L’escalade algérienne : et maintenant les immeubles occupés par la France

Face aux provocations d'Alger, la France osera-t-elle hausser le ton ?
@Nasro Azaizia-Unsplash
@Nasro Azaizia-Unsplash

Depuis plusieurs mois, les relations entre Paris et Alger traversent une zone de turbulences, marquées par une succession de crispations et de désaccords. La dernière en date, survenue le 17 mars, illustre l’escalade : l’Algérie a rejeté catégoriquement une liste de soixante de ses ressortissants sous obligation de quitter le territoire français (OQTF), proposée par la France dans le cadre de la lutte contre l’immigration irrégulière. Ce refus, officialisé par un communiqué du ministère des Affaires étrangères algérien publié le jour même, s’accompagne d’une rhétorique ferme, relayée sur X par l’ambassade d’Algérie à Paris : « L’Algérie réaffirme son rejet des menaces et velléités d’intimidation. » À cela s’ajoute une campagne, dans la presse algérienne, où des articles évoquent l’heure des comptes pour les « biens et privilèges français ».

Une rhétorique officielle qui cible la présence française en Algérie

Ces derniers jours, la presse algérienne s’agite autour des « biens immobiliers occupés par la France sur le sol algérien », comme l’écrit l’agence de presse locale APS, qui dénonce des loyers « ridiculement bas » pour l’ambassade de France et la résidence de l’ambassadeur, dans une dépêche publiée le 16 mars dernier. Un traitement dénoncé comme avantageux par l’Algérie, qui juge que ses relations avec notre pays sont « pour le moins asymétriques ». Au total, c’est la possession de « 61 biens immobiliers » qui pose problème au pouvoir algérien qui, dans la foulée, a convoqué l'actuel ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romanet. Or, comme le rappelle l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, dans une tribune parue dans Le Figaro, ces mêmes biens sont sous des « statuts différents » et « relèvent, pour certains, directement des accords d’Évian de 1962 ».

Cette nouvelle provocation s’ajoute à une longue liste. Après le sujet du Sahara occidental et la détention de l’« agent français » Boualem Sansal, Alger convoque les accords de 1994 en rempart contre les demandes de Paris. Signé le 28 septembre 1994, cet avenant à l’accord initial de 1968 encadre la circulation et le séjour des Algériens en France, instaurant un certificat de résidence et des règles précises pour les expulsions. Alger s’y accroche avec vigueur : « La France ne peut, unilatéralement et à seule discrétion, décider de remettre en cause le canal traditionnel de traitement des dossiers d’éloignement », assène le texte, dénonçant une tentative française de contourner ce cadre. Or, ce sont précisément ces accords que le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, accuse Alger de ne pas respecter.

Quelle attitude des autorités françaises, face à Alger ?

Face à la multiplication des affronts diplomatiques algériens envers la France, le gouvernement français a bien du mal à accorder ses violons. D'un côté, le garde des Sceaux Gérald Darmanin demande le rappel de l’ambassadeur de France en Algérie et le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau annonce la suspension de l'exemption de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques, tout en mettant sa démission dans la balance. Mais d'autres membres du gouvernement se montrent plus tendres, à commencer par le Premier ministre François Bayrou, qui refuse d’aller plus loin en suspendant les visas de l’ensemble des ressortissants algériens, comme le demande Éric Ciotti.

Côté ministère des Affaires étrangères, on se fait encore plus doux. Lors d’une visite à la grande mosquée de Paris, ce mardi 18 mars, Jean-Noël Barrot a rappelé que « la France est attachée à sa relation avec l’Algérie ». Une déclaration loin d’être anodine, dans un lieu connu pour sa proximité avec les autorités algériennes.

Vos commentaires

7 commentaires

  1. L’analyse de Bernard Lugan est sans appel : le régime algérien est condamné. La fuite en avant dans la rhétorique antifrançaise et l’obsession du Sahara occidental ne pourront pas cacher l’échec économique, social et politique du pays.

    La chute de ce système semble inévitable, avec des conséquences potentiellement chaotiques. Pendant ce temps, la France semble prendre (enfin) ses distances avec Alger, tout en restant prisonnière de quarante ans d’erreurs diplomatiques et migratoires.

  2. Pour dégager les Français d’algérie, ces gens ne se sont pas encombrés de respecter quelque accord que ce soit, la France ferait peut-être bien de s’en inspirer. Dans ce genre d’affaire, il convient d’user envers la partie adverse des méthodes qu’elle utilise à notre égard. Sinon, on ne s’en sortira jamais.

  3. On pourrait faire de même, répertorier les biens immobiliers occupés par les ressortissants algériens, logements sociaux, places de prison, hôpital, CRA, asiles d’aliénés, écoles, universités et envoyer la note à M. tebboune. Toute vérité devrait être bonne à dire.

  4.  » François Bayrou estime que suspendre les visas aux ressortissants algériens seraient faire « porter à tout un peuple […] la punition qu’ils ne méritent pas ».  » Garder les OQTF c’est punir le peuple français qui lui non plus ne mérite pas les agressions dont ils sont les victimes de ces OQTF . Bayrou préfère donc protéger le peuple algérien au détriment du peuple français , il ne faudra pas l’oublier aux prochaines élections .

  5. Mon pays France pour lequel toute ma famille s’est battu est devenu un pays chamallows envahi grâce aux collabos. J’ai honte et suis triste au regard de nos vrais Français d’avant ! Nous n’avons pas besoin de ce pays que nous avons créé nous même donc il y a vraiment une arrière pensée de G.Remplacement.

    • J’ai perdu mes deux grand pères pendant la guerre de 40, mon père né en 1926 y a échappé de justesse si non je ne serai peut être pas la. J’ai quand même un grand vide pour mes aïeuls que je n’ai pas connue.

Laisser un commentaire

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Il faut que les Français restent dans la peur
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois