Que sont, au juste, ces fameux « principes républicains » ?

Capture d'écran X
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Si le résultat des élections législatives confirme la totale déconfiture de son camp, il se dit qu’Emmanuel Macron pourrait mettre en œuvre l’article 16 de la Constitution, c’est-à-dire… s’octroyer les pleins pouvoirs. Rien de moins. En tout esprit républicain, bien sûr.

Mais, au fait, c’est quoi, cet « esprit républicain » et ses fameux « principes » du même métal dans lesquels ils se drapent tous pour contrer le Rassemblement national ? À la façon dont pédalent toutes les personnes à qui l’on demande, primo, de les définir, secundo, de dire en quoi le RN y déroge, ça semble bien difficile à cerner.

Si l’on s’en réfère à ceux que la République enseigne à ses enfants, les principes intangibles sont : liberté, égalité, fraternité, laïcité. C’est simple sur le papier, mais à géométrie totalement variable en fonction de la couleur politique de qui les énonce. C’est ainsi qu’au mépris total de la démocratie, on entend appeler ici et là à la désobéissance civile comme garant desdits principes républicains.

 

« Je suis universitaire, je n’ai pas trop à servir l’État »

 

La semaine passée, c’est le maire de Grigny qui déclarait : « Si le pire arrive, il y aura de la résistance et de la désobéissance civile. » Aujourd’hui, c’est Serge Slama, un professeur à l’université de Grenoble – donc, agent de l’État – qui annonce, au cours d'une émission intitulée Si le RN arrive au pouvoir, sur Mediapart : « Heureusement, je suis universitaire, donc je n’ai pas trop à servir cet État (sic). Je ne suis pas policier ou haut fonctionnaire, n’empêche que ça pose des questions. Et moi, la seule chose que je vois, c’est désobéir. » Et, donc, « très clairement, si demain le RN est au gouvernement, je n’appliquerai pas leurs lois si elles sont contraires aux principes républicains, si elles sont contraires à nos valeurs ». Lesquelles, une fois encore ? Doté d’une boule de cristal, il annonce : « Par exemple s'ils décident d’exclure des étudiants internationaux (sic) de l’université, et très clairement c’est ce qu’ils vont faire ; c’est-à-dire s'ils veulent baisser les flux d’immigration, ils vont couper de moitié les visas étudiants, par exemple. Eh bien, moi, je ne serai pas le relais de cette politique. Je continuerai à accueillir des étudiants internationaux. »

 

 

Devinez ce qu’enseigne ce monsieur : le droit public… Et c’est donc au nom du droit qu’il conclut : « C’est clair, je n’appliquerai pas la politique du RN. Je désobéirai dans la limite du respect des principes qui constituent notre société, notre État de droit. » Accessoirement, on pourrait ajouter que ce monsieur, qui n'est pas propriétaire de sa charge comme sous l'Ancien Régime, perçoit un traitement payé par le Trésor public, donc par nos impôts. Un détail, sans doute.

 

La préférence française, non ; la préférence étrangère, oui !

 

Même son de cloche du côté des associations qui craignent d’être dépossédées. Un long papier d’Alternatives économiques leur prévoit un avenir apocalyptique : si le RN arrive au pouvoir, « la liberté associative va être directement menacée, ce, d’autant que les outils existent déjà avec la mise en place, depuis 2022, du contrat d’engagement réciproque par le gouvernement ». Et de rappeler, horresco referens, que le préfet de la Vienne « avait contesté l’attribution d’une subvention de la mairie de Poitiers à Alternatiba en raison de l’organisation, par cette association, d’un atelier de formation à la désobéissance civile ». De rappeler, également, les critiques de Darmanin à l’encontre de la Ligue des droits de l'homme pour son soutien aux Soulèvements de la Terre et d’affirmer, toujours dans ce papier, que « toutes les associations de défense des droits sont menacées, notamment pour les causes LGBTQ et féministes ».

Rassemblés sous la bannières de l’ESS (Économie sociale et solidaire) présidée par Benoît Hamon, ces gens appellent « à participer aux mobilisations, à rejoindre les campagnes électorales du camp républicain », donc assimilé au Nouveau Front populaire. Car « réserver les aides sociales aux Français (handicap, pauvreté, personnes âgées, mineurs en danger, sans-abri, etc.) » est un principe discriminatoire et antirépublicain, nous disent-ils.

La préférence française, non ; la préférence étrangère, oui. Et tant pis pour la démocratie foulée au pied !

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Un professeur qui appelle à la désobéissance civile dans le cadre de son activité professionnelle ? C’est une faute grave et donc un licenciement pour faute grave, sans préavis, sans indemnités. C’est la loi. Il pourra toujours continuer à désobéir et chercher du boulot ailleurs.

