Quand la politique se transforme en concours de vertu
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Le 17 décembre dernier, Libération intitulait un article consacré à l’invitée surprise de la gauche : « Christiane Taubira, une morale d’acier ». Le journaliste s’extasiait devant une candidate qui « s’illustre depuis longtemps sur la question des valeurs » : « La gauche cherche des mots pour combattre les méchants ? Elle sait faire. » Les méchants étant, bien entendu, la « droite fermée », opposée au mariage pour tous et, surtout, l’« extrême droite raciste ». Les gentils, les méchants. C’est « Martine à la présidentielle ». On préférerait en rire mais ; malheureusement, c’est à cela que se réduit le débat politique aujourd’hui : Zemmour joue désormais, dans cette mauvaise comédie du pouvoir, le rôle de suppôt de Satan face auquel il est de bon ton d’agiter gousses d’ail et eau bénite en prononçant moultes imprécations : « fasciste, pétainiste, raciste, misogyne, paladin obscène (Libération).
C’est ainsi que, le 30 décembre, dans Libération également, un courageux « collectif d'intellectuels, d'artistes et d'écrivains » a lancé un appel contre la « zemmourisation des esprits ». Avec pour objectif de dénoncer le « retour d’une idéologie nauséabonde » qui « entretient des liens troubles avec le fascisme et l’antisémitisme ».
Dans la catégorie parangons de vertu, la famille libérale n’est pas en reste. Ne craignant pas l’emphase et le ridicule, Alain Madelin, dans L’Express du 29 décembre, se compare à « Antigone » face à un Zemmour-Créon qui nous conduit tout droit à la tyrannie. Madelin brandit l’étendard des droits de l’homme et des valeurs universelles pour dénoncer un Zemmour disciple de Machiavel « avec sa froide et cruelle raison d’État » qui permet « de s’affranchir de la morale ».
Ces différents exemples sont une triste illustration de ce qui mine le politique de l’intérieur et le conduit paradoxalement aux pires dévoiements : la confusion du politique avec la morale.
Historiquement, c’est au nom de cette dernière qu’ont été conduites les croisades du Bien contre ceux que l’on désignait comme « les ennemis de la paix ». Le Moyen-Orient a ainsi été mis à feu et à sang par les Américains au prétexte d’y imposer la démocratie et les droits de l'homme.
La gauche, comme la droite libérale, enferment le politique dans les catégories du bien et du mal. Ce qui conduit inéluctablement à la diabolisation de l’adversaire.
Les uns comme les autres recourent à deux techniques qui ont fait leurs preuves dans la défunte Union soviétique face à la pensée dissidente : la criminalisation et la psychiatrisation.
L'adversaire est soit un fasciste haineux soit un névrosé excité par les fantasmes et les obsessions conspirationnistes de l'extrême droite.
Impossible de sortir de ces deux axes qui neutralisent toute tentative de débat : bien/mal, normal/pathologique.
On ne discute ni avec le Diable ni avec un fou. On le fait taire puis on l’enferme.
C’est ce qu’illustrait le slogan de SOS Racisme, début décembre : « Paris fera taire Zemmour ». Comment fallait-il le comprendre ? Censurer ou liquider ?
On retrouve ici la dérive totalitaire d’une idéologie qui, prétendant incarner le Bien, considère qu'elle n'a pas à se soumettre aux échanges contradictoires. S’opposer à la doxa actuelle, c’est vouloir le contraire du Bien, c’est-à-dire le Mal. La boucle est bouclée. La démonologie a de l’avenir.
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11 commentaires
Madelin devrait se taire,ancien d' »occident »,comme moi.
L’idéologie nauséabonde qui entretient des liens troubles avec le fascisme et l’antisémitisme, c’est l’islam !
La gauche reste décidément engluée dans son logiciel primaire :lui, gentil, lui, méchant.
Ces gens-là ne raisonnent pas, ils résonnent.
Je suis un renégat ! Déjà Enthoven me traitait de « con et de monstre » V’la-t-il pas que je suis un « méchant, un raciste » Je sens le roussi, car j’écoute le discours de Z. le Maudit, ce suppôt de Satan qui croque des enfants à son petit déjeuner. J’ai carrément basculé nazi, « fasciste, antisémite ». Ma voisine regarde d’un œil suspect la fumée noire qui s’échappe de ma cheminée (je me chauffe au mazout). Elle s’interroge sur ma femme qui m’a « soi-disant quitté », l’œil soupçonneux.
Article très lucide .Merci
Monsieur Lassez met le doigt sur un paradoxe : Zemmour, qui n’est pas un politicien de métier, est le seul candidat à proposer une ligne politique. Tous les autres candidats, pros de la politique, sont plus ou moins soumis à la ligne morale en vigueur.
Madelin a rejoint totalement la famille libérale qui se rassemble autour de Macron. L’ancien d’Occident, l’homme de « droite » par excellence, peut désormais siéger aux côtés de tous les autres libéraux y compris l’ancien gauchiste Cohn-Bendit qui, lui aussi, est retourné à la maison mère de toute les gauches : le camp libéral, qui fut la première des gauches, en 1789.
Pour qui a connu Madelin jeune cassant du gaucho avec le mouvement Occident, permettez moi de me tordre de rire, il a tout de ces vieilles « p.tes » qui se transforment en mère la vertu.