Quand Bachelot moque le couronnement : cette France démunie face à la beauté

Reste à cette France qui moque le couronnement la ressource inépuisable du mépris, de la rigolade facile et du crachat.
Bachelot

Les internautes ne font aucun cadeau à notre ancien ministre de la Culture Roselyne Bachelot, auteur d’un billet symptomatique du sentiment de supériorité affiché par nos élites autoproclamées vis-à-vis de la monarchie anglaise. « Quand on n’a rien d’intelligent à dire, garder le silence est une alternative honorable », commente un internaute sur le réseau Twitter. « Quand l’hôpital se moque de la charité », réagit un autre, qui fait référence aux toilettes de Bachelot. Un troisième cite La Rochefoucauld : « Le propre de la médiocrité est de se croire supérieur. » Il y a dans les réactions des Français davantage de pitié que d’indignation.

L’ancien ministre avait pourtant l’air très fier de sa trouvaille. « J’ai décidé de remettre des Windsor du ridicule », affirmait-elle sur BFM TV. « Pour l’ensemble de son œuvre, j’ai décidé de remettre un Windsor d’honneur au roi Charles III parce que, franchement, son air consterné, ses vêtements de carnaval et heureusement ses oreilles qui permettaient à la couronne de tenir à peu près convenablement… » Le journaliste consterné tempère : « Non, pas le physique… » Elle est lancée. Bachelot moque « l’inénarrable scène du balcon. D’habitude, ce sont les cocus qui sont au balcon ; là, on a deux glands (sic). »

Restons courtois. Disons que le trait de notre ancien ministre de la Culture manque justement… de culture, d’élégance, de respect et de tact, et qu’il ne grandit pas la France. N’en déplaise à Roselyne Bachelot, le couronnement du monarque anglais a tout de même suspendu devant leur téléviseur plus de 100 millions de personnes dans le monde. Dans la France de Macron, ce sacre inédit depuis 70 ans à l'abbaye de Westminster, retransmis sur TF1, France 2, M6 et les chaînes d'information en continu, a rassemblé près de 9 millions de téléspectateurs, selon Médiamétrie, soit 70,6 % de l'audience entre 11 h 52 et 13 h 44. Un score massif, considérable à cette heure de la journée, qui interroge sur la fascination des Français pour la monarchie anglaise.

Cette cérémonie fait en effet surgir tout ce que déteste une certaine gauche qui n’en finit plus de digérer la Révolution française. Cette journée administre aux habitants de l’Hexagone la preuve que nos institutions ne sont pas le seul modèle au monde. Chaque étape du couronnement résonne ainsi comme une provocation aux diktats du politiquement correct de la gauche française.

Il y a d’abord ce lien entre le religieux, l’État et le peuple. La longue et belle cérémonie le rappelle : le roi est l’intermédiaire entre Dieu et son peuple, au service des deux. Rien n’est laïc, dans cette affaire-là. La religion (anglicane), omniprésente, donne à la cérémonie son sens, sa gravité, sa valeur, sa beauté liturgique et musicale. Au lieu de notre sacro-sainte séparation des Églises et de l'État, une interpénétration étroite, indémêlable. Apparemment, nos voisins, à part quelques énergumènes, ne s’en portent pas plus mal. Il y a ensuite cet incroyable lien à l’Histoire : mille ans de monarchie anglaise, la mémoire de Guillaume le Conquérant, la permanence du royaume contre vents et marées, de ses institutions, du lien entre ses monarques, son aristocratie et le peuple anglais. Mille ans de dévotion religieuse, de traditions scrupuleusement respectées.

Ces deux piliers, religieux et traditionnel intimement mêlés, en portent un troisième qui ne signifierait rien pris isolément : pour des Français comme pour une bonne partie du monde, le faste de cette cérémonie, ses couronnes, ses pages, ses habits d’apparat, ses carrosses et ses chevaux caparaçonnés relèveraient en effet du carnaval s’ils n’avaient cette portée religieuse, politique et historique. La définition du beau : non pas le décor mais la profondeur, la vérité, le sens et l’harmonie.

