Quand la jeunesse de droite ose se parler…

Dans son numéro du mois de mars, le mensuel L’Incorrect a mis en une un débat entre le président de Génération Z Stanislas Rigault, le président du RNJ Pierre-Romain Thionnet et celui des jeunes LR Guilhem Carayon. Ces jeunes se parlent et ne s’embarrassent pas de ce qui est fréquentable ou non.
Stanislas Rigault Guilhem Carayon Pierre-Romain Thionnet

Ils ne s’embarrassent pas des mêmes scrupules que leurs aînés : dans son numéro du mois de mars, le mensuel L’Incorrect a mis en une un débat entre le président de Génération Z Stanislas Rigault, le président du RNJ Pierre-Romain Thionnet et celui des Jeunes LR Guilhem Carayon. Ces jeunes se parlent et se fichent de ce qui est fréquentable ou non. Et cette initiative n’a pas plu, loin de là, aux familles politiques des intéressés. « Notre rôle est de faire parler et débattre les droites. Les gens verront l’interview et se feront leur propre idée », se félicite le directeur de la rédaction du mensuel Arthur de Watrigant.

Les LR furieux !

Le vice-président des Républicains, Guilhem Carayon, est particulièrement dans la tourmente. « Inadmissible de mettre en avant des points communs avec les partis d’extrême droite sans parler de ce qui nous différencie d’abord fondamentalement. Ces propos amènent une confusion funeste. Je demande à ⁦Éric Ciotti de démettre Guilhem Carayon », a tweeté, notamment, François Durovray, président du conseil départemental de l’Essonne.

« Le problème est qu’il n’y a que des représentants de l’extrême droite et que cette interview accrédite l’idée de l’union des droites. C’est Philippe Séguin qui m’a donné envie de faire de la politique : il était un rempart contre l’extrême droite, pas une passerelle », a, pour sa part, déclaré l’ancien député LR Éric Diard.

Pour l’instant, les cadres du parti LR n’ont pas officiellement réagi. Il y a évidemment, dans les esprits le limogeage d’Aurélien Pradié de son poste de vice-président du parti après une opposition frontale à la ligne LR sur la réforme des retraites. Le jeune Carayon connaîtra-t-il le même sort ?

Une sortie médiatique qui rappelle, en tout cas, l’interview accordée en octobre 2017 à L’Incorrect par l’ancien patron de Sens commun (mouvement interne à LR) Christophe Billan qui avait confié alors « ne pas s’interdire de parler à Marion Maréchal ». Une sortie qui avait provoqué son exclusion du parti. On peut aussi citer le cas d’Erik Tegnér. L’ancien patron des « Jeunes avec Calmels » avait créé un collectif visant à créer l’union des droites avec LR. Des cadres frontistes étaient d’ailleurs présents à sa soirée de lancement. Une initiative qui avait provoqué l’exclusion du parti d’Erik Tegnér.

« Je croyais que la droite de gouvernement n'était ni Macron ni Le Pen. La direction de Ciotti est en train de nous expliquer qu’on est à la fois Macron et Le Pen », confiait, déconfit, un cadre LR au journaliste Jules Pecnard. Pour sa part, Guilhem Carayon assume : « Être républicain, c’est serrer la main de chacun et débattre avec tous. Exprimer ses désaccords, dire ce qui relève du consensus national : l’amour de la France. LR n’a pas besoin des autres partis mais doit redevenir la grande famille gaulliste qui rassemble les Français ! » a-t-il réagi sur Twitter.

Le RN s’amuse !

Est-ce parce qu’il se remémore l’affaire du réveillon 2015, quand la presse avait découvert, horrifiée, que des jeunes du FN et de l’UMP pouvaient réveillonner ensemble ? En tout cas, Jordan Bardella a assumé sans sourciller au micro de France Inter l’interview donnée par son ancien collaborateur et actuel président du RNJ. Y compris les éventuelles convergences. « On se parle et les personnes que vous citez sont des gens avec qui on a tous grandi politiquement, on était dans les mêmes soirées étudiantes et on savait qu’on finirait par se retrouver », a  déclaré le président du Rassemblement national, sur France Inter, citant notamment Alexandre Loubet, ex-cadre de Debout la France et aujourd’hui député RN de Moselle. Bardella était d’ailleurs présent à ce fameux réveillon de 2015, comme l’ancien numéro 2 du FN Florian Philippot, l’avocat Pierre Gentillet, à l’époque membre de l’UMP et patron des jeunes de la Droite populaire présidée par Thierry Mariani. On y apercevait aussi l’ancien candidat d’Éric Zemmour, Garen Shnorokhian, à l’époque simple communicant.

Reconquête jubile !

Trois courants de la droite en une, il serait surprenant de voir la formation politique d’Éric Zemmour, apôtre de l’union des droites, en prendre ombrage. « On ne veut plus subir cette obsolète injonction gauchiste qui voudrait nous dire avec qui nous pouvons parler ou non », réagit Stanislas Rigault, qui se dit « très heureux d’avoir pu débattre et échanger ». Une position partagée par les militants de Reconquête. « Les réactions hostiles étaient prévisibles. Gauche de LR ou droite de LR, le sectarisme a toujours existé chez certains. Je me rappelle encore le temps où certains me reprochaient mes amitiés ou même ma franchise. C’est aussi pour retrouver cette liberté que j’ai quitté LR », a réagi Matthieu Louves, salarié du parti et ancien cadre local des jeunes LR.

Personne ne serait outré de voir les présidents des Jeunes socialistes, communistes et NPA débattre ensemble dans Libé ou Politis. Au fond, cette histoire est simplement celle d’une gauche qui n’a pas compris que cette génération décomplexée de droite et de droite décomplexée entendait débattre avec qui elle voulait et sans avoir à s’en excuser. C’est aussi cela, l’insolence de la jeunesse.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/09/2024 à 9:14.
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Marc Eynaud
Journaliste à BV

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