Quand Elon Musk joue avec les nerfs de Macron

ELON MUSK

Notre Président est un banquier d’affaires, habile, dit-on, orgueilleux et habitué à parler d’égal à égal avec les patrons et les stars de l’économie. D’Elon Musk, le génial inventeur de la marque automobile Tesla, patron de SpaceX et méchant propriétaire de Twitter, Macron n’allait faire qu’une bouchée. Hop ! emballé c’est pesé, envoyez les investissements en France pour une usine ultramoderne. Dans le dos de Musk, Macron continuerait à encourager un autre Français, Thierry Breton, qui, lui, promet à Musk des amendes colossales si Twitter ne se plie pas aux règles européennes de contrôle des contenus publiés. En clair, s’il ne pratique pas une précensure qui serait l’une des plus dures du monde.

Tendre bruyamment la main à l’Américain tout en le crossant derrière le paravent : c’est une scène de guignol que le président de la République française a prévu de jouer. Hélas, la pièce ne se déroule pas comme prévu.

« Ce qu'on lui demandera de faire »

Ainsi le milliardaire a-t-il livré trois actes délicieux. Premier acte, le silence. Musk est resté coi lorsque Thierry Breton, notre éminent commissaire européen en charge du marché intérieur et du numérique, revêt l'uniforme du gendarme : « Elon Musk fera ce qu'on lui demandera de faire s'il veut continuer à opérer », tançait brutalement Thierry Breton, sur France Inter, le 24 avril dernier.

Le Sud-Africain-Canadien-Américain était prié de courber l’échine. Et plus vite que ça ! Twitter devra « renforcer considérablement la modération des contenus, protéger la liberté d’expression et s’attaquer avec détermination à la désinformation », avait expliqué le commissaire, fin novembre 2022. Au moindre dérapage, le Twitter d’Elon Musk risque des amendes représentant jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires mondial du réseau social, soit une contredanse de 248 millions de dollars sur la base du chiffre d'affaires de 2022 !

Pour faire bonne mesure, l’Europe du tandem Breton-Macron brandit la menace d’une interdiction pure et simple de Twitter si jamais Musk ne se plie pas aux règles européennes sur les contenus. Allons-y gaiement, la liberté attendra. Mais voilà, deuxième acte et changement de climat, cette semaine.

Elon Musk arrive en France, laissant planer la possibilité de l’implantation, ici, d’une vaste usine Tesla. Cette fois, Thierry Breton entre dans un trou de souris. Pffuit, disparu ! On ne l’a pas vu, pas entendu. À la place, le Président français Emmanuel Macron, la langue plus pendante que le loup de Tex Avery devant les promesses d’emplois, se déploie en hôte obséquieux et courtois.

On frétille en Macronie

Pour le convaincre d’installer son usine de batteries Tesla dans l’Hexagone, Macron a rencontré le milliardaire trois fois en quelques mois, toute séduction dehors. De quoi régaler Elon Musk, qui retrouve soudain la parole, enchaîne les interviews et souffle le chaud brûlant. Mi-mai, à Versailles, Musk promet que Tesla va consentir « des investissements significatifs en France ». Ce week-end, le tentateur Musk flatte : « La France est la deuxième économie européenne, il y a beaucoup de talents en France. » La capitale Paris est une « très très belle ville, je pense que c’est un facteur d’attractivité », ajoute-t-il. On frétille, en Macronie. Il est « très probable que Tesla fera quelque chose de très important en France dans les années à venir », insiste-t-il au micro d’Anne Sophie Lapix, sur France 2, dans le cadre du salon VivaTech à Paris. Un peu vague, quand même. « Ça ne va pas suffire », lui lance d'ailleurs Lapix…

De fait, à ce jour, il n'y a rien de concret derrière ces grandes phrases. Voilà quatre ans, Musk avait choisi l’Allemagne ; cette fois, il pourrait choisir… l’Espagne, murmurent plusieurs titres de la presse française.

Manipulation

On peut passer au troisième acte, le plus drôle. Les cartes en main, Musk continue à jouer avec les nerfs de la Macronie comme un chat avec une pelote de laine : « Ce que je pense, c’est que le Président Macron se soucie de l’avenir de la France, assure Musk. C’est un homme intelligent, il sait ce qui est important ; en tous cas, il fait tout ce qu’il peut pour ce pays, et je suis un fan du Président moi-même ! » Le farceur est lancé.

- « Je le vois », ponctue Lapix, sans qu’on sache si c’est du lard ou du cochon.