Les Français découvrent ainsi avec étonnement la force et la popularité de la monarchie que ses manuels lui ont présentée sous un jour atroce, entre dictature sanguinaire, inégalité institutionnelle et droit de cuissage. Hors du temps, oui, à proprement parler, parce que le temps a peu de prises. Dépassé ? Non, bien au contraire. La monarchie reste le ciment d’un Royaume-Uni qui n’a pas échappé aux malheurs et aux dérives du siècle mais qui conserve ce que tous perçoivent comme un atout. Le roi rassemble les Britanniques et reste un symbole d’unité aux yeux du Commonwealth, un symbole qui respire, parle, agit, vieillit, accompagne ses enfants non sans mal, divorce. Les institutions anglaises, parce qu’elles puisent dans la religion, l’Histoire, le faste et la tradition, donnent au pouvoir anglais une extraordinaire légitimité. La place laissée aux gouvernants, au Premier ministre Sunak comme à Macron, en dit long : le gouvernant n’est qu’un employé, presque un palefrenier de passage, au service d’une famille qui fait corps avec le destin millénaire du pays.

Privée de ces trois piliers, la République française tente vainement d’élever ses institutions au-delà de la froideur du droit : peine perdue, elle sombre aussitôt dans le ridicule. Qu’on songe à la rose portée de manière grotesque par Mitterrand en 1981. Ou à la longue marche du Président Macron à la pyramide du Louvre… No comment, comme disent les Anglais. Reste à cette France qui moque le couronnement la ressource inépuisable du mépris, de la rigolade facile et du crachat. Une tradition dans laquelle Roselyne Bachelot vient de s’inscrire. Le couronnement de Charles III et ses audiences dans l'Hexagone donnent plutôt raison à ce vieil adage réactionnaire qui veut que la France ait tué son roi et ne s’en soit jamais consolée.

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

58 commentaires

  1. Magnifique observation du rapport des français avec la monarchie. Ce que je retiendrai de cette appétence, c’est la dignité recherchée dans cette royauté et ses sujets. Vous le soulignez, ils sont humains donc sujets aux tourments attachés mais pardessus tout reconnaissons cette perpétuité dans le lien affectueux qui unit population et monarchie. Retrouve-t-on cette qualité dans la relation de Macron avec la population française ? Une population qualifiée sans remords, tantôt de lépreuse, tantôt à emmerder ? Nous situons aussitôt le niveau de la prétention. Ses sujets ne peuvent que s’inscrire dans cet élan.

  2. De petites gens comme le disaient nos anciens.
    Le manque de culture et d’éducation ne leur permet pas d’appréhender l’essentiel, le sens du SACRÉ.

    • Je pense qu’elle a surtout été vexée de n’avoir pas été invitée ! Il est vrai que la vulgarité n’est pas un avantage, mais s’en rend-t-elle compte ?

  3. Allez Monsieur Macron, reconnaissez que vous n’avez pas pu vous empêcher de songer et d’envier l’accueil et l’enthousiasme fait au Roi ! Acclamations, ferveurs, respect, chez ces Anglais, ne sont-ils pas l’exact contraire de :
    Cris, vociférations, bruits de casseroles et saccages chez les Français ? Ces gens ont montré qu’ils respectent et se respectent, savent encore faire la fête, même se moquer par des déguisements extravagants. Nous, « petit peuple »prétentieux, donneur de leçons, arrogant parfois, qu’avons nous à montrer ? Hélas l’actualité parle pour nous !
    Samedi j’assistais à un deuxième couronnement avec celui d’Elisabeth, et je me suis rêvée Royaliste ! Chez nous il me semble qu’une telle liesse remonte à la Libération de Paris !

