Quelle féministe se lèvera pour défendre Mona ?
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Est-ce le soleil de la Méditerranée qui fait perdre la tête ou, plus prosaïquement, le sens de la mesure ? Même si l’Égypte et Marseille sont diamétralement opposés sur cette mer, il y a une similitude entre la célèbre sardine qui bouchait le port phocéen et le verdict de cette cour d’Égypte qui condamne Mona Al-Mazbouh à huit ans de réclusion pour « atteinte au peuple égyptien ».
Son crime ? Cette touriste libanaise s’est plainte, dans une vidéo rendue publique sur Facebook, de ce qu’elle subissait dans les rues, les restaurants ou les taxis : du harcèlement et des arnaques. Traiter l’Égypte de pays de salopards a déplu, plainte a été déposée et Mona Al-Mazbouh a été arrêtée à l’aéroport en mai dernier. Puis jugée et condamnée. Son jugement en appel aura lieu fin juillet.
On aimerait tant que ce fait divers soit juste cocasse, mais huit années de la liberté d’une jeune femme sont un enjeu assez grave pour que ce soit tragique.
Les normes judiciaires sont propres à chaque pays et relèvent de la souveraineté nationale, tant pour la qualification des faits que pour leur sanction. Mais certaines lois punissent la victime d’être une victime. Être violée dans un pays comme l’Arabie saoudite ou le Qatar entraîne une inculpation pour adultère. Ne parlons pas du Pakistan, où la lapidation par sa propre famille d’une femme violée n’est, dans les faits, pas poursuivie. Le patriarcat local de ces pays réifie les femmes et instrumentalise la Justice. Quelle régression par rapport au stade archaïque de la Justice dont l’ambition est de substituer la sanction aussi équitable que possible imposée par un tiers à la vengeance privée !
Curieusement, les féministes de France et de Navarre nous assourdissent de leur silence. Madame Coffin préfère se battre pour la part de marché des lesbiennes sur les plateaux télé LGBT et convoque au tribunal médiatique Claude Lanzmann - qui ne pourra plus se défendre. Madame Fourest se soucie des dissensions dans la communauté LGBT où les accusations de pinkwashing volent bas. Madame Rossignol exporte l’avortement-panacée en Argentine. Madame Autain, elle, tente d’inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution française.
Madame le sous-ministre Schiappa devrait comprendre que l’élargissement des trottoirs à Paris, ce n’est pas assez ambitieux : ce projet doit aussi être prioritaire en Égypte, pour éviter que soient harcelés les touristes de genre féminin (qu’il s’agisse d’expression ou d’identité de genre, attention !). Malgré ses origines italiennes, elle pourrait revêtir une très hidalgote et donquichottesque armure pour une nouvelle croisade : éradiquer le mansplaining et le manspreading, qui n’ont que trop vécu à l’ombre des pyramides. Ou faire don à l’Égypte de cette superbe loi contre le harcèlement que le monde nous enviera bientôt, mais qui ne protège pas les filles de moins de quinze ans d’un viol : elles peuvent être consentantes. Ou y imposer l’écriture inclusive dont j’ignore si elle peut exister dans la calligraphie arabe où les points ne sont pas que sur les "i" et les "j". Et pourquoi pas, en prime, des avions Rafale et les deux BPC Mistral, donner une lecture publique complète des Monologues du vagin devant le Sphinx.
Bref, il faudrait sauver la soldate Mona. Mais ne comptons pas trop sur les féministes de France.
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