Quand Florence Foresti souhaitait la mort de Donald Trump

Capture d'écran X
Capture d'écran X

« Avez-vous déjà souhaité la mort de quelqu’un ? » Pour beaucoup d’entre nous, avouons-le, la réponse à cette question est oui. Il n’est pas rare de secrètement prier pour le malheur d’autrui, rival ou ennemi. C’est un sentiment très peu chrétien mais, hélas, tristement humain. Moralement condamnable, mais pénalement irréprochable. En revanche, la donne est un peu différente lorsque ce souhait de mort est proféré nommément et publiquement. On n’est alors plus très loin de l’incitation au meurtre.

C’est ce qui est reproché, aujourd’hui, à Florence Foresti. En février 2017, la litigieuse question lui avait été posée par Catherine Ceylac dans le cadre de l’émission télévisée Thé ou café. L’humoriste avait alors répondu sans détour : « Je crois pas... Si, Trump ! J’ai décidé qu’il allait se faire descendre ! » Cette réponse donnée le sourire aux lèvres n’avait pas fait de vague, à l’époque. Mais huit ans plus tard, au lendemain d’une tentative d’assassinat ratée d’un cheveu sur l’ancien président des États-Unis, la séquence a refait surface sur les réseaux sociaux, suscitant l’indignation des internautes.

 

Une autre vidéo du même acabit tourne actuellement, sur X. On y voit Laurent Ruquier, toujours en 2017, prononcer la même prière de mort. Dans sa grand-messe du samedi soir, On n’est pas couché, le présentateur expliquait ainsi qu’« une semaine sans une connerie de Donald Trump ne serait pas une bonne semaine ». Jusqu’ici, rien de bien méchant, sauf que l’animateur enchaînait alors sur le ton de la boutade : « C’est quand même le seul Donald dont on aimerait qu’il soit abattu pour cause de grippe aviaire. » Sous les rires et les applaudissements du public, l’animateur poursuivait de plus belle : « S’il continue comme ça, la CIA ne devrait pas tarder à lui organiser une petite balade en décapotable à Dallas », en référence à l’assassinat de John F. Kennedy. Une séquence fine, intelligente et parfaitement digne de notre audiovisuel public que le CSA n’a, bien entendu, pas jugé utile de sanctionner !

 

 

À l’époque, quelques téléspectateurs s’étaient indignés de ce qu’ils interprétaient alors comme un appel au meurtre du 45e président américain. D’autres, en revanche, avaient soutenu le présentateur de France 2, invoquant le « droit à l’humour, à la liberté d’expression ainsi qu’à l’esprit Charlie ». Mais force est de constater que des propos comme ceux de Florence Foresti et Laurent Ruquier participent d’un inquiétant phénomène de banalisation de la violence verbale. Un phénomène qui s’est encore radicalisé, depuis.

La libération de la parole haineuse de gauche

Immédiatement après l’attentat raté contre Donal Trump, d’innombrables comptes affiliés à la gauche sont ouvertement désolés que le candidat à l’élection présidentielle américaine s’en soit tiré vivant. « Comment le tireur a-t-il pu rater son coup ? À un centimètre près, notre problème était enfin réglé ! », s’est ainsi emportée une jeune femme, sur TikTok, parmi une foule d’autres progressistes tous aussi tristes d’apprendre que Donald Trump était encore en vie.

Que retenir de cette affaire ? Que le camp du Bien n’est pas exempt de haine, de méchanceté ni de violence. Bien au contraire. Une frange grandissante de la gauche est même prête à légitimer l'assassinat politique, pour peu que ce soit ses ennemis qu’on assassine.

Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

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