  4. Madame Bachelot qui veut faire des économies en détruisant des églises, à présent, elle jette un oeil outre Manche sur un couronnement qui ne nous regarde en rien. Quelle personnage politique, à en pleurer, nous ont vas se garer à l’ombre quant il fait trop chaud, sur ses conseilles, çà évitera bien des désagréments.

  5. Pour corriger une petite erreur de cet article , le nombre impressionnant , c’est le moins que l’on puisse dire , de téléspectateurs ne vient il pa du fait que quelque soit la station choisie , nous n’avions d’autre choix que d »admirer » cette comédie de couronnement , télévisée de façon arbitraire par quasi toutes les chaine ou d’éteindre son téléviseur . Etait il utile de diffuser ce sacre sur toutes les chaines du groupe france télévision, toutes les chaines de
    téléinformation ? J’ai trouvé cette journée télévisée un bourrage de crâne pour moi inutile .

  6. Je ne suis pas admirateur de l’Angleterre et encore moins de sa monarchie, mais une ancienne ministre n’a pas à critiquer un roi étranger, qui plus est, d’un pays voisin, même si nos relations avec le Royaume Uni sont loin d’être simples. Cet incident survient quelques jours après que le ministre de l’Intérieur, M. Darmanin, a ouvertement attaqué la Présidente du Conseil des ministres italienne, Mme Meloni, sur sa politique migratoire. Pourtant, la politique de M. Darmanin en matière d’immigration n’est pas un franc succès et la France n’a pas à donner de leçons à l’Italie dans ce domaine. La France, avec son président de la République qui remonte l’avenue des Champs Élysées vidée de sa population pour la commémoration du 8 mai, par peur des casserolades, est mal placée pour se moquer de Charles III, bien plus populaire auprès de son peuple que M. Macron auprès des Français. Si notre politique consiste à se fâcher avec tout le monde, cela semble bien parti !

  7. Que ne ferait pas Roselyne Bachelot pour exiter, minable ministre de la santé, sans aucune conviction, elle se courbe devant tous les pouvoirs pour avoir son strapontin aux pieds du pouvoir, sans se rendre compte du niveau de son ridicule.

  8. Vous comprenez maintenant pourquoi de tels personnages qui ont sévi à la tête de l’Etat pendant quelques décennies seulement, ont mis la France et les français à genoux ?

  9. La monarchie Anglaise n’est pas née d’un génocide comme la république Française avec son horrible révolution. Vive le Roi.

  10. Bachelot se croit toujours chez Ruquier ,tout dans la finesse !
    J’ai suivi la retransmission du sacre de Charles III sur CNEWS ,malheureusement les commentateurs étaient trop nombreux et les propos trop futiles ,on regrette la culture d’ un Léon Zitrone ,quoi qu’il en soit Elisabeth II nous manque ,son fils et son épouse sont âgés alors que la Queen semblait intemporelle .
    Il est vrai que la scène du balcon était tristounette , des sourires figés ,peu de salutations au peuple de la part du couple royal ,il est vrai que les célébrations du jubilée et des obsèques d’Elisabeth II sont encore récentes .
    En ce qui concerne l’aspect religieux de la cérémonie, cela sonne un peu creux , Elisabeth II affichait sa foi alors que Charles et le prince de Galles semblent marqués par l’esprit du temps, les Britanniques sont majoritairement éloignés de l’anglicanisme et même athées ,comme chez-nous les seuls pratiquants sont musulmans !
    Reconnaissons toutefois que la foule était au rendez-vous ,des hommes et des femmes fiers de leur appartenance à un peuple ,à un pays et à une histoire commune et glorieuse ,un tout symbolisé par le souverain ,voilà ce qui nous manquera toujours ,ce que la république demeure incapable de nous procurer ,une fierté,une unité et une légitimité !

