Quand la compétition sportive des Sciences Po vire à la mobilisation pro-Gaza

Devant une banderole « Free Palestine », les étudiants frappent des mains et crient des slogans pro-Gaza.
© Capture écran - Instragram Comité Palestine Sciences Po Strasbourg
© Capture écran - Instragram Comité Palestine Sciences Po Strasbourg

« Nous sommes tous des enfants de Gaza. » D’une seule voix, les quelques centaines d'étudiants de Sciences Po réunis pour l’édition 2025 des Jeux Inter-Sciences Po (JISPO) se mettent à crier leur soutien à la Palestine. Sur la scène, une vingtaine de militants, drapeaux palestiniens à la main, orchestrent la mobilisation. Au centre, une banderole au message clair est brandie : « Sciences Po, vous ne nous ferez pas taire. Free Palestine. » À l’instar de nombreux événements organisés à Sciences Po depuis le 7 octobre 2023, cet événement sportif qui réunit chaque année les associations sportives des dix instituts d’études politiques (IEP) de France, a également viré au meeting pro-Gaza.

Un enseignant apporte son soutien aux militants

Trois jours de compétitions, trois jours de fête et une manifestation aux couleurs de la Palestine. Réunis à Istres (Bouches-du-Rhône), non loin de Sciences Po Aix, institut organisateur de l’édition 2025, les étudiants des différents IEP s’affrontaient, ces 19, 20 et 21 avril, dans diverses disciplines : rugby, football, athlétisme, volley, danse… L’objectif : faire briller son IEP. Ces JISPO, créés après la suppression, sur fond d’accusations d’agressions sexuelles, du Critérium Inter-IEP, devaient se dérouler dans une ambiance festive et sportive. Les organisateurs avaient même décidé de mettre en place un règlement intérieur « pour garantir un événement plus sûr, plus juste et plus transparent ».

Mais au terme de trois jours d’épreuves, alors que tous les participants étaient réunis pour découvrir le classement final, une mobilisation en soutien à la Palestine s’est organisée sur scène. Sur les vidéos que BV a pu consulter, aucun étudiant (ou peu) ne semble s’offusquer de ce happening en faveur de Gaza. Unanimement, les élèves des Sciences Po présents frappent des mains en rythme et applaudissent les manifestants. Sur X, une étudiante de Sciences Po Paris souligne « un geste fort, un cri silencieux face à une institution qui préfère l’ordre au courage ». Et elle ajoute : « Des étudiants ont rappelé que le sport n’efface pas la souffrance. […] Depuis des mois, les tentatives d’expression sur la Palestine sont systématiquement réprimandées dans nos écoles. » Sur Instagram, un professeur de Sciences Po Strasbourg commente : « Fier de nos étudiant.e.s ! Sciences Po, c’est vous ! »

Pour l’UNI, Sciences Po est désormais « davantage une élite islamo-gauchiste qu’une élite intellectuelle ». Le syndicat étudiant demande au ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche qu’une « enquête soit ouverte ». Contactés, ni les organisateurs des JISPO ni les IEP n'ont, pour l'heure, répondu à nos sollicitations.

Un climat irrespirable

Cette action est relayée sur les réseaux sociaux par diverses associations étudiantes d'extrême gauche ou pro-Palestine. Ces collectifs profitent de l'occasion pour publier également un communiqué commun - « Les IEP unis contre le génocide » - dans lequel chaque groupuscule exige de sa direction des changements. Ainsi, à Sciences Po Strasbourg, les militants persistent à demander la fin du partenariat de l’école avec l’université israélienne Reichman. Et ce, alors même que le conseil d’administration a voté, ce 8 avril, en faveur du maintien du partenariat. À Grenoble, les activistes réclament le vote par le conseil d’administration d’une motion en soutien à la Palestine. Après une série de blocages, les étudiants ont en effet eu raison de la direction et obtenu que cette motion soit débattue le 24 juin prochain. À Rennes, les militants d'extrême gauche souhaitent la fin du partenariat de l’université bretonne avec le groupe Thalès, qu’ils accusent de complicité avec Israël. À Sciences Po Toulouse, ils exigent la rupture du partenariat de l’école avec l’université Ben Gourion et le boycott des marques qui seraient « complices d’Israël ». À Lille, ils ordonnent la fin du double diplôme avec l’université de Tel Aviv. Et à Sciences Po Lyon, les militants veulent engager leur école « contre le sionisme ».

