Quel avenir pour l’OTAN ?
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Pendant la campagne électorale américaine, Donald Trump avait émis des doutes sur la raison d’être de l’OTAN. Cette alliance a été créée pour faire face à la menace soviétique. La disparition de celle-ci rend logique la remise en cause de celle-là.
Pourtant, depuis et encore jeudi, en Pologne, le président américain semble avoir changé de discours. En effet, il a réaffirmé son soutien à l’article 5 du traité, celui qui prévoit que toute attaque contre un membre de l’Alliance est considérée comme une attaque contre tous ses membres. Néanmoins, ce discours polonais porte des germes d’évolution du rôle de l’OTAN.
En effet, M. Trump a mis en avant la nécessité de défendre la civilisation occidentale. S’il a mentionné la menace soviétique, c’est pour dire que celle-ci avait été défaite par cette civilisation mais que d’autres menaces pèsent sur elle, parlant explicitement du terrorisme islamiste.
Y a-t-il une civilisation occidentale ? Quelles seraient ses valeurs qu’il faudrait défendre ? Pour l’islamisme, la réponse est clairement oui, et c’est contre elle qu’il lutte. Notre ennemi fait en quelque sorte notre unité. Mais cela ne suffit pas à définir les valeurs qui nous seraient communes et qu’il vaudrait de défendre ensemble. Paul Valéry définissait l’homme occidental comme celui ayant reçu le triple héritage de la Rome des Césars, de celle des papes et d’Athènes. C’est d’ailleurs bien cet héritage que veut détruire l’islamisme.
Plus que Valéry, l’auteur qui est peut-être derrière le discours de Trump est Samuel Huntington. Dans un essai de 1993, Le Choc des civilisations, cet essayiste américain divisait le monde en différentes civilisations. Les conflits, selon lui, ne seraient plus à l’avenir dictés par des considérations économiques ni idéologiques mais culturelles. La thèse est controversée. Pour qu'elle soit pertinente, il faudrait considérer le monde musulman comme une entité homogène. Ce qu’il n’est pas plus que le monde occidental. Mais la thèse est assez simple à saisir et on trouve sans mal des faits semblant la corroborer. Par ailleurs, Huntington prônait une forme d’isolationnisme de chaque bloc civilisationnel, précisément pour éviter leur affrontement.
La perspective d’une alliance civilisationnelle, si elle est fondée sur des valeurs culturelles fortes, peut apparaître intéressante. Mais elle se heurte à des difficultés.
Tout d’abord, cela signifierait la fin du soutien inconditionnel à l’Arabie saoudite. Perspective que le dernier voyage de M. Trump dans ce pays rend irréaliste. L’intérêt est un moteur fort et celui des États-Unis est d’assurer l’approvisionnement en carburant de ses habitants.
Ensuite, cela signifierait un changement d’orientation de l’OTAN, dont les forces sont encore largement tournées vers la Russie. Il est, certes, nécessaire d’établir avec elle des relations plus apaisées et le président américain semble vouloir en prendre le chemin. Pour autant, un tel renversement d’alliance est-il possible ? Les pays de l’Est européens ont encore un vif souvenir de la domination soviétique. Il n’est pas certain qu’ils puissent s’allier avec leur ancien occupant, d’autant qu’il leur paraît encore menaçant.
Enfin, comment l’OTAN pourrait-elle être un rempart face à des problèmes qu’elle a contribué à créer ? L’intervention en Libye a été une catastrophe et marque le début d’une vague migratoire sans précédent vers l’Europe. Partout où les États-Unis sont intervenus - que ce soit en Irak, en Afghanistan, en Somalie, en Libye ou ailleurs dans le monde musulman -, la situation est pire qu’avant. L’Occident apparaît souvent aux yeux des musulmans comme l’agresseur. Ce n’est certes pas la seule explication à l’hostilité de certains musulmans envers nous, mais c’en est une.
L’avenir nous dira quelle orientation prendra la diplomatie américaine et quel sera l’avenir de l’OTAN. Il est certain que des changements vont se faire jour.
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