Quand Fabien Roussel fait campagne à l’école, ou le communisme expliqué aux enfants…

De telles nuances Fabien Roussel n’a manifestement que faire quand, affirmant au passage : « J’appellerai à faire barrage à l’extrême droite. »
FABIEN ROUSSEL

Des candidats de gauche, Fabien Roussel n’est à l’évidence pas le plus mauvais de la meute, puisque coaché par Olivier Marchais, fils de Georges et premier homme politique, avec Jean-Marie Le Pen, à avoir alerté les Français sur les périls à venir de l’immigration de masse, légale comme clandestine. De même, son soutien aux flics contre les voyous, mâtiné d’une virile défense du pinard de nos terroirs et de la bonne bouffe de nos provinces, lui vaut une cote sondagière à faire pâlir d’envie Anne Hidalgo, pourtant candidate du Parti socialiste.

Son problème ? Peut-être que sa popularité toute fraîche est plus le fait de l’électorat de droite que de celui de cette nouvelle gauche bienveillante, écoféministe, progressiste, et plus si affinités, comme dit dans les petites annonces coquines. D’où cette séance de rattrapage en forme de naufrage, l’ayant vu porter la bonne parole dans une école où, face aux élèves (invité à participer à l’émission « Au tableau », disponible ce mardi sur MyCanal et diffusée le 27 mars prochain sur C8), Fabien Roussel punaise la photo d’hommes politiques au tableau, dans la colonne « camarade » ou « pas camarade ». Bref, le communisme à destination des enfants.

Fidel Castro ? Camarade ! Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il a libéré Cuba de l’occupation américaine. Ben voyons, comme dirait l’autre. Notons qu’à sa prise de pouvoir, en 1959, cette île, certes sous tutelle américaine, n’est pas, stricto sensu, sous occupation américaine, et que le Líder Máximo, tout marxisant qu’il est, n’entretient pas que de mauvais rapport avec le Caudillo, Francisco Franco à l’état civil espagnol ; mais qui, lui, ne fait pas forcément partie des « camarades » de Fabien Roussel. Comme quoi tout est toujours plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord.

Idem pour le cas d’un autre « camarade », Joseph Staline. Le candidat communiste le présente donc comme l’un des vainqueurs du nazisme – ce qui, factuellement, est tout à fait exact –, sauf qu’il oublie qu’avant de faire reculer son homologue Adolf Hitler (très mauvais « camarade », dira-t-on), le « camarade » Staline est son allié, de 1939 à 1941, pacte germano-soviétique oblige. Assez étrangement, tandis que Fabien Roussel débite religieusement son petit bréviaire, ce sont les élèves convoqués à ce raout mémoriel qui paraissent demeurer plus que sceptiques.

Alors, le candidat concède que tout n’était pas rose dans l’Empire rouge et que Fidel Castro, tout comme le Che Guevara, ne furent pas que des humanistes incompris s’étant un poil énervés dans leur désir de bien faire. Tout cela peut évidemment se discuter, à l’instar de sa vision irénique du PCF, « celle de 1936, des congés payés et de la Résistance ». Déjà, le Front populaire, c’est la SFIO, ancêtre du Parti socialiste, auquel le Parti communiste apporte un soutien sans participation. Quant à la Résistance, elle suit les tortueuses circonvolutions du Kremlin et de son épigone français : pas spécialement antinazi jusqu’en 1941, avant de se rattraper ensuite. Ce qui, par ailleurs, n’exclut pas le fait que tel ou tel patriote français de confession communiste ait pu faire preuve de courage en ces années les moins lumineuses de notre histoire commune. Georges, le père d’Oliver Marchais, en sait quelque chose, puisque s’étant à l’époque porté volontaire pour aller travailler dans les usines Messerschmitt.

De telles nuances Fabien Roussel n’a manifestement que faire quand, affirmant au passage : « J’appellerai à faire barrage à l’extrême droite » (Le Parisien, 21/3/2022). Notons que le grand patronat n’a jamais dit autre chose depuis des décennies ; autre paradoxe…

Histoire de faire oublier tout cela, le même Fabien Roussel vient de lancer les « apéroussels ». Soit l’occasion de refaire le monde entre camarades. Pour cuver la cuite d’un Grand Soir tombé dans les poubelles de l’Histoire ? Et oublier que le parti des classes laborieuses a vu les ouvriers partir au Front national, tandis que ses dirigeants ne sont plus aujourd’hui que les petits télégraphistes d’une bourgeoisie progressiste en mal de sensations fortes. Celles que peut procurer la bière sans alcool, par exemple ? Il y a de ça.

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Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

54 commentaires

  1. Plaignons la génération de demain, avec la venue de langues politiques idéologiques externes à l’école de la République hors de l’enseignement du français, mathématiques, histoire géo, qui veulent leur farcir le cerveau, pour lobotomisation, et révision avec la propagande à la TV : communisme donc, lgbt, transgenre, PMA et GPA à venir qui est accepté déjà en Ukraine, le wokisme, etc….Et le Pape de Rome et le Pope de Kiev qui ne trouvent rein à redire !! S’ils veulent ! mais la paix pas sûr…

  2. « Notons que le grand patronat n’a jamais dit autre chose depuis des décennies ; autre paradoxe… » ou la « ténébreuse alliance » .

    Quand JMLPen disait qu’il fallait robotiser, comme le Japon l’avait fait, les usines françaises, les premiers à s’insurger, étaient le patrons. faire appel à l’immigration revenait moins cher .

  3. Après une entrée en fanfare dans la campagne électorale, ce curieux personnage partacipe activement à l’auto-destruction de la gauche.
    Bof, ce n’est pas plus mal ainsi…

  4. Il y a surtout, (même dans certains des commentaires ici), une mauvaise compréhension de l’extrême droite. Il faut rappeler que l’extrême droite se définit par les critères suivants :
    Autoritarisme
    Racisme
    Antiparlementarisme.
    Ni le RN ni Reconquête ne devraient être qualifiés de partis d’extrême droite.

    • Et d’ailleurs, ces termes de droite et gauche sont gentiment ambigus et indéfinissables. Mais très pratique médiatiquement pour sanctifier ou diaboliser.

      On devrait utiliser deux termes comme CIVILISATIONNISTES (construisant l’avenir dans la continuité de la Civilisation, c’est à dire respectant le Pays, la Tradition et la Famille, utilisant les savoir-faire et favorisant une vraie éducation) face aux NIHILISTES (faisant table rase de la civilisation, voulant la révolution permanente…)

  5. A mourir de rire lorsqu il faisait semblant de ne pas savoir ou placer Staline ! Ce sont les enfants qui ont ete obligés de lui dire que c etait du coté des dictateurs criminels.

  6. Petite question : de quelle tendance politique était issu Jacques Doriot, fondateur du Parti populaire français pro-nazi ? N’était-il pas, jusqu’en 1936, un tout petit peu l’un des dirigeants du PCF ?

  7. Comment s’étonner des hésitations de Roussel à condamner Staline ? Quand un parti refuse de renoncer à son nom historique, en l’occurrence « parti communiste », cela signifie qu’il est en plein accord avec son passé et qu’il est fier d’en assumer l’héritage. N’oublions jamais que, derrière le nom, il y a le concept. C’est dire que confier le pouvoir à un Roussel, c’est rouvrir très vite les portes du goulag.

    • Oui, mais où localiser le goulag en France ? À Maîche dans le Doubs pour les rigueurs de l’hiver ?

  8. Et en 1938, l’Holodomor organisée par l’ordure Djougachvili dit Staline qui fit affamer des millions d’Ukrainiens point de détail de l’Histoire.

  9. Les Polonais, après l’Etat de Guerre, disaient : il y a deux choses qu’on ne peut pas être à la fois : communiste; intelligent, et honnête ! C’est encore plus vrai aujourd’hui où certaines vérités, comme les massacres de Katyn (21000 cadres Polonais éliminés par l’Armée Rouge d’une balle dans la nuque), sont connues. Il y a eu un film remarquable sur ce massacre : nous étions deux dans la salle d’art et d’essai de Nice, place Garibaldi pour l’unique séance de ce film.

  10. En 1967, Fernand Dupuy, maire communiste remarquable de Choisy le Roi (un espèce de Fabien Roussel que mon père estimait beaucoup), me disait « vous avez l’air de croire qu’on ne peut pas être communiste et intelligent ». Ayant exprimé des réserves au moment de la répression du Printemps de Prague, il était éliminé du Parti quelques mois plus tard.

  11. Au nom de la fameuse parité, homme femme, blanc noir etc. Il serait normal que Marion Maréchal ou Éric Zemmour aient le droit de passer dans les écoles également. Mais là ça serait un scandale ! Les cocos sont indécrottables.

    • Zemmour est passé aussi dans l’émission « Au tableau », comme Pécresse et Jadot. Parité respectée. Ceci dit, que penser du principe de cette émission?

  12. « Le vice inhérent au capitalisme c’est le partage inégal des richesses, tandis que la vertu inhérente au socialisme c’est le partage équitable de la misère. » Winston Churchill

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