoire idéologique » et culturelle, encore nécessaire vu le poids de la gauche ; la victoire électorale, avec des projets de formation, de recrutement, d'école des cadres, notamment pour les municipales de 2026 ; la victoire politique, avec le souci de « construire une relation de confiance avec tous les leaders de la droite de demain pour les faire travailler ensemble en cas de victoire électorale », de « fournir une réserve d’hommes de pouvoir prêts à servir à tous les postes clés (cabinets, structures parapubliques, haute administration) ». Tout cela est déjà à l'œuvre, mais l'Histoire s'accélère et la révélation au grand public de ce projet d'avenir est une bonne chose pour continuer à éveiller des vocations et mobiliser des talents à tous les niveaux, depuis la haute fonction publique jusqu'aux communes rurales.

Justement, les prochaines échéances électorales - à moins d'une nouvelle dissolution dans un an, prévisible, et à laquelle droite et RN doivent se préparer - seront les municipales de 2026. Scrutin difficile pour la droite et le RN dans les grandes métropoles, bastions de gauche, mais plus accessibles dans les villes moyennes et la France rurale, terres d'espoir pour la droite et le RN. Le projet Périclès prévoit, d'ailleurs, de « former et faire gagner en 2026 environ 1.000 maires de petites et moyennes communes ». La situation politique de ces territoires est paradoxale : ils votent très majoritairement RN aux échéances nationales mais s'accommodent de maires de gauche. Cette distorsion n'a pas vocation à se pérenniser. Elle est exacerbée depuis les deux tours de ces législatives, comme le souligne une enquête du Monde intitulée « Le grand désarroi de maires ruraux, en première ligne face à la montée du RN ». Dans ces terres historiquement de gauche (Aude, Nièvre, Creuse, Dordogne, etc.), le basculement vers le RN est spectaculaire et destiné à s'amplifier. Curieusement, les édiles de gauche font toujours mine de ne pas comprendre les raisons de ce vote RN et l'attribuent à la propagande des médias Bolloré ! Ce déni de la gauche est un atout supplémentaire pour les victoires de demain. On n'ostracise pas Périclès impunément.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

60 commentaires

  1. La gauche veut le pouvoir. Plus elle brandit la « démocratie », plus elle l’ignore dans les faits. Elle sait qu’elle l’aura, ce pouvoir, peu importe la manière. Ce n’est pas encore tout à fait « son moment », mais ça vient. Et si ce moment est un peu « sportif », il n’en sera que meilleur. « Les Français » comprendront trop tard.

  2. La meilleure présentation du projet Pericles (Périclès, après Damoclès, ça fait beaucoup non ?), je l’ai trouvée sur le site de L’Huma le 19 juillet. Comme c’est un projet quasi gramsciste, les cocos le prennent plus au sérieux que les droitards au front bas. Mais L’Huma se trompe (enfin, j’espère) en titrant : « Projet Périclès : le document qui dit tout du plan de Pierre-Edouard Stérin pour installer le RN au pouvoir ». Car le programme du R.N. n’est pas très ragoûtant pour Stérin. Vous imaginez cet entrepreneur qui veut rassembler les chrétiens et les identitaires (ces dangereux païens), les souverainistes et les européens (?), les enracinés (somewhere) & les libéraux (anywhere), etc. ? C’est un sacré pari stratégique et intellectuel même si l’objectif est particulièrement avisé : faire monter d’ici 2026 des équipes susceptibles de l’emporter lors des municipales (ce qui par ricochets amènerait des élus conservateurs, vraiment, au Sénat). Le principal obstacle viendra du R.N. qui n’a pas la culture du compromis, mais bien celle de l’hégémonie à droite (songeons à Mégret ou à Zemmour), ignorant superbement les Dupont-Aignan, Poisson, etc. Au soir du premier tour des législatives, le R.N. a été victime de l’ivresse des sommets, faisant ici élire un LFI en se maintenant alors qu’il était arrivé troisième, là se distribuant les maroquins. Ah si le R.N. sortait de son doux rêve d’arriver seul au pouvoir sans se préoccuper des élections intermédiaires : municipales, régionales, où il brille généralement par des résultats catastrophiques puisqu’il est infoutu de présenter des listes convaincantes. Le prOjet Pericles, c’est tout le contraire, alors suivons avec bienveillance Pericles plutôt que le R.N. !

