Quand Mediapart dénonce une enseignante accusée d’islamophobie

Il suffit de quelques secondes à un internaute novice pour retrouver l'identité de cette prof...
© Capture écran Mediapart
© Capture écran Mediapart

« Depuis plusieurs jours, S.* est la cible d’un média d’extrême gauche qui multiplie les attaques publiques contre elle, dans une campagne de harcèlement sans relâche, qui la met en danger personnellement et professionnellement. » Le 3 avril dernier, Mediapart a décidé de jeter en pâture une enseignante, accusée par la rédaction du quotidien numérique de diffuser, sur ses réseaux sociaux, « des messages islamophobes » et « racistes ». Dans la foulée, Thomas Portes, député de La France insoumise, partage cet article sur son compte X et réitère les accusations de « racisme » contre le professeur. L’élu LFI, tout comme Mediapart quelques heures plus tôt, en profite pour donner des indications permettant de localiser l’enseignante. Le nom de son collège et la commune de l’établissement sont ainsi exposés publiquement. Le journal va jusqu’à donner le prénom de la professeur et la matière qu’elle enseigne. Il ne suffit alors que de deux « clics » à un utilisateur novice d’Internet pour retrouver l’identité exacte de l’enseignante visée et, ainsi, la localiser… Cinq ans après l’assassinat de Samuel Paty, dont l'identité et le nom de l'établissement avaient également été diffusés sur les réseaux sociaux, Mediapart semble jouer un jeu dangereux. Si, vraiment, le quotidien souhaitait dénoncer ces tweets, n'y avait-il pas une autre manière de le faire, une manière qui ne mettrait pas en danger l'enseignante ?

Un compte X qui dérange Mediapart

Le compte de cette professeur, désormais supprimé, rassemblait plus de 55.000 abonnés, sur X. Action des Femen, arrestation d’influenceurs algériens, match de Coupe du monde, faits divers… sous pseudo, « Sans Drap », qui se présentait avec « une dose de patriotisme, un peu de beurre salé, une louche d’amour des animaux et une pincée d’humour », réagit alors régulièrement à l’actualité nationale. Chacune de ses publications fait abondamment réagir. Il n’en faut pas moins pour attirer l’attention de Mediapart, qui décidera d’épingler publiquement l’auteur de ce compte anonyme. À croire que toutes les occasions sont bonnes pour s'en prendre à l'enseignement catholique...

Le journal fondé par Edwy Plenel accuse ainsi « Sans Drap » de « déverse[r] un torrent de messages haineux, souvent à caractère islamophobe ». S. aurait même, selon la journaliste, « une obsession contre l’islam et les femmes qui portent le voile ». Pire : « à cette islamophobie décomplexée s’ajoutent des publications à caractère raciste », s’indigne Mediapart. Pour le quotidien, ces prises de positions sur X sont incompatibles avec son métier de professeur. Pourtant, la journaliste, auteur du papier à charge, le concède elle-même, « S. n’aurait jamais manifesté de comportement inapproprié envers les élèves ou les parents ». La direction diocésaine, interrogée à ce propos par nos confères du Télégramme, le confirme : « Les opinions de cette personne n’ont jamais transpiré dans son travail ou été exprimées au sein de l’établissement. Nous n’avons eu aucune remontée des élèves ou des familles sur la qualité de son enseignement ou son attitude. » L’enseignante n’a par ailleurs, pour l'heure, jamais été sanctionnée pour ses propos. Alerté, le rectorat explique suivre la situation avec son service juridique.

Une enseignante mise en danger

L’article et les méthodes utilisées - désigner une enseignante anonyme à la vindicte populaire et l’accuser d’islamophobie - n’ont pas manqué d’être critiqués par de nombreux journalistes. Hadrien Mathoux, directeur adjoint de Marianne, s’indigne ainsi : « Mediapart fournit donc le nom et la localisation de l'établissement, la matière qu'enseigne la professeure en question ainsi que son prénom. En dehors du peu d'intérêt de l'info, il suffit qu'un fou furieux prenne connaissance de l'article pour que la prof soit en danger… » Eugénie Bastié, du Figaro, dénonce quant à elle « l’esprit de délation » du journal d’Edwy Plenel.

 

*Le prénom de l'enseignante a été volontairement anonymisé

Picture of Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

84 commentaires

  1. Certains poursuivent et mettent des cibles dans le dos de ceux qu’ils considèrent comme des ennemis, certains pouvoirs les pourchassent même de partout en Europe. Souvenez-vous de l’affaire Amir Boukhors, Teboune Erdogan peuvent compter sur les collabos de gauche pour «dénoncer » les vrais résistants, soit ta vie est menacée soit on en fait un enfer.

  2. Médiapart se nourrit de son vomi. Il ne risque rien lui! Il aura toujours de quoi s’engraisser! et il y en a encore pour lui apporter de quoi vivre! Toujours dans le même sens…rien d’équilibré ni de juste. La famille de J. F. Revel en fait les frais mais aucune saleté ne fait reculer médiapart.

  3. Si le journaliste qui a pondu cet article en a, il aurait dû signer son texte: nom, prénom et adresse de sa rédaction pour avoir matière à complêter son texte sur ce qu’en pense les gens, c’est une suite logique sauf s’il n’en a pas, bien entendu. Auquel cas, c’est la rédaction qui doit en assumer la charge.

  4. Je pense qu’il n’est plus nécessaire de parler de « Médiapart » ,tout le monde sait que tout ce qui sort de là , vient des égouts . Je vais « re » citer Erasme sur l’éloge de la folie / 1509 :  » Moins ils ont de talent , plus ils ont d’orgueil , de vanité , d’arrogance .Tous ces fous trouvent cependant d’autres fous qui les applaudissent » …….

Laisser un commentaire

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L’extrême gauche est une gangrène qui tient les universités françaises
Gabrielle Cluzel sur CNews
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois