« Quand il y a un mort, on dit que c’était le petit Jésus en culotte de velours »
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Deux jours après la mort du jeune Naël, Xavier Raufer revient, pour BV, sur les émeutes de Nanterre et sur la situation en France.
Marc Eynaud. Un jeune de 17 ans refusant d’obtempérer a été tué par le tir d’un policier à Nanterre. Le policier était-il en tort ?
Xavier Raufer. Personne n’en sait rien. Naturellement, sur les images, durant quelques secondes, on voit un policier avec un pistolet à la main. Nul ne sait ce qu’il s’est passé avant, et après. Les images sans interprétation ne veulent rien dire. Attendons, même si ce n’est pas la spécialité des réseaux sociaux ! À l’heure actuelle, on ne peut rien dire, aussi bien à charge qu’à décharge. De plus, plusieurs questions se posent. Toute la sphère des bobos, des milliardaires vivant à l’étranger, commence à hurler que c’était un petit ange. Pourquoi conduisait-il une voiture à l’âge où on n'a pas le droit d’avoir le permis ? Il y a déjà une attitude illicite. Ensuite, on a appris quel était le pedigree du jeune homme en question : il faut savoir si c’était la première fois qu’il se livrait à un tel acte ou si c’était répétitif. Enfin, il y a l’attitude des policiers, alors que le nombre de refus d’obtempérer augmente : il y en a environ deux par heure, toute l’année, tous les jours.
M. E. Un refus d’obtempérer ne mérite pas la mort…
X. R. Présenter les choses comme cela n’aide pas à la compréhension du phénomène. Dans cette affaire, on est dans un quartier hors contrôle, c’est-à-dire un quartier où, régulièrement, il y a des émeutes, alentour ou à proximité. Les policiers entrant dans ces quartiers-là savent que l’émeute est possible à chaque instant et sont tendus. Toute l’année, ils ont affaire à des gens qui les narguent, se moquent d’eux, les provoquent. Ces policiers n’ont qu’à ouvrir le journal pour voir qu’un de leurs collègues a été, hier, traîné sur 30 m et est gravement blessé à la suite d’un refus d’obtempérer. Ce n’est pas comme si c’était Blanche-Neige ou le petit Jésus qui avaient été abattus froidement par un policier. Là, nous avons affaire à une personne en infraction. Dans un État de droit, il y a une gradation dans les peines, cela va de soi. Dans ces cités, quand il y a un mort, on dit que c’était le petit Jésus en culotte de velours, qu’il était bon et aidait les petites vieilles, jamais qu'il était défavorablement connu de la police et de la justice.
M. E. À la suite de cet événement, des émeutes ont éclaté à Nanterre et dans plusieurs villes de France. D’où vient ce phénomène ?
X. R. En 2005, il y a eu les premières grandes émeutes avec des incendies de voiture à la suite de la mort, dans un transformateur électrique, de jeunes gens fuyant la police. Là aussi, au départ, il y avait une situation illicite. Quand vous n’avez rien fait de mal, vous n’avez pas de raison de fuir la police. En 2005, des émeutes ont éclaté dans le 93, puis il y a eu des séquences sur une semaine dans plusieurs villes. Cela duré trois ou quatre heures, puis c'est passé à la ville d’à côté, comme une étincelle, qui se propage. Les 5.000 voitures n’ont pas brûlé au même moment dans toute la France. Il y avait une espèce de contagion, et cela s’est arrêté au bout de quelques jours.
M. E. Que pensez-vous des réactions, telles que la minute de silence à l’Assemblée nationale ou des soutiens de la part de personnalités ?
X. R. La lâcheté des milliardaires artistes ou footballeurs est écœurante. Ils veulent faire oublier qu’ils vivent une vie de grand luxe en étant solidaires avec des gens qui n’auraient pas dû faire ce qu’ils ont fait, en tweetant.
S’ils n’avaient pas fait cela, en 2005 ou aujourd’hui, ils seraient vivants. La police n’est pas allée les chercher chez eux pour les abattre ! De plus, Macron et toute son équipe ne se sentent pas légitimes, ils n’ont pas la poigne pour faire face aux situations qui demanderaient de la remise en ordre. Ils vivent dans la hantise hystérique de Malik Oussekine, qui était mort lors d’une interpellation. On le leur reprocherait toute leur vie. Ils sont, en quelque sorte, « en train de se faire dessus » et montrent de l’empathie et de la complicité. Or, personne, ni dans la Justice française, ni dans la Constitution de la France, ne dit qu’on peut se faire justice soi-même. Les faits sont désastreux, il y a mort d’homme, mais si tout le monde refuse d'obtempérer, on retournera à l’état de nature. Le président de la République se jette sur cette affaire comme François Hollande était allé au chevet du jeune Théo dont la famille a détourné des centaines de milliers d’euros. Ces gens-là sont-ils au chevet de victimes des bandits ? Jamais, il y a deux poids, deux mesures. Il ne faut pas s’étonner que les électeurs se souviennent de leur lâcheté.
24 commentaires
Merci pour cette excellente synthèse. Enfin quelqu’un de bon sens, ce qui nous manque cruellement pour défendre notre Société en péril.
