Quelles seront les premières mesures du gouvernement RN ?

©Service photographique de Matignon
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On connaît la rengaine : le RN, parti d’opposition, n’aurait pas de programme, ou alors celui-ci serait bourré de contradictions. Une vision des choses démentie par le député Jean-Paul Garraud, réélu au Parlement européen ce 9 juin. « Nous nous préparons depuis longtemps à une arrivée à Matignon, explique-t-il à BV. Nos programmes sont connus. Il y a beaucoup à faire en même temps dans des domaines variés, mais nous sommes prêts. »

Quelle serait la marge de manœuvre d’un gouvernement RN en cohabitation avec Macron - ce qu’Apolline de Malherbe appelait, ce lundi 10 juin, en recevant Sébastien Chenu sur BFM TV, « arriver au pouvoir à moitié » ? ll faut distinguer entre les mesures immédiates et celles pour lesquelles il faudra « avoir tous les leviers », lui répond-il. En clair : que Marine Le Pen soit présidente de la République. Le référendum sur l’immigration appartient à cette dernière catégorie : impossible si le RN n'occupe pas l'Élysée. Les premiers jours du RN au pouvoir seraient marqués par une série de réformes.

• Gaz moins cher et logements sociaux aux Français. Selon Sébastien Chenu, un gouvernement RN stopperait immédiatement la hausse du prix du gaz (annoncée pour le 1er juillet). Jean-Paul Garraud renchérit : « Il faut sortir de la tarification du marché européen de l’électricité, détaille-t-il à BV, et réviser les 60 % de taxes qui touchent le carburant. » Une remise à plat du secteur énergétique dont les tarifs pénalisent lourdement le porte-monnaie des familles. De son côté, Jean-Philippe Tanguy (sur France Info) préconise une mesure de bon sens : l’application de la préférence nationale dans l’attribution des logements sociaux. Ce qui permettrait à des familles de vivre plus près de leurs lieux de travail, en particulier en région parisienne.

• Coup de frein à l'immigration algérienne. Une révision des accords de 1968 avec l’Algérie serait immédiatement entamée. Ces accords dérogatoires donnent des prérogatives indues à l’Algérie, incompréhensibles et inadaptées, un demi-siècle plus tard. « Édouard Philippe ne l’avait pas fait, et aujourd’hui, il dit "il faut abroger ces accords de 68" », rappelle Chenu. La question avait été discutée à l’Assemblée nationale, en décembre dernier, lors de la journée « niche » des Républicains. Les élus RN avaient voté contre, mais il en manquait 40 sur les bancs pour l’emporter, d’où un psychodrame à droite.

• Pas de quartier pour les trafiquants et les mineurs violents. Pour réduire l’insécurité, l’urgent est de revenir à une Justice « moins laxiste », souligne Sébastien Chenu. Une mesure que développe Jean-Paul Garraud, dont Marine Le Pen a dit dans le passé qu’il serait son garde des Sceaux. « Il suffit de nouvelles directives en matière de lutte contre le trafic de drogue qui génère 70 à 80 % des infractions commises (dont les plus violentes). Je peux vous assurer que l’impact sera rapide. » Face à la violence des mineurs, il prône l’abaissement, sans tarder, « de la majorité pénale de 18 à 16 ans pour en finir avec le double discours préventif-répressif - d’autant que ce sont souvent des gens qui ont déjà épuisé les ressources du préventif… » Sébastien Chenu, lui, promet la suppression des allocations familiales aux parents d’enfants délinquants.

• Fin de l'audiovisuel public. Pour résorber la dette que le macronisme a fait exploser, Sébastien Chenu énumère quelques « choix budgétaires dans l’intérêt des Français » : une « taxe sur les surprofits » (qui rejoint le §16 du programme présidentiel sur les spéculations) et le lancement du processus de privatisation de l’audiovisuel public - un gros chantier : « Cela ne se fait pas en 15 jours, mais dans le cadre d’un mandat », dit-il. L’économie atteint 4 milliards d’euros annuels. Restons dans les gros sous : pour relancer la productivité des entreprises, le gouvernement RN sonnerait la fin de « l’inflation normative », cet excès de règles et de bureaucratie qui leur coûte des milliards, handicape les entreprises françaises et fausse la concurrence.

• Pédale douce sur le sociétal. Le projet de loi loi sur la fin de vie devait être étudié cette semaine à l’Assemblée nationale. Il passe à la trappe et ne devrait pas revenir sur la scène avec un gouvernement RN. Aux yeux de Marine Le Pen, les sujets sociétaux provoquent plus de mal que de bien : ils fracturent l’opinion. Priorité serait donnée à une réflexion sur le renforcement des soins palliatifs.

• UE : récupérer fissa le droit de veto français. Beaucoup des réformes à venir en France, rappelle Jean-Paul Garraud à BV, sont liées d’une façon ou d’une autre à l’UE. « La question urgente est le blocage de la révision des traités qui mène à l’asservissement des nations à l’UE, avec la fin du droit de veto. Il faut revenir dessus avant que le processus ne progresse. La France ne piloterait plus sa politique de défense ni sa politique migratoire… » L’occasion est là, puisque « le RN arrive avec la plus forte délégation de tout le Parlement européen ». Il va se joindre à d’autres formations dans un groupe. En s’alliant avec d’autres groupes, des réformes de fond deviendront possibles dans l’Union européenne, mais aussi en France, puisque l’une ne va pas sans l’autre.

Soit six chapitres urgents et autant de secousses douloureuses pour la gauche qui a fait de ces sujets d'intouchables vaches sacrées.

Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

65 commentaires

  1. Redresser _ même un peu _ risque d’être long et frustrant, tellement la tâche est rude. Entre mille choses à faire il faut respecter les citoyens et arrêter non seulement de les prendre pour des sots mais agir. Remédier aux promesses non-tenues au sujet de la sécurité, l’administration judiciaire, respecter les retraités ( indexer leur retraite sur l’inflation ) , stopper le wokisme, service public, changer la direction de France Télévisions, cesser les financement douteux de trucs et de machins. De toute façon, il a un piège. Si la Droite décoit… ; et puis aux JO le Ministre de l’Intérieur aura une lourde charge ( si problème, il n’en serait pas le responsable, mais… ). Bref, rien de simple.

  2. Il y a le programme de prévu et l’application de ce dernier, nous verrons le moment venu s’il sera appliqué ou profitera d’un aménagement…

  3. Vous rêvez tout debout ! D’abord, les législatives ne se font pas à la proportionnelle et il n’y aura pas de raz de marée RN, et donc, extrêmement peu de chances que M. Bardella soit accepté par l’A.N., ensuite, parce qu’il ne trouvera pas de majorité pour voter ses propositions (aucune proposition du RN n’a été votée par la précédente, car il n’y a pas eu d’alliance). La diabolisation explicite ou implicite continuera. Enfin, les conseils constitutionnel et d’État veilleront au grain, aidés par la commission européenne ! Au cas où M. Bardella était appelé « aux affaires » il ne pourrait qu’endosser le fiasco des jeux olympiques et le lourd passif des années Macron ! La seule chose qu’il pourrait, peut-être, faire, serait de nommer une commission du bilan permettant d’évaluer précisément le passif.

    • Complètement d’accord, tout est verouillé. Le changement de constitution souhaité par Marine Le Pen, et moqué par Macron, n’est pas pour demain. Blackrock et son VRP Edouard Philippe sont dans les starting-blocks, la France est bel et bien vendue, dépecée par les mondialistes dont Macron exécute les ordres !

  4. Il n’y aura pas de gouvernement RN pour la simple raison que le RN ne répliquera pas son score des européennes. Dans l’élection de dimanche dernier, les français ont manifesté leur mauvaise humeur, ignorant pour la plupart l’enjeu des Européennes. A présent on va leur dire et répéter, et sans doute à juste titre, qu’un gouvernement RN entraînerait le chaos. Nous aurons le chaos de toute manière.

  5. Une mesure urgente serait de cesser les subventions aux assoces prônant la décadence (immigration débridée, déliquessence des moeurs-LGB…etc… ). Ces aides, créées du temps où il n’y avait que la Croix-rouge ou Emmaus de l’abbé Pierre, ont dérivées vers un financement de tout et de n’importe quoi. Dans un pays endetté à 3000 milliards, c’est indécent.

  6. À propos de l’audiovisuel public, tant qu’ils ne me suppriment pas « Questions pour un Champion », ça me va bien.

  7. Près de 4 milliards d’euros pour l’audiovisuel public français, c’est ce que l’État finance chaque année. Pour des programmes et des journalistes d’extrême gauche.

  8. Assez d’accord avec les mesures énoncées, mais l’application dans les faits risque de rencontrer de nombreuses embûches de la part des syndicats, des magistrats, sans parler des organisations européennes diverses et variées. Un bémol sur la privatisation des médias publics : Certes, cela ramènera de l’argent, mais côté matraquage idéologique ce sera blanc bonnet et bonnet blanc. Il suffit de regarder TF1, M6, W9, etc. pour comprendre que la gauche à une totale main mise sur tous les médias, et il y a gros à parier que l’acheteur potentiel serait encore de gauche. La vraie solution consisterait à garder les médias publics (en tout cas en partie) et à leur imposer un cahier des charges drastique.

  9. C’est certain, il y a du pain sur la planche !
    Personnellement, j’aimerais être une petite souris dans la maison ronde de Radio France, et des quelques autres immeubles.
    Les extrémistes gauchistes grassement payés par les français pour faire leur propagande mensongère, doivent se ronger les ongles jusqu’à l’os, à l’idée qu’ils auraient à traverser la rue pour trouver un job.
    Comptez sur moi pour ne pas les plaindre, ou pour leur dire au feu tricolore, que le petit bonhomme est vert, alors qu’il est bien rouge, lui aussi !

  10. Le RN va faire un bon score mais peut être pas à la hauteur des européennes. Et si Bardella devient 1er ministre, Macron va lui faire vivre un enfer, fera tout pour le discréditer pour le pousser à la démission.
    Macron est machiavélique, ne pense qu’à lui et ne soutienr même pas son camps. On n’a ni vu ni entendu Attal depuis dimanche soir.

  11. en lisant les commentaires je constate qu’il y a toujours tout ceux et celles qui freinent  » des quatre fers »,  » et vous croyez que ceci ou que cela  » ? çà suffit les tergiversations ! il ne dépend que de votre vote pour les choses changent ! alors sans doute pas en un claquement de doigt évidemment, personne ne prétend non plus que ce sera facile, mais à minima, s’il existe une petite chance il faut la saisir et cesser de s’éparpiller en circonvolutions frileuses !

  12. Et pour les autoroutes, qui coûtent un bras aux français, c’est dans le programme, ou le RN continue garder a fzire fructifier la poule aux oeufs d’or, pour compenser les baisses..

  13. Le programme électoral alléchant c’est un peu comme le menu du restaurateur après il faut voir ce qu’il y a dans l’assiette et comment ça a été cuisiné.

  14. La priorité c’est de bloquer les envahisseurs à nos frontières pour sécuriser la vie des Français .

    • Et faire des économies, car toutes ces « Chances pour la France » nous coûtent un pognon fou dans tous les domaines.

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