Quand le Balkany Show joue à guichets fermés
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Le couple Balkany, les Thénardier de Levallois-Perret, ne peuvent que susciter des sentiments mêlés, palette allant de la consternation à l’hilarité ; sans oublier, tant qu’à faire, une petite pointe de nostalgie. En effet, ce sont là deux dinosaures du siècle dernier qui sont jugés.
Quand ils arrachent ce fief de haute lutte, en 1983, la guerre froide jette ses derniers feux. C’est l’époque de la ceinture rouge et des bastions communistes qui encerclent Paris. L'époque des barres de fer de la droite de la droite et autres cercles de réflexion citoyenne et des manches de pioche du PCF et de la CGT. Toute une époque, on vous dit.
Les décennies suivantes seront celles qu’on sait : fric et flambe, gouaille et carambouille. Évidemment, Levallois-Perret est aujourd’hui l’une des villes les plus endettées de France. Logique : le clientélisme, ça rapporte dans les urnes, mais ça coûte cher aussi à la banque. Leur heure de gloire ? L’arrivée de Sarkozy à l’Élysée. Lui, le filleul ; eux, les parrains. Fouquet’s et Rolex à tous les étages : c’est le Miami à la française ; la coke en moins. Quoique.
Après, modernisation de la société oblige, les temps ont changé. Mais pas eux. Les Balkany s’y croient encore et toujours. C’est la sonnerie du téléphone de Patrick en plein prétoire, le thème des Tontons flingueurs, rien que ça. C’est Isabelle, ce mardi à Paris, au tribunal. Qui se la joue Bébel en jupe : « J’ai 72 ans et je n’ai jamais rempli une déclaration d’impôts. Et Patrick non plus ! » Tout cela est « colimaçonnesque », assure-t-elle, quand on lui demande plus de détails sur la phobie fiscale et administrative du couple. L’abracadabrantesque chiraquien est enfoncé en direct et pas besoin d’arbitrage vidéo pour trancher dans cette joute verbale.
Les quatre millions d’euros qui auraient été dissimulés, grâce à la sous-estimation de leur patrimoine et au fait d’avoir oublié de s’acquitter de l’ISF, de 2010 à 2015 ? Ben… Ben, c’est pas leur faute : « Nos déclarations ont été faites tous les ans par un expert-comptable et une ancienne receveuse des impôts à la retraite, une de nos élues, quatre-vingts ans, que je croise encore sur les marchés. » Ah, si c’est une amie, ça change tout ; même si l’amie en question devait avoir des absences au moment de remplir les formulaires. Ce que c’est que les misères de l’âge.
C’est beau comme un film de Claude Lelouch. Là où se mêlent souvent drame et comédie. Parce qu’avec trois ans ferme qui lui pendent au-dessus du brushing, Isabelle Balkany arrive encore à faire de l’humour. Ainsi, à propos de cet ISF oublié : « L’ISF, ce merveilleux impôt qui est tellement formidable qu’il a été supprimé ! »
Et puis, ces histoires de déclaration, il n’y a pas non plus de quoi se faire hara-kiri avec une banane ou se défoncer l’occiput à grands coups de figues molles : « Il y a des gens qui s’en occupent bien et d’autres pas. Regardez Jean-Paul Delevoye ! » D’ailleurs, sa villa Pamplemousse – intitulé autrement plus chic que le Sam Suffit du cochon de contribuable – sise aux Antilles, il n’y a tout de même pas de quoi en faire tout un punch, sachant « qu’elle n’a même pas vue sur la mer »…
En attendant, son époux Patrick renoncerait à briguer un nouveau mandat à la mairie de Levallois-Perret. Il ne lui reste donc plus qu’à tenter la présidence de la Banque centrale européenne. On parie qu’il y serait au moins aussi efficace, mais surtout autrement plus drôle que Christine Lagarde ? Les Balkany ? C’est Chirassic Park ! Pour autant, il n’est pas sûr que la nouvelle ère se profilant à l’horizon, à base de quinoa et de transparence démocratique, de féminisme vengeur et d’antiracisme devenu fou, soit forcément plus avenante.
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