Notre reconnaissance à Xavier Raufer a certainement peu de poids mais lui adresser peut le soutenir dans sa conscience. Je retiendrai entre autre cette formule qui résume parfaitement le pouvoir » Ils (Macron et son équipe) sont en quelque sorte « en train de se faire dessus » » . Revenons aux faits. Les médias, notamment les chaines d’infos continues, je citerai particulièrement Pascal Praud, se sont fixées sur quelques secondes d’images qui ne révèlent qu’un aspect de la scène, pour les monter en épingle et s’en faire des gorges chaudes , sans aucun recul qui serait digne de journalistes compétents. Qui plus est, ces journalistes veulent ignorer les quelques explications qui sont données, par exemple, l’un des policiers avait le corps engagé dans l’habitacle. Demandez à votre femme de démarrer sa voiture alors que vous êtes en partie engagé dans l’habitacle. Vous saurez ce qui se produit. Par ailleurs, les lois statistiques sont incontournables. Si vous courtisez continuellement les excès de vitesses, un jour ou l’autre vous irez dans le décor. C’est ce qui est arrivé à Naël, trop souvent en défaut d’obtempération. Je cite « Quand vous n’avez rien fait de mal, vous n’avez pas de raison de fuir la police ». Une règle élémentaire négligée dans énormément de commentaires. Enfin, tous ces voyous ont beaucoup moins d’états d’âmes lorsqu’ils s’entretuent pour des affaires de drogue. Cinq secondes de commentaires dans les chaines d’infos, l’affaire est bouclée.
La video très courte laisse à penser qu’il en manque avant et après. Une telle voiture dans les mains d’inconscients de plus sans permis de conduire est une arme redoutable qui a déjà conduit de nombreux morts. Fallait il laisser faire. Si après le contrôle ce « gentil jeune » avait été libre de continuer et qu’il tue, la police aurait été fustigée pour son manque de rigueur.
Merci Monsieur Raufer de prendre cause pour les victimes et affirmer tout « le bien » que nous pensons sans pouvoir le dire de nos « chers » dirigeants. Effectivement ils ont la trouille, seulement c’est nous qui payons leur lâcheté.
Par lâcheté, de peur de la guerre civile, ils ont accepté de salir la police: ils ont sali la police et ont eu la guerre civile.
Quand on a 17 ans, on n’a pas le permis de conduire.
Donc, on ne doit pas conduire une voiture louée et/ou volée.
Et on a encore moins le droit foncer sur des policiers.
C’est tout simplement logique.
Quant on se soumet, bon gré mal gré aux injonctions de la Police on reste en vie, si Mahel l’avait compris il vivrait encore.
Quand nous verrons Darmanin ou En-Même-Temps aux obsèques de ce gamin dissident, nous saurons que la France est morte .
La carrière de ce délinquant prometteur se sera brutalement arrêtée pour un banal problème administratif.
Merci, M. Raufer. Vous remettez les pendules à l’heure et ça aide à comprendre les difficultés auxquelles sont confrontés les policiers. Eux sont en danger alors qu’ils font leur travail. Les voyous, eux, par leurs actes délictueux, s’exposent au danger. Concernant votre conclusion, toutefois, j’avance que beaucoup d’électeurs sont amnésiques, sinon Macron n’aurait pas été réélu.
Franchement, quel choix avait ce policier ? Après 25 minutes d’une course poursuite complètement folle en pleine ville, en semaine, à 8H30 du matin, fallait-il vraiment laisser ce voyou récidiviste de 17 ans, sans permis, sans assurance, totalement inconscient, n’ayant aucune considération pour personne, repartir et poursuivre son périple au volant d’un bolide de 350 CV, une arme mortelle entre les mains de cet individu ? Comment pouvait-on arrêter ce véhicule et l’empêcher d’entraîner une catastrophe sur d’innocentes victimes ? De quels moyens disposait ce policier à cet instant pour stopper cette course folle ? De quels moyen … à part son arme de service ? Combien de vies ce tir aura-t-il sauvées ? Pourquoi personne ne pose cette question essentielle ?
Tout est bien dit et c’est la police que devrait soutenir nos élus , trop de morts par la faute de ce genre d’individus .
Nos élus sont des pleutres ! On se demande pourquoi ils font de la politique ! De plus, nous avons les présidents qu’on mérite !
Ca fait du bien d’entendre un discours sensé! Merci, Monsieur Raufer.
Excellent article en effet, bravo Monsieur Raufer !!!
Ne pas oublier non plus les conditions de travail des forces de l’ordre qui sont confrontées tous les jours à la mort : celle des autres mais aussi potentiellement à la leur. A force se se faire bombarder de cocktails molotov, caillasser, foncer dessus par des véhicules, planter à coups de couteaux, les nerfs sont à vif et toutes les formations possibles n’atténuerons pas le « sentiment » que tout peut basculer. Personne ne peut se mettre à la place de celui qui veut éviter de se faire tuer. La personne la plus aguerrie, ayant le plus de sang froid y est soumise. En un instant tout peut arriver. Mais bien nos élites et donneurs de leçon n’y songent même pas. Ils ne connaissent même pas le danger pour eux-mêmes
Ce qui est drôle ou triste à pleurer, comme on voudra, c’est qu’il y a quelques heures, certains journalistes se réjouissaient d’avoir à commenter une guerre civile en Russie. La guerre civile, c’est nous qui allons l’avoir…
Cette russophobie écœurante nous ramène toutefois à la réalité d’un pays où les politiciens ne sont que des laches incapables de prendre les mesures afin de protéger les français. De plus concernant cette guerre en Ukraine, à nos portes, personne en occident ne cherche la paix alors que ce devrait être le role de la France. Du temps du Général De Gaule, il en aurait été autrement; lui était un homme, un patriote, ce que ne sont pas ceux d’aujourdhui qui préfèrent se complaire dans le wokisme, l’éducation sexuelle pour les jeunes enfants et l’écriture inclusive.
En effet, qu’on balaye devant notre porte !
pas la guerre civile, la guerre de civilisation !