Que disent les Français ?
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L’enquête « Fractures françaises », réalisée par Ipsos-Steria, menée par Le Monde, la fondation Jean-Jaurès et Sciences Po, se révèle toujours d’un grand intérêt pour comprendre l’état moral des Français, ainsi que les ressorts profonds de leurs choix lors des élections. Quels enseignements politiques pouvons-nous tirer de l’édition 2017 ?
- Si les Français sont toujours désenchantés quant à la vie politique, à ses acteurs et aux institutions, ils semblent l’être dans des proportions moins importantes. Ainsi, à la question « Avez-vous confiance en l’Union européenne ? », ils sont 41 % à répondre oui en 2017, quand ils étaient 27 % en 2016. Idem pour l’Assemblée nationale et les députés, avec respectivement 27 % en 2016 pour 35 % en 2017 et 21 % en 2016 pour 33 % en 2017. Certes, la défiance populaire reste impressionnante, mais elle tend à diminuer. Un effet Macron ? C’est possible. Reste que l’espoir tout relatif suscité par le nouveau Président se heurtera vite au mur des réalités. Pour la question de la construction européenne, notamment, le nouvel exécutif apprendra vite qui commande et pourquoi le fonctionnement de cette institution supranationale est bloqué, paralysé par des intérêts nationaux divergents des nôtres, ce qu’illustre parfaitement la polémique relative au travail détaché qui fait tant de mal à l’emploi hexagonal.
- Pareillement, les Français jugent moins négativement la mondialisation et l’Union européenne. Ils sont 52 % à déclarer que la mondialisation est une « opportunité » en 2017, contre 39 % en 2013. À l’identique, ils sont 58 % à juger que la construction européenne est une « bonne chose » en 2017, alors qu’ils n’étaient que 45 % en 2014. Est-ce à dire que la situation des Français se serait améliorée ? Non, bien évidemment. Toutefois, après une période difficile, marquée par de fortes tensions sociales et l’hyper-terrorisme islamiste, les Français ressentent probablement le besoin de rompre avec la déclinologie ambiante des dernières années. Les électeurs de droite sont, d’ailleurs, plus pessimistes car plus lucides sur les sujets d’identité ou les sujets régaliens. De fait, cependant, la mondialisation est un phénomène historique naturel depuis la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. La vraie question devrait donc être : Comment la France peut-elle se prémunir des effets pervers qu’entraîne aussi la mondialisation ? Hubert Védrine distingue les « mondialisateurs » des « mondialisés ». C’est précisément ce que nous devrions faire en distinguant les sujets pour lesquels une gouvernance internationale pourrait être utile, voire nécessaire, à l’image de l’écologie ou de la lutte contre l’immigration massive, et ceux qui devraient relever de l’État français souverain, tant en matière économique que dans le domaine de la justice.
- Dernier point essentiel : les Français rejettent massivement l’immigration massive et ses suites. Pour 65 % des Français, il y a trop d’étrangers dans notre pays. Plus significatif encore, 61 % des Français jugent que les étrangers ne font pas d’efforts pour s’intégrer. En outre, ils ne sont que 40 % à penser qu’une stricte observance de la religion musulmane puisse être compatible avec les valeurs de la société française. Des chiffres éloquents qui témoignent d’une opinion raidie par la crise des « migrants », les heurts autour du camp de Grande-Synthe, les attentats terroristes ou les polémiques apparues autour du port du « burkini », du voile à l’université ou des pratiques religieuses au sein des entreprises.
À nous de bien comprendre ce que les Français nous disent. Après l’euphorie viendra la déception. Nous devons nous tenir prêts à mener la politique voulue par le peuple.
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