Quand Obama revient à la Maison-Blanche… et éclipse Biden

Ce mardi 5 avril, Barack Obama, 44e président des États-Unis, était de retour à la Maison-Blanche. Loin d’une visite de courtoisie, l’événement a été scruté et analysé de près par les commentateurs politiques outre-Atlantique. Car, depuis son départ en janvier 2017, c’est la première fois que pareille chose se produit.

Tout d’abord, il s’agissait de célébrer les douze ans du Affordable Care Act (ACA), plus usuellement connu sous le nom d’Obamacare, promulgué par le Congrès et voté par Barack Obama, le 23 mars 2010. Ensuite, ce fut le jour choisi par Joe Biden pour signer un ordre exécutif élargissant ladite loi. Il fallait donc marquer le coup.

Une conférence de presse de plus d’une heure trente fut organisée avec le trio de la Maison-Blanche : Kamala Harris, vice-présidente actuelle, Joe Biden, président actuel qui fut vice-président de Barack Obama pendant ses deux mandats (2008-2016), et Barack Obama, ancien président. Les trois personnalités ont, chacune, pris la parole.

Sachant que Joe Biden est au plus bas dans les sondages (dernier taux d’approbation de Biden parmi les Américains : 38 %, contre 55 % de désapprobation), que les situations intérieure (inflation) et extérieure (conflit avec la Russie) sont en sa défaveur et qu’une vague républicaine est annoncée en novembre prochain pour les élections de mi-mandat, tout porte à croire qu’il s’agit là d’un simple coup de communication afin de redorer le piètre mandat en cours. En d’autres termes : Obama, à la rescousse des démocrates !

Pourtant, pour les médias de droite républicains, au premier rang desquels la chaîne de télévision Fox News, la mise en scène relève de l’erreur stratégique, pour plusieurs raisons.

Premièrement, l’homme Barack Obama. À l’écouter parler, force est de constater qu’il dispose bien d’un charisme présidentiel qui manque – il faut l’avouer - à son successeur Joe Biden. Le contraste est tel avec l’aisance d’Obama et sa force communicative que Joe Biden, placé derrière lui, debout, en second plan, fait de la peine. C’en est même humiliant. Pire : Barack Obama a débuté son discours par quelques boutades, saluant Joe Biden comme « Monsieur le Vice-Président » ou soulignant que les temps ont bien changé depuis son départ (il faisait référence à l'arrivée d'un chat à la Maison-Blanche et aux nouvelles lunettes de soleil – modèle aviateur - des gardes du corps).

S’il s’est repris, évoquant le good old time (le bon vieux temps), reste qu’à l’écran, il y avait bien un président et un vice-président, et il ne s’agissait pas du duo Biden-Harris. On épargnera les lecteurs de Boulevard Voltaire des images de fin, montrant un Joe Biden seul dans la pièce, ignoré de tous, pendant que Barack Obama – tel un musicien dans la foule - salue et glisse un mot à chacun, bien secondé par Kamala Harris. Trop, c’est trop.

La conférence de presse n'a rien arrangé. L’ancien président des États-Unis en a profité pour dresser le bilan de ses deux mandats : sauvetage de l’économie mondiale – rien que ça - après la crise des subprimes de 2008, investissements record dans les énergies renouvelables, abrogation de la politique Don’t ask, don’t tell (discriminant les homosexuels au sein de l’armée américaine) et, évidemment, son plus grand succès personnel : la réforme du système de santé américain. Tous ces éloges devant poor Joe qui, lui, accumule les échecs. Obama aura beau souligner que tous ces succès furent le fruit d’un incroyable partenariat avec son vice-président, personne n’est dupe. On ressent, d’ailleurs, la nostalgie du mandat Obama dans l’auditoire qui rit à gorge déployée à chaque pique de Barack.

Évidemment, tous les commentateurs auront souligné l’incongruité de cet anniversaire. En une heure trente, pas un mot sur les maux ravageant le pays : inflation, crise sanitaire, conflit russe, crise migratoire à la frontière sud, idéologie LGBTQ+ à l’école et dans les compétitions sportives, guerre idéologique sur l’écologie, etc. La liste est longue. Les douze ans de l'Obamacare n'ont pas masqué la réalité des plaies du mandat de Biden.