Musk, qui avait soutenu assidûment Trump aux Etats-Unis, est prêt à en remettre une couche:

- « Je sais que tout le monde ne l’aime pas autant, mais moi je l’aime bien. »

On y croit, bien sûr. Musk se joue ostensiblement du manipulateur au petit pied. « Passer pour un idiot aux yeux d’un imbécile est une volupté de fin gourmet », doit se répéter le patron américain, à la suite de Courteline.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

44 commentaires

  1. Cette interview de Lapix a du être un grand moment pour Musk. Être interrogé par une professionnelle de l’information dont la principale préoccupation est de savoir s’il va enfin censurer la liberté d’expression, voilà de quoi l’éclairer davantage sur ce beau pays qui ose encore se prétendre celui de la « déclaration des droits de l’Homme (et des femmes et des transgenres etc.) »

  2. Ca me fait rire jaune d’entendre nos grands polititicards vouloir imposer à Elon Munsk de lutter contre la désinformation. On croit rêver ! Machiavel et sa bande veulent donc rester les seuls manipulateurs à pouvoir pratiquer larga manu la désinformation ? Ce même Machiavel veut jouer avec cet homme intelligent et lui imposer ses règles. Et ce président capricieux et colérique va encore taper du pied s’il n’obtient pas ce qu’il veut, comme il veut et quand il veut …

  3. macron , pourquoi parlent on de ce pantin sans arrèt ? et il sera président un troisième mandat ? faudrait il qu’il finisse celui ci avant , mais ce qu’il nous prépare va ètre sa chute très certainement !!

    • une certitude, c’est notre chute qu’il construit . Pour sa part, il s’est sûrement confectionné, à nos frais, un parachute doré.

  4. Musk rigole et il a raison.
    Son Space X est plus performant que notre Arianespace et ceci est peu de le dire.

  5. « Thierry Breton, notre éminent commissaire européen … » dixit Marc Baudriller. Ceux qui ont un peu de mémoire se souviennent de Thierry Breton lorsqu’il était aux manettes de France Telecom, entreprise aux 69 milliards d’€ de dettes (merci les socialistes). La crise sociale qui a secoué l’entreprise dans les années 2000, c’est lui (avec d’autres, certes). Il y a démontré ses talents de parfait fossoyeur. Cela méritait bien un hochet grassement payé à Bruxelles …

    • « Parfait fossoyeur », c’est le mot, compte tenu du nombre de suicides à France Telecom â cette époque.

    • J’étais à France Télécom à cette époque, très, très, très mauvais souvenirs de ce Mr Breton pour beaucoup…..

  6. L’arme fatale Français, la censure. Certains médias y résistent bon an, mal an mais jamais sans leur faire de grands préjudices. Alors quant on se rend compte que la Nupes est absolument contre la diffusion d’informations, même dramatiquement sensible, alors on se rend compte de la déchéance de notre nation, quelle tristesse.

    • heureusement que les chaînes étrangères sont plus honnêtes et leurs journalistes plus impartiaux, cela permet d’apprendre ce qui se passe dans notre pays ou ces derniers font plus de propagande que propager les vraies nouvelles..

  7. Quel talent, quel article brillant dont je retiendrai surtout et pas seulement : « Passer pour un idiot aux yeux d’un imbécile est une volupté de fin gourmet ». Je me délecte de penser aux personnages qui ont joué cette partition.

  8. J’adore la fin de l’article  » passer pour un idiot aux yeux d’un imbécile est une volupté de fin gourmet « . A savourer sans modération

  9. Macron se fait balader par tout le monde. Australien, Allemand, Anglais, Algérien, Américain, Russe, etc.

  10. Il n’y a pas que Macron qui sait faire du « en même temps ». Apparemment Musk sait faire aussi…

  11. La fable du Corbeau et du Renard, toujours bien vivante, avec : dans le rôle du renard, Elon Musk, et dans le rôle du Corbeau , Macron……On sait comment cette fable se termine, et quelle en est la morale. On peut aussi dire que c’est le jeu du chat et de la souris, avec dans le rôle du chat, Elon Musk, et dans le rôle de la souris, Macron.

  12. C’est du foutage de gueule. Elon Musk change tout le temps d’avis, comme Sa Seigneurie, donc… ils ne s’étonneront pas mutuellement !

  13. Le très grassement payé Thierry Breton, pur parasite de l’UE, véritable tique parmi les nations d’Europe, a plusieurs fois prouvé qu’il a une âme de dictateur: il n’est bien sûr « rien de prévu » pour être démocratiquement contre l’UE.

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