    • Vous avez raison mais encore faut-il le faire. Croyez- vous que dans les circonstances actuelles, le préfet, le recteur d’académie et le ministre de l’EN vont entamer une procédure en destitution ?

  2. L’inversion accusatoire fonctionne toujours aussi bien dans notre pays. Le totalitarisme de ces enseignants, qui les aveugle, les conduit à prêter aux autres leurs propres comportements, et cela marche, hélas , tant le lavage de cerveau est infiltré partout !

  3. Benoît Hamon président de l’ESS, confier la caisse à un socialiste, c’est pas prudent.

  4. La désobéissance peut aussi être à droite, après c’est l’anarchie, faut peut être y réfléchir.

  5. Un prof à Grenoble université appelle à la désobéissance civile, alors c’est une mise à pied disciplinaire sans solde.

  6. Une chose sera simple si le RN arrive au pouvoir, adopter une loi interdisant à toute administration publique,Mairie,conseil départemental, régional,État, d’attribuer des subventions à des associations et à la presse, tout simplement.Ensuite décréter ou légiférer pour faire en sorte que tout fonctionnaire public ou territorial, ou représentant de l’État, préfet,de la justice,etc, soit immédiatement révoqué sans indemnité en cas de refus d’appliquer les lois votées.Je vous garantis que là,les choses vont changer.

  7. Un peuple est défini par un territoire (donc par des frontières) et par une culture commune (donc par une Histoire où se sont forgées ses valeurs). La démocratie, c’est la souveraineté du peuple sur lui-même.
    Ainsi, il n’y a pas de démocratie universelle, supranationale. Un agrégat de peuple n’a pas de territoire commun ni de culture commune. Cet agrégat ne pourra donc pas exercer la démocratie car il n’aura pas de volonté commune, il sera tiraillé par des objectifs différents, souvent contradictoires. Le patriotisme, c’est-à-dire veiller sur son peuple, est le fondement de la démocratie.
    Donc ce monsieur voulant mélanger les peuples et leurs cultures, en effaçant les frontières, est un anti-démocrate.

  8. Les principes républicains entre deux tranches de valeurs,du même morceau à déguster sur le pouce et sur l’aile d’une traction avant, sten en bandoulière ,entre deux tontes de collabos avant la récupération prolétarienne de l’argent d’une caisse d’épargne . Attention au partage !

  9. Que tous ces gens remplis de bonne volonté pour aider ces populations partent les instruire , les loger et les soigner dans leurs pays sans les subventions prélevées aux contribuables français . Pour ceux là il importe peu que celui qui travaille , cotise , paie des impôts ne puisse plus se soigner , se nourrir et se loger .

  10. D’abord, on ne dit pas « principes républicains » mais « valeurs républicaines ». « Principes » a en effet une connotation rigoriste qui frise l’extrême droite voire l’ultra droite. En plus c’est masculin, quelle horreur! Alors qu’avec « valeurs », on est forcément dans le camp du bien, parce que si ça vaut quelque chose, c’est forcément bon, non? Et puis c’est féminin donc si on n’est pas d’accord, c’est qu’on est sexiste…

  11. Amusant, le front populaire en 1936 …
    Promeut la préférence nationale.
    Le 1er octobre 1936, Salengro répond à une question posée par un député de la Moselle sur les expulsions récentes d’ouvriers étrangers de Lorraine. Sa réponse ferait aujourd’hui scandale : « Les décisions prises à l’égard des étrangers expulsés à la suite des incidents de Moyeuvre-Grande ont toutes étaient motivées par des raisons graves : l’attitude particulièrement violente des intéressés qui, parfois, ont manqué de la correction la plus élémentaire à l’égard des autorités locales, justifie pleinement de telles mesures. Si le gouvernement entend rester fidèle à tous les principes humanitaires et faire tout spécialement honneur aux traditions d’hospitalité, il ne saurait tolérer que les étrangers abusent de l’asile qui leur est offert en intervenant dans les conflits politiques et sociaux. ». Une expulsion pour un manquement aux règles de la correction. Le refus de voir les étrangers s’immiscer dans la vie politique et sociale de la France.

    Les travaillistes anglais en campagne législatives.

    Les travaillistes (gauche) britanniques font campagne pour la priorité nationale : “je vous fais cette promesse : je contrôlerai nos frontières et ferai en sorte que les entreprises britanniques soient aidées à embaucher en priorité des Britanniques”

    • C’est bien connu, il n’y a qu’en France que l’idée de « préférence nationale » choque…

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