Quand LFI parle des Français historiques, ça vaut le détour, accrochez-vous…

C'est dans l'entre-soi de petites interventions non couvertes par les médias que Mélenchon et Léaument se lâchent.
mélenchon léaument LFI

Le projet « Nouvelle France » de Jean-Luc Mélenchon avance à grands pas. Bien plus vite que vous ne l’imaginez. Car, pour prendre conscience de leur calendrier, écouter les élus de La France insoumise à la télé ou dans les grands meetings couverts par la presse ne suffit pas. Là, ils se savent observés et s’autocensurent. C’est en petit comité, dans l’entre-soi intime d’une conférence, qu’ils se lâchent.

La preuve par Jean-Luc Mélenchon et Antoine Léaument, à quelques jours d’intervalle. Pour l’un, la France doit littéralement donner ses clés à un autre continent. Pour l’autre, les natifs, les Français de souche, les Français historiques - appelons-les comme on veut - doivent désormais se percevoir eux-mêmes comme étrangers dans leur propre pays.

« Remettre les clefs de la maison »

Lors d’un colloque à l’Assemblée nationale organisé par les députés LFI Bastien Lachaud et Aurélien Saintoul, le 14 mars dernier, Jean-Luc Mélenchon a déclaré « qu’il [était] bon et positif » de « remettre les clés de la maison partout où on peut, à commencer par notre propre pays » à « la jeunesse africaine », parce que, dit-il, nous sommes « un peuple de petits vieux ».

Foin de l’accueil de l’autre, du partage. Ce champ sémantique des années 80 est périmé, il n’a servi qu’au début, quand il s’agissait de convaincre des boomers vaguement catéchisés jadis par un prêtre soixante-huitard que la charité leur commandait d’ouvrir grand leurs frontières. Mais le « tu ouvres ta porte » est devenu aujourd'hui « tu donnes ta clé ».

Partager, accueillir, c’est encore être maître chez soi. Là, il s’agit de remettre ses clés, comme à un nouveau locataire ou propriétaire. Où doivent aller « les petits vieux » évoqués par Jean-Luc Mélenchon ? En EHPAD ou dans une chambre au grenier en attendant que la faucheuse passe ? Ce n’est pas précisé.

 

Étrangers dans leur propre pays

Antoine Léaument, lui, vient de mettre sur sur sa chaîne YouTube une conférence qu’il a donnée le 17 février. Il était invité par une association étudiante, AGIS, à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye. Signalons, au passage, qu’au cours de cette intervention, il explique que Robespierre, son idole, ne doit pas être « réduit à la Terreur » - c’est vrai que réduire les criminels à leurs exactions est vraiment dommage, ils sont sûrement bourrés d’autres qualités par ailleurs - et il compare une nouvelle fois les opposants au voile islamique à des talibans (car, bien sûr, comme chacun sait, Bruno Retailleau n’autorise pas les femmes à parler entre elles ni à écouter de la musique).

Mais le plus intéressant est ailleurs, dans un petit jeu auquel il se livre soudain : « Moi, j’aime bien faire un test : qui, comme moi, a un parent, un grand-parent, un arrière-grand-parent qui est d’origine étrangère ? Allez-y, levez la main ! Bah voilà, la France, c’est ça. Peu importe où je pose la question, à chaque fois que je pose la question, tout le monde lève la main, et il se produit un truc rigolo, c’est que d’un seul coup, ceux qui n’ont pas levé la main, ils se sentent bizarres. » Petits rires un peu gênés dans la salle, notamment des deux jeunes qui l’interrogent et qui échangent un regard contrit : les deux sont restés bras ballants. Compter les gens d’origine étrangère - les fameuses statistiques ethniques - devient d’un coup acceptable si cela permet de stigmatiser ceux qui ne le sont pas. Ces derniers sont d’ailleurs si peu nombreux qu’ils « se sentent bizarres », c’est-à-dire (dictionnaire des synonymes) anormaux, étranges, dont l’étymologie latine est extraneus, du dehors, à traduire par… étranger. La boucle est bouclée. Donc, ceux qui n’ont pas d’ascendant étranger dans les deux générations les précédant sont, selon Léaument, étrangers dans leur propre pays.

Antoine Léaument a-t-il bien étudié la vie de Robespierre qu’il aime tant ? La Révolution dévore ses enfants, et dans la charrette le menant à la guillotine, Danton lui criait : « Tu seras le prochain », et la prophétie s’est réalisée. Léaument se dit descendant d’immigrés belges et italiens. Pardon, ce ne sont pas des quartiers « d’étrangitude » (comme dirait Ségolène Royal) très convaincants : tous européens ! Ça ne va pas suffire pour avoir les clés promises par Mélenchon. Raquel Garrido, en dépit de ses origines chiliennes, a été dégagée dans sa circonscription, « grand-remplacée » par Aly Diouara. Bref, Léaument ne devrait pas trop s’esclaffer de son « truc rigolo » car il pourrait (vite) déchanter.

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Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

5 commentaires

  1. Il se trouve que Boyard, le pote de Léaument vient d’être supplanté par un colistier « diversitaire » comme chef de groupe au conseil municipal de Villeneuve St Georges! Léaument qui trouve rigolo que les français d’origine soient mal à l’aise lors de son « fameux » test pourrait questionner Boyard quel effet cela fait quand on est évincé par ceux qu’on a promu! Pour le moment Léaument fanfaronne encore mais, il finira pas être Grand remplacé lui aussi! D’ailleurs, Rima Hassan n’en a pas fait mystère il y a quelque temps!

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