  3. Il faut en effet différencier la droite et le RN parce que l’électorat du RN n’est pas « de droite » et il n’est pas étonnant que cet électorat s’accommode de maires « de gauche » puisqu’il est lui-même très majoritairement « de gauche » en matière d’économie et de social (sondage Harris novembre 2021). Par ailleurs, cet électorat n’est ni conservateur, ni catholique, ni libéral. Le programme PERICLES, après d’autres tentatives, ne s’adresse en fait qu’à la petite minorité de droite qui est qualifiée de libérale-conservatrice. Plantage assuré.

  4. Beaucoup trop de belles idées qui restent des promesses électoralistes trop orientées. Il n’y a pas que chez les L.R et le R.N et Reconquête qu’on espère sortir de la mouise gauchiarde. Oui il y a des français qui n’adhèrent ni à droite ni à gauche qui veulent se débarrasser des ces hommes et femmes politiques cupides et vénaux qui squattent depuis 60 ans les institutions pour se servir et exploiter le peuple. Tout est à repenser La constitution a été dictée par des apparatchiks au service des forces extérieures, elle a été triturée pour servir les avantages de partisans corrompus. Alors bonjour « Périclés » mais animé de l’esprit de Platon -« En toutes choses les extrêmes sont rares, les choses moyennes très communes. ”….

  5. Madame la Présidente de l’assemblée a dit que la voix du RN serait entendue. Madame la Présidente est trop bonne.

  6. Enchantée, connais pas ce monsieur…Pierre-Édouard Stérin? très intéressant… mais qu’elles sont, en particulier, ses relations avec le Rassemblement National? Pour moi le RN est le premier parti de notre pays, il n’en existe pas d’autre. Je n’apprécie pas les nouveaux venus qui ne peuvent que diviser…on a eu l’exemple avec Zemmour. Les troupes doivent se resserrer autour d’un seul parti pour faire un RASSEMBLEMENT pour la Nation donc NATIONAL. Projet très intéressant que celui de PERICLES, mais rien n’assure qu’il ne s’agit pas d’une organisation pour déstabiliser le RN ? éclater les patriotes dans leur élan vers 2027… je n’ai pas du tout confiance. Ah ! un détail à propos du « refus de la préférence nationale »… nous sommes tous pour (priorité ou préférence …) pas contre.

    • Et bien on peut se demander si justement ce qui a fait que le RN n’a pas engrangé le raz de marée electoral prévu et souhaité par les Français c’est qu’il a voulu jouer tout seul (Ciotti trop peu, trop tard). Au passage cela a facilité la propagande de la Gauche, basée sur rien (surtout quand on voit le cursus de beaucoup des siens et pas seulement au LFI) mais tellement répétée qu’elle a porté ses « fruits ». Jeune j’ai appris qu’on a souvent besoin d’un plus petit que soi ».

    • En leur prenant 30% de commission au passage il a mis plus d’une entreprise en difficulté voire en faillite. Tout ça en s’expatriant pour ne pas payer d’impôts en France, Alors ce  » monsieur ’ a bonne figure maintenant de vouloir jouer les patriotes et les bonnes âmes !

      • Ah ouais ? Parce que sur ebay, rakuten ou amazon, on vous ponctionne combien ? Faut pas rêver : on vous amène des affaires, on prend sa commission. Tant pis si les entreprises zombies n’ont pas fait leurs comptes avant ! Et puis, s’expatrier, qui n’en rêverait parmi les 50% de Français qui paient pour les 50% qu’ils entretiennent ?

  7. Il est urgent de remettre les valeurs de travail, d’honnêteté et de respect et de mettre un terme à tous ceux qui détruisent ce beau pays qu’était la France. Merci à monsieur Pierre-Édouard Stérin et à son projet. Existe t’il une adresse pour le rejoindre?

    • C’est ça qui me gêne le plus.
      La droite (en tout cas le RN) subit sans moufter.
      Il me semble pourtant qu’il y a eu tripatouillage et que tant le RN que ses électeurs ont été floués.
      Pour ma part, j’ai voté RN uniquement parce qu’il n’y avait pas de candidat RECONQUETE dans ma circonscription.

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