Dans tous les Sciences Po, le climat est devenu irrespirable. On se souvient, à l’automne dernier, des mobilisations pro-Palestine qui envahissaient le hall de l’Institut d’études politiques de Paris. Keffiehs, drapeaux palestiniens, slogans antifascistes… Ces étudiants militants troublent la tranquillité du campus. Au début du mois d’avril, ils se réjouissaient ainsi d’avoir perturbé une conférence organisée par le directeur de l’établissement. Et ce 22 avril, encore, aux côtés d’élus de La France insoumise, ils manifestent devant l’établissement de la rue Saint-Guillaume pour « demander la suspension des partenariats avec les universités israéliennes ». Pas facile de s'opposer à ces mouvances radicales. Louise Garnier, responsable de l'UNI Sciences Po, confiait à BV, en octobre 2024 : « Il y a une stigmatisation et un vrai travail de fichage sur les étudiants soupçonnés d’être de droite. »

À Grenoble, pour célébrer un match de foot, les joueurs de Sciences Po Grenoble n’ont pas hésité à s’afficher avec une banderole frappée de mains rouges, un symbole hautement controversé, souvent interprété comme renvoyant au massacre de deux Israéliens en 2000. Il a fallu qu’un étudiant juif, se sentant agressé par ce symbole, se plaigne à la direction pour que des sanctions disciplinaires soient prises. À Sciences Po Bordeaux, c'est la cérémonie de remise des diplômes qui a été perturbée par les militants pro-Palestine. Et à Strasbourg, les activistes pro-Gaza vont jusqu’à pourchasser le directeur de l’IEP au cri de « Israël génocide, Heurtin complice » dans les rues de la capitale alsacienne. « Il y a une ambiance de délation, […] plusieurs étudiants sont harcelés, l’extrême gauche la plus radicale a pris le contrôle », dénonce, auprès de BV, un ancien administrateur de l'université de Strasbourg. Et rien ne s'oppose vraiment à ce diktat.

Picture of Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

60 commentaires

  1. A ce stade, la seule mesure efficace consisterait à fermer les dix IEP pour une année renouvelable une ou plusieurs fois, suivant l’évolution des événements, et à garder militairement bâtiments et installation pour empêcher toute dégradation. Il conviendrait aussi de réfléchir à la pertinence du syndicalisme collégien, lycéen et étudiant. Ces jeunes gens sont pris en charge par la République aux frais du contribuable, ils ne devraient avoir qu’un droit: étudier, pour rendre un jour au pays les efforts qu’il consent pour eux. Les revendications, la contestation, la violence, les prises de position, sont autant d’anomalies qu’un système responsable devrait réprimer sans faiblesse. Ici comme ailleurs, la débilité du pouvoir est la cause réelle du naufrage.

  2. Sciences Po est devenu un repaire d’enfants de bobos gauchos pro islamiques anti sémites et anti catholiques et une seule solution existe et doit être radicale !
    Fermer cette institution qui n’a plus aucune valeur ni attachement à la Nation FRANCE !

  3. La haine du juif plus forte que la raison.
    Ces jeunes n’ont aucune connaissance de l’histoire. Ils sont pro-palestiniens comme ils sont pro-écolo. Tous au même format. Aucun recul, aucune lecture du passé et de l’avenir. D’ailleurs ils n’en n’ont ni le temps ni la capacité. Bien manipulés jusqu’à en oublier leurs racines, à prendre le parti du plus « faible » parce que ça fait chic, à prendre le parti de gens qui les boufferont tout cru quand l’heure viendra.

  4. N’y-a-t-il aucune discipline dans ce bordel désorganisé. Si c’est le cas, cette école n’est d’aucune utilité et on doit la fermer tout simplement. Quand aux élèves, petits bourgeois bobo-friqués mal dans leurs peaux, qu’ils aillent sur les marchés vendre choux, carotte et poireaux, ils y apprendront plus sur les réalités grandes et petites de la vie chez nous quand bramant inutilement pour la Palestine. Idem d’ailleurs pour les universités décadente…..

  5. Ca rappelle ( même si on n’a pas connu ) 68. Les Facs et les lieux d’instructions sont maintenant des lieux de « luttes » ? face à la placidité des « responsables » ( ministre en premier, avec cette affaire d’école maternelle qui a déménagé face au trafic etc etc )

  6. Il ne faut pas négliger ce fait. En 1968, les étudiants étaient aussi (emmené par l’agitateur étranger Cohn-Bendit) revendicatifs envers le pouvoir. Ils ont fini par prendre ce pouvoir en 81 et ont construits la société décadente dans laquelle nous nous engluons. Les jeunes de Sciences-Po actuels auront aussi le pouvoir dans 15ans. Pour faire quelle société ? … à moins qu’on ne fasse la révolution et renvoyons tous ces fils d’aristos dans la vie active pour les remplacer par des plus pragmatiques du peuple.

  7. « tous des enfants de Gaza » mais que font-ils à Paris, en général les enfants ne s’expatrient pas pour faire croire qu’ils luttent. On cherche de l(argent, il serait temps de revoir la participation de l’Etat aux univertés, en subventionnant seulement celles qui dispensent l’enseignement et pas celles qui entrainent les « Roberspierre » du shit.

  8. Chaque étudiant qui décidera de rentrer à sciences po sait maintenant là où il met les pieds. A bien y réfléchir. Pour les gauchistes sectaires allez-y, vous vous y sentirez bien…Pour les autres, il y a beaucoup mieux pour s’épanouir.

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