PS et comptes de campagne : Hamon menace de tout balancer…
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Au moment où les Français ratissaient leurs fonds de poche pour savoir s’ils allaient s’offrir un chouchou ou une glace en remontant de la plage, la guerre des roses faisait rage au Parti socialiste. C’est ainsi depuis la nuit des temps : le mort est à peine froid et le caveau pas encore refermé qu’on s’écharpe déjà autour de l’héritage.
En portant Emmanuel Macron au pouvoir, la dernière élection présidentielle a achevé la vieille classe politique. Les "grands partis" en sont, eux aussi, à retourner leurs fonds de poche et accusent à qui mieux mieux les candidats qui, portant leurs couleurs, ont entraîné durablement leur déconfiture et, de ce fait, accéléré leur faillite.
Ainsi le camarade Fillon, dont on a découvert, chemin faisant, qu’il avait un penchant certain pour l’argent, de se garder la cagnotte des primaires pour son micro-parti Force républicaine. Finalement, après d’âpres tractations, un accord a été signé fin juillet par lequel l’ex-candidat consent à rendre à la maison mère un million d’euros des dons perçus pendant la campagne. Grand seigneur, le châtelain…
Pas mieux au Parti socialiste.
Benoît Hamon, l’homme du « revenu universel » et de la redistribution tous azimuts, est aussi accusé d’avoir utilisé une partie de l’argent de la campagne, payée par le PS puisqu’il était le candidat issu des primaires, pour financer la création de son « Mouvement du 1er juillet ». Une campagne très onéreuse puisque avec 15,07 millions dépensés, elle le place en seconde position derrière Emmanuel Macron (16,7) et devant François Fillon (13,78) et Jean-Luc Mélenchon (11,68). À noter : le FN arrive en queue avec "seulement" 2,42 millions dépensés pour la campagne de Marine Le Pen !
Eu égard à son score minable (6,35 % des suffrages), "chaque voix lui a ainsi “coûté” 6,58 euros, contre moins de 2 euros pour ses principaux concurrents", a calculé Valeurs actuelles. Bref, le PS est exsangue… D’où les accusations des apparatchiks de Solférino, Julien Dray en tête. Le 9 août, il se lâche sur le plateau de LCI : "Y a un audit à faire, y a une explication à donner. Pour l'instant, on a du mal à se faire une idée. On trouve que c'est beaucoup de sous pour un résultat très modeste."
D’autant qu’un autre héritier vient cogner à la porte pour réclamer sa part.
C’est Yannick Jadot, l’ectoplasme d’EELV, ex-candidat à l’Élysée avant de renoncer pour cause d’alliance avec Benoît Hamon, et qui réclame aujourd’hui les 200.000 euros qu’il avait déjà avancés pour sa propre campagne et dont on lui avait promis le remboursement. "Comme ces frais ne pouvaient être intégrés légalement dans les comptes de campagne de Benoît Hamon, cela a directement été discuté avec le Parti socialiste", confiait, fin juillet, son trésorier au Figaro. "Nous avons conclu un accord formel, mais pas écrit. L'engagement pris était légitime, et correspondait au budget de précampagne, pendant la collecte des 500 signatures. C'est une somme importante pour un petit parti comme nous."
Mais Benoît Hamon et ses amis n’entendent pas se laisser accuser et répliquent dans Libération : "Le niveau des dépenses du candidat socialiste au premier tour est inférieur à celui des principaux candidats des élections de 2007 et de 2012."
Nouvelle salve des hollandais le 24 août, le culbuto évincé cherchant manifestement à revenir sur le devant de la scène. Mais il pourrait lui en cuire car Le Canard enchaîné, en ce dernier mercredi d’août, nous apprend que les proches de Benoît Hamon font planer la menace :
"Si vous continuez, on balance toute la vérité sur la campagne présidentielle de Ségolène Royal (2007) et de François Hollande (2012). Et on en connaît beaucoup."
On attend de voir…
Ah, un détail, pour finir. Le total des dépenses de campagne est de 74,1 millions d’euros pour les présidentielles de 2017. En 2012, il atteignait 98,6 millions, dont 45,8 pour Nicolas Sarkozy. Chiffres du Conseil constitutionnel publiés au Journal officiel du 3 août.
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