Quartier de la Négresse débaptisé : une association à la manœuvre

Mémoires et Partages

À Biarritz, malgré la colère des riverains et du maire qui a annoncé saisir le Conseil d'État, le quartier de la Négresse devra être rebaptisé d’ici trois mois, a ordonné en appel le tribunal administratif de Bordeaux, ce jeudi 6 février. À l’origine de ce procès, l’association Mémoires et Partages qui est engagée depuis 2013 dans un bras de fer judiciaire avec la municipalité biarrote pour faire interdire ce nom, jugé contraire « à la dignité de la personne humaine », au quartier qui le porte pourtant depuis le début du XIXe siècle.

Une association militante au cœur de la polémique

Mémoires et Partages, fondée à Bordeaux en 1998, milite depuis sa création pour faire reconnaître aux grandes villes de France leur passé négrier. Une urgence... Pour Karfa Diallo, fondateur et directeur de l’association, « débaptiser le quartier La Négresse s’imposait depuis longtemps [...] dans un contexte national et international où les idéologies d'extrême droite ont préempté les débats citoyens autour de l'anti-repentance ». Le Franco-Sénégalais s’était pourtant défendu de se positionner en faveur de l’effacement de l’Histoire. Interrogé sur France Bleu à propos du déboulonnage de statues, celui qui est aussi conseiller régional écologiste de Gironde avait déclaré, en 2021, qu’effacer ces personnages de l’espace public « reviendrait à nier l’Histoire ». Souffler le chaud et le froid et manier le double discours, tout un art maîtrisé à la perfection par les activistes.

Dès les années 2000, Diallo et son association ont multiplié les initiatives pour renommer certaines rues ou y apposer des plaques « explicatives » afin de replacer l’Histoire dans le contexte de la traite négrière. D’abord rejetées, ces demandes ont fini par aboutir en 2020 et 2022, à Bordeaux, où la mairie, fraîchement passée aux écologistes, a accordé à l’association l’installation de plaques sous certains noms de rues ou de statues, comme la rue Colbert. En 2021, La Rochelle a suivi, puis en 2023 et 2024, Nantes et Le Havre ont également installé plusieurs plaques à la demande de Mémoires et Partages.

Des batailles qui ne se gagnent pas sans subventions

L’association, qui a fait appel aux dons pour financer le procès, se vante de cette victoire contre la mairie de Biarritz, une victoire saluée par les élus écologistes de la Nouvelle-Aquitaine. Présente également à Bayonne, La Rochelle, Le Havre, Paris et Dakar, et riche de subventions discrètes comme ce chèque de 2.500 euros accordé par la ville de Bordeaux en 2021, ou d'aides indirectes (évaluées à 2.918 euros en 2019), l'association consacre une grande partie de son activité à intégrer dans l’espace public son « travail de mémoire » sur l’esclavage en France par le biais d’activités éducatives, comme des interventions auprès des lycéens de la région. Repentance.

En 2022, l’association projetait de créer une Maison Esclavages et Résistances à Bordeaux, estimant qu’un tel projet répondait à « un devoir de mémoire sur ce crime contre l’humanité, qui a contribué à la prospérité bordelaise ». La ville avait apporté un « soutien financier et logistique » de 4.400 euros mais un rapport estimait le coût de la construction de cet édifice public à 5.600.000 euros... La ville déclarait, en mai 2024, qu’elle s’engageait à « poursuivre le travail citoyen initié », avec des conclusions attendues au plus tard à l’été 2025. Ce projet a réussi à « mobiliser la Métropole, le Département de la Gironde, la région Nouvelle-Aquitaine et Etat », se vante cette association décidément très en cour auprès des différents services publics.

Une incessante réécriture

Sa cible prioritaire : les élèves déculturés par l'Education nationale. Considérant que « les cicatrices de l’esclavage sont toujours visibles dans les disparités de richesse, de revenus, de santé et d’éducation », elle mène encore une mission de sensibilisation auprès des jeunes, notamment via le service civique. Objectif : former la jeunesse à « l’humanisme du XXIe siècle »... Parmi ses actions culturelles, les « parcours-mémoires », lancés lors des Journées du patrimoine en 2012, reviennent sur « l’histoire coloniale et esclavagiste » de cinq villes « emblématiques ». Pour 12 euros, un guide propose une relecture du XIXe siècle, sans omettre que certaines figures historiques ont « développé une théorie raciste violente de domination ». Le tout subventionné par la région Occitanie, qui a accordé à ce dispositif la « Carte Jeune » destinée aux lycéens. Toujours, aux frais du contribuable.

Vos commentaires

42 commentaires

  1. Je ne vois pas l’intérêt de changer ce nom. On va peut-être s’en prendre à toutes nos spécialités comme le café appelé le « petit-noir », le gâteau « tête de nègre » va subir le même sort, le black-out aussi, et ainsi de suite sur bon nombre de noms employés jusqu’ici sans aucune aménité ou discrimination contre qui que ce soit. De fait, cela en crée sans doute aujourd’hui.

  2. Il n’a a sans doute pas de rue ou de quartier « de la négresse » qu’à Biarritz, alors devrons-nous nous attendre à voir saisis des tribunaux administratifs et le Conseil d’État (qui ont quand même autre chose à foutre, cela étant dit) pour toutes les villes de France qui font un pet de travers pour des raisons totalement wokistes? Et ceci pour le temps de durée d’une tendance; comme j’ai lu sur Actu.fr: « « On est le fruit d’une époque. Et notre temps a du mal à regarder le passé autrement qu’avec la manière de penser d’aujourd’hui ».

  3. Les Africains devraient se montrer discrets au regard de
    l’esclavage, car les pires esclavagistes furent les Africains eux-mêmes.
    Ils vendirent leurs frères, voire leurs enfants… Et encore on ne parle pas du commerce humain avec les arabes qui a duré des siècles, dans des conditions épouvantables…

  4. J’en ai marre de tous ces juges (TA, Conseil d’Etat, Conseil Constitutionnel, ….etc.) qui décident à la place des citoyens. Encore une décision abscon qui ne fait que donner bonne conscience aux juges sans faire avancer quoi que ce soit. L’histoire de France a été écrite avec énormément de très bonnes choses et quelques mauvaises mais personne ne peut rien y changer

  5. Ce n’est plus ce que c’étaient les Basques….Il y a encor quelques années, il n’y avait pas intérêt à venir de l’extérieur les enquiquiner chez eux…..Un peu comme les Corses…Allons amis basques, ça fait tant plaisir aux Français quand chez vous « ça » se passe mieux que dans le reste de la France et que vous montrez l’exemple de ce qu’il faut faire …..

  6. Pourtant, le mot « négresse » est évocateur. On pense à l’Afrique sauvage, au tam-tam qui résonne dans la savane où rugit le lion au coucher du soleil rougeoyant, à Tombouctou, la cité mystérieuse, au docteur Livingstone, à tous ces récits d’aventure.
    Tous ces wokistes sont en train de tuer la poésie des noms et le rêve.

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