Gaëlle Baudry
Gaëlle Baudry
Chroniqueuse à BV, spécialiste des Etats-Unis, consultante indépendante

Vos commentaires

23 commentaires

  1. Soros essaie de rattraper le coup avant les élections prochaines en redorant les étoiles ternies du parti démocrate.

  2. Au risque de déplaire à certains, je pense qu’Obama a été l’un des meilleurs président sur lequel les U S A ont pu compter. Je pense notamment à l’élargissement, pour les plus démunis, de la protection sociale. Au demeurant, une question, de stricte, et peut-être naïve, voire malsaine, curiosité, me traverse le disque dur : lorsqu’un ancien président termine son / ses mandat(s), que devient-il ? Que fait Obama aujourd’hui ? A-t-il retrouvé un emploi ?

    • Je ne me fais pas de souci pour Obama et ses fins de mois !
      En quoi ça nous concerne ?
      Mais vu le profil à la Sarko ( qu’il détestait) , effectivement, son souci principal comme tous les gens riches, c’est « oh ! I can’t afford « . Ceci, sans doute, explique cela.

  3. Quelle popularité pour Biden. Il y a seulement 58% qui ne l’aiment pas ! De quoi faire pâlir de jalousie notre Président.

  4. Obama encore un beau parleur.
    Prix Nobel de la paix ? Pour un va t’en guerre c’est original. Les USA seraient t-ils comme en France à cours d’homme d’état
    pour racler les fonds de tiroirs ?

  5. avoir plus de  » charisme » qu’un homme âgé au bord de la sénilité c’est pas difficile ! le comportement d’Obama/Camharris reste d’une grossièreté totale, et cette aisance crasse
    montre toute la régression des USA;

  6. Cet « ancien » américain est à l’image de l’amateur qui dirige notre pays : plus le bilan est négatif, plus l’exposition s’impose…
    Les médias français seraient infiniment mieux inspirés de se consacrer aux affaires qui concernent la France.

  7. Obama est un criminel de guerre qui a reçu un prix Nobel de la paix. Ce paradoxe montre les contradictions avec lesquelles l’Europe mène sa politique. D’une part, depuis 1991, l’Occident a provoqué une série de guerres illégales et une armée de millions de réfugiés indésirée. D’autre part, la Russie, dont le président est dénigré selon toutes les règles de la diffamation, et les réfugiés de sa guerre d’agression sont chaleureusement accueillis en Europe bien. Trouve l’erreur.

  8. C’est celui qui chaque mardi signait l’autorisation de tirer sur la « populace » de l’Irak et d’autres pays « basanés » (un film de John Pilger – Dark War of Obama)? Le plus corrompu parmi les corrompus? Sauf Biden p.ê. et encore! De toute façon il y a une compète féroce pour le top 5!

  9. Celui qui a déclenché la guerre dans le monde entier revient sur le devant de la scène !
    Prix Nobel de la paix c’est la récompense pour la mafia !

  10. Ou bien, bravant le XXIIe amendement, Obama désire revenir comme vice président, un coup à la Medvedev ? Un  »ticket’ avec…? Ou pour sa femme ?

  11. De la nostalge ? C’est donc que la presse US est tout people et n’a pas fait le bilan . Obama est bel homme et a un large sourire mais dans la droite ligne du prédescesseur qui a provoqué les subprimes il n’a fait que guerre sur guerre comme les autres « Prix Nobel de la Paix ». Celle d’Afghanistan s’est du reste terminée par une défaite honteuse.

  12. Les midterms de l’automne prochain ont toutes les chances de retourner la majorité de la Chambre et du Sénat, provoquant l’élimination de Joe Bidon par application du 25ème Amendement. Son remplacement par CAME-ALLAH imposera à l’Oncle Sam plus de modestie dans ses relations internationales et son leadership revendiqué sur la gestion de la planète.

  13. Biden se fait rouler dans la farine par Obama , s ‘ en rend il compte ?
    Les médias , tellement acharnés contre Trump , sont allés jusqu ‘ à placer un sénile à la présidence , le résultat ne s ‘est pas fait attendre ;
    De là à aller chercher un Obama sûr de lui et arrogant est une situation plutôt hybride , on ne refait pas du neuf avec du vieux ;
    Attendons surtout les élections de mi-mandat en novembre prochain …

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