Quel horizon pour le baccalauréat ?
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Le discours de politique générale d’Édouard Philippe a confirmé les annonces de son ministre de l’Éducation nationale concernant la refonte du baccalauréat. L’intention, fort louable, est qu’il corresponde mieux aux prérequis de l’enseignement supérieur pour en finir avec un taux d’échec de 60 % en licence, selon les propos du Premier ministre.
Si l’intention est nette, les contours de cette réforme, qui ne dit pas son nom, le sont moins. « En même temps », l’intention étant d’ouvrir une concertation avec tous les acteurs de l’Éducation, il faut bien garder des marges pour intégrer d’éventuelles propositions venant de ces acteurs. Mais les grandes lignes sont fixées.
Il s’agirait de resserrer le nombre d’épreuves finales à quatre, nombre avancé pendant la campagne par M. Macron sans qu’il n’ait été confirmé mardi. Les autres disciplines étant validés par contrôle continu. Disons-le : le contrôle continu a mauvaise presse parmi les enseignants. Il ouvre le risque à des pressions, de la hiérarchie, pour améliorer les performances du lycée, des parents aussi. Par ailleurs, si tout le monde est d’accord pour estimer qu’il y a trop d’épreuves finales, personne n’est d’accord pour que sa discipline disparaisse de ce contrôle. Il faut aussi savoir si les épreuves anticipées de français, passées en première, feront partie du lot ou pas.
Les discussions devront éclaircir cela et devront prévenir les risques du contrôle continu. Mais, surtout, cette réforme n’aura de sens que si les épreuves finales sont ordonnées à la filière suivie (sciences, économie, littérature, technique, etc.). C’est-à-dire d’une part qu’elles soient d’un niveau exigeant, demandant pour réussir que le candidat maîtrise les savoirs et méthodes nécessaires à la poursuite d’études dans ce domaine. D’autre part qu’il ne soit pas possible, pour un candidat, d’obtenir son baccalauréat grâce au contrôle continu dans d’autres disciplines, alors qu’il n’aurait pas réussi ces épreuves finales. Aujourd’hui encore, des élèves peuvent obtenir leur baccalauréat scientifique avec un 6 en mathématiques.
N’importe quel baccalauréat ne devrait plus permettre d’accéder à n’importe quelle filière universitaire. C’est ce que semble vouloir faire le Premier ministre quand il indique vouloir mieux intégrer le lycée professionnel avec les filières courtes (BTS et licences professionnelles). Il ne devrait donc plus être possible, pour un bachelier professionnel, de s’inscrire à l’université, où sa probabilité d’échec est supérieure à 90 %. À l’inverse, cela signifie qu’un bachelier général ne serait pas prioritaire pour accéder à ces filières courtes. Cette politique a déjà été amorcée par le précédent gouvernement, elle semble se confirmer.
Mais il faut alors l’annoncer clairement et bien à l’avance. Bien des familles se disent, en effet, qu’il ne coûte rien de tenter un baccalauréat général (S, la plupart du temps), quitte à bifurquer après vers des filières courtes. Il faudra expliquer que de telles stratégies ne sont plus pertinentes et qu’il faut que leur enfant s’oriente en fonction de ses capacités et de ses projets.
Le gouvernement semble avoir tranché en faveur d’un bac qui serait le premier pas dans le supérieur et non un diplôme de fin d’études secondaires. C’est un choix qui s’entend et qui peut faire consensus. Mais il faut qu’il soit assumé et conduit de manière cohérente.
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