Quand les « chaers étudianz » de Lyon 2 font du droit en langue inclusive…

fou

Le dimanche, on s'ennuie parfois. Est-ce parce que la semaine recommence, comme la chenille redémarre ? Il y a, dans cette mélancolie dominicale, un je-ne-sais-quoi de douceâtre qui doit être chassé, et peut facilement l'être d'ailleurs, par le visionnage d'un bon film ou une promenade en bord de mer ou en forêt, par exemple. Cette fois, on proposera au lecteur qui veut rire de consulter le sujet qui a été donné, mercredi dernier, aux étudiants de licence, à la faculté de droit de Lyon 2. L'UNI a publié sur X le libellé de cet imbroglio. Dans un charabia inclusif où « als » remplace « ils », on dit qu'un enfant a été « reconnux » et confié à des « professionnaels » de santé. Le fond du cas qu'il s'agissait de traiter, lui, surprendra les plus progressistes : deux individus non binaires se déchirent pour la garde d'un enfant dont le sexe (ou le genre) n'est pas précisé. Ultime raffinement dans le renversement des valeurs : au milieu de ce bonneteau intersexué, ce sont les mots « homme » et « femme » qui sont traités avec des guillemets, comme des curiosités antédiluviennes, tandis que les aberrations sémantiques passent comme une lettre à la poste. Les étudiants pouvaient répondre « en français standard ou inclusif, avec la forme d'inclusivité [qu'ils maîtrisaient] ». Grand merci : le corpx professorael est trop bon.ne.

 

La société n'étant peut-être pas encore prête, tout compte fait, pour tant d'ébouriffante modernité, l'affaire a fait un peu de bruit. Le professeur a donc expliqué sa démarche aux étudiants par un mail dans lequel il recommande plusieurs lectures liées à la grammaire inclusive et aux questions de genre en général - un mail qui débute par la formule d'appel « Chaers étudianz ». Un petit tour sur Google vous apprendra que les questions d'intersexe passionnent ce chargé de cours, qui donne donc à ses élèves, comme beaucoup de profs, des devoirs en rapport avec ses propres sujets de prédilection.

À la lecture de ce sujet, on l'a dit, on rigole. Assez bruyamment, d'ailleurs, d'un de ces rires de plésiosaure du XXe siècle, cette époque dans laquelle on se satisfaisait des catégories « homme » et « femme » pour définir les gens. Faites vous-même l'expérience d'une lecture à voix haute. Ça vaut le coup. Et puis, à mieux y regarder, on se désespère. Cette personne qui enseigne le droit à Lyon 2 pense-t-iel que, dans un pays dont la jeunesse est inculte et illettrée, le plus urgent à lui transmettre est la déconstruction de la langue française ? Et que dire des cas très particuliers qui s'enchaînent sous les yeux ébahis des futurs juristes ? On n'en dira pas davantage pour ne pas « divulgâcher », mais oui, décidément, il y a là, à la fois, de quoi alléger le spleen du dimanche après-midi et de quoi s'inquiéter très sérieusement pour le niveau de la relève.

Ne soyons pas naïfs, en effet : à moins d'une mobilisation permanente contre l'invasion de ces âneries, il est malheureusement probable que cette « inclusivité » devienne la nouvelle norme. Tenez-le vous pour dit.e, chaers lecteurz...

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

55 commentaires

  1. Dans un pays normal, un tel enseignant devrait être ipso facto traîné à la comptabilité pour prendre son dernier chèque !

  2. En FRANCE le ridicule ne tue plus, sinon nous ne subirions pas de crise du logement. Je suis nostalgique en pensant à la pièce de théâtre que MOLIERE aurait écrite pour étriller nos hurluberlus.

  3. A quoi sert le Ministre de l’Education Nationale, si l’interdiction de l’usage de l’écriture inclusive n’a aucun effet sur les universitaires?
    On a déjà vécu cela dan notre histoire, au temps des incroyables du XVIIIème, où – hormis des tenues vestimentaires absolument extravagantes – le « r » et ensuite le « g » ont été bannis du langage! Qu’en est-il aujourd’hui…

  4. Si j’avais été étudiant, j’aurais rédigé le devoir dans un charabia encore plus incompréhensible qui aurait fait passer le correcteur pour un attardé inclusif.

  5. Nécessité de neutraliser les destructeurs ou déconstructeurs de la civilisation, avant qu’ils ne réussissent.

  6. La langue dite inclusive est le fruit des réflexions d’universitaires besogneux en mal de découverte scientifique, alors leur médiocrité ne leur permet que l’innovation, parfois hélas grotesque voir hilarante si elle n’était pas dévastatrice. Dire qu’en plus on rémunère ces olibrius est affligeant.

  7. Quand on connait le complexité et la subtilité du droit laissons les étudiants se concentrer sur leur sujet plutôt que de les obliger à faire attention à cette forme d’écriture réservée à des gens qui ne doivent pas beaucoup être productifs sinon ils seraient plus occupés à faire autre chose. La question est de savoir ce qu’en pense le ministre chargé des facultés

    • Nos juges « s’assoient » déjà sur le fond quand il s’agit de défendre les racailles et terroristes, alors la forme d’écrits et de langage des avocats…

  8. Cet individu (ce qui signifie qu’il peut être aussi bien homme que femme) mérite une seule chose: la porte!

  9. J’ai assisté à la thèse présentée par un de mes arrières-petits à l’ENS-Lyon . Heureusement ces travaux sont présentés en langue britannique, ce qui évite de maltraiter la langue de Corneille .

  10. Finalement l’E.N. avait peut-être de bonnes raisons de ne plus apprendre aux élèves à parler français au collège ?

  11. Cette langue inclusive est comme beaucoup de nouveautés apparues dans nos sociétés, elle monte en puissance et petit à petit elle redescend jusqu’à se stabiliser à un niveau généralement bas.

    • Elle n’est pas apparue toute seule. Née dans les universités américaines, comme maints d’autres délires, elle a gagné l’université française er autres structures « progressistes » pour les mêmes raisons : surtout ne pas avoir l’air ringard. Sana se douter qu’à tout prendre, il vaut mieux avoir l’air ringard que ridicule.

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