  11. Derrière la pompe, le faste et le sacré, le couronnement du souverain anglais laisse songeur. l’Angleterre n’est plus la perfide Albion éternelle. Ses plus grandes cités sont maintenant peuplées en majorité par des musulmans. Les quartiers dits communautaires sont devenus des villes entières occupés qui par des pakistanais, qui par des indiens sikhs, qui par des afghans, etc. Aucune de ces populations n’étaient visibles dans la foule populaire massée le long du Mall ou lors des pique-niques poulaires du lendemain de la cérémonie. l’Angleterre vest partagée de fait. Les communautés vivent en parallèle, côte à côte sans, semble-t-il se croiser. Seuls les grooming gangs dans une actualité récente ont, semble-t-il, rassembler les peuples.

    • Oui j’ai été frappé mais pas trop de ne voir sur les chaînes TV que des « Anglais » de type caucasien. Ou étaient les autres ? se réjouissaient ils eux aussi?

  12. Bachelot persifle sur les oreilles du roi Charles… Bon je ne dirai rien. Je n’attaque pas sur le physique.

    • En effet, elle est mal placée pour se moquer du physique des autres. Mais cela doit remonter à l’enfance quand ses petits camarades de classe se moquaient de ses « rondeurs et de son nom, les enfants sont sans pitié ! Malheureuse Roselyne qui souffre d’un complexe et donc prend sa revanche sur Charles.
      Sans doute pense-t-elle que dégommer un roi, ça fait républicain. Mais de l’eau a coulé sous les ponts depuis la mort de Louis XVI, aujourd’hui s’attaquer à un roi sans réel pouvoir politique ça fait plutôt frustrée pour ne pas dire autre chose…
      La pauvre imite « l’humour » à la Ruquiée et à la Barthez : « l’inénarrable scène du balcon. D’habitude, ce sont les cocus qui sont au balcon ; là, on a deux glands (sic)., « C’est presque une autocritique ! parce que : qu’est-ce qu’elle a « glandé » Roselyne dans les postes qu’elle a assurés » (« assurés » est un bien grand mot !).

  13. Mille ans de dévotion religieuse, de traditions scrupuleusement respectées, et le Royaume-Uni tient le coup, uni dans l’adversité et la tourmente. La France, 40 ans de Présidents incapables, de théories fumeuses et le pays se trouve à la ramasse, désuni, broyé par un dernier président qui est ni au service de Dieu comme le roi Charles III, ni au service du peuple, ayant même peur de dire le mot nation et cachant presque le drapeau français derrière le drapeau européen, un drapaeau européen venu de nulle part sauf de l’esprit enfiévré de certains bâtisseurs d’une Europe qui se transforme en dictature. Au moins le citoyen anglais a droit à la parole, il est libre, lui !

    • Une monarchie qui assure la stabilité d’un pays comme dans toute autre monarchie ! L’exemple de l’éclatement de l’empire austro-hongrois a donné le pire des régimes : le communisme avec ses fous (Mao, Lénine, Staline…) qui ont fait des milliers de morts !
      La seule monarchie qui est ointe, comme à une époque en France, il me semble , contrairement aux autres monarchies suédoise, Danoise et autres

    • « au service de Dieu comme le roi Charles III »
      Vous me permettez d’être sceptique? Je n’arrive pas à y croire.
      Des détails, des actions, des petits « riens » ne me m’engagent pas à y croire.

      • En effet, on peut douter de la foi du roi, mais ce serment a une portée symbolique et le but est d’unifier un peuple sous le drapeau anglais. En ces temps troublés, les Anglais éprouvent le besoin de se raccrocher à des valeurs comme la nation, une certaine fierté d’être britannique et de réussir à se sortir ensemble et uni des crises.
        Rien de tout cela dans la « république » bananière et anti-démocratique du roi Ubu, avec un parlement ligoté par les 49/3. La mort d’un roi (je ne suis pas royaliste) pour en arriver là ! Trente ans ont suffi pour détruire une république, alors que les Anglais ont un vrai parlement depuis environ quatre siècles !

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