Questions de genre à l’époque mérovingienne : à Saint-Germain-en-Laye, l’expo Clovis se met à la page !

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C'est Noël ou, plutôt ce sont les FFA (les fêtes de fin d'année : « Belles fêtes à vous », au passage), et pendant ces longues vacances, on cherche parfois de quoi s'occuper en famille. L'expo « Le monde de Clovis », au musée de Saint-Germain-en-Laye, ravira petits et grands. Elle vous propose de vous immerger dans le haut Moyen Âge en vous mettant dans la peau d'un des quatre personnages imaginés par les commissaires d'exposition. Deux hommes et deux femmes, sans surprise, dont les profils, en revanche, surprennent beaucoup : Bathilde, fille d'esclaves anglo-saxons, veut devenir créatrice de mode ; Geneviève, issue de la communauté syrienne de Paris, veut « se tailler une place dans le monde franc » ; Andarchius, paysan, « compense son origine modeste par une grande audace » et a de l'ambition ; Médard, enfin, issu d'une noble famille franque, est lettré, fin stratège et veut être digne de son père en partant guerroyer.

À l'exception de Médard, qui semble découpé dans une chanson de geste, et à qui l'on découvrira probablement plein de défauts, au cours de l'expo, puisqu'il est patriarcal jusqu'à la caricature, les autres personnages, pourtant inventés (on l'imagine) avec l'aval d'un comité d'historiens, sont totalement anachroniques. Dans la vie médiévale, Andarchius, le self-made-man, aurait dû construire son projet sur trois ou quatre générations au moins, et ce, d'ailleurs, à condition de dépasser la trentaine ; Bathilde, même affranchie, aurait probablement été, au grand maximum, marchande de drap ; Geneviève, quoique évidemment issue de la diversité, n'aurait pas pu - pas davantage que Bathilde ou Andarchius, d'ailleurs - « se tailler une place dans le monde franc » tout simplement parce que c'était une femme.

Cet anachronisme « netflixien », qui pourrait être simplement ridicule, et auquel il ne manque que la reine guerrière guinéenne régnant sur la France entourée d'une cour de nains travestis, semble devenir préoccupant quand on prend la peine de lire les cartels comme celui-ci : (Didier Rykner, sur Twitter) « Et que pensaient les Mérovingiens de l'écriture inclusive ? »

Récapitulons. À moins d'être moine, on était, à l'époque mérovingienne, obligé de se marier avec une personne du sexe opposé. En soi, c'est déjà horrible, n'est-ce pas - et cela renforce, au passage, les thèses anticléricales contemporaines (voir Sodoma, de Frédéric Martel) selon lesquelles le clergé est, par défaut, un repère d'homos. Par ailleurs, le mariage, s'il est « civil et non religieux » (ouf, c'est déjà ça, hein), est d'abord une « stratégie sociale » qui unit les familles, les clans et les terres, les richesses et le prestige. Un petit peu comme jusque dans les années 50 à la campagne, non ? Les mariages dits « d'amour » de la France contemporaine, à ce propos, se terminent, dans 50 à 70 % des cas, par des divorces. Mais restons concentrés.

« Les questions du genre et de l'homosexualité ne se posent pas du tout dans les mêmes termes qu'actuellement. » C'est probable, en effet : peut-être parce que le taux de mortalité, les conditions de vie et le poids écrasant du réel coupent l'herbe sous le pied. La partie la plus riche d'enseignements est probablement la conclusion : « Il est impossible, pour un Franc, de se projeter dans les identités et les unions que nous connaissons aujourd'hui, et qui sont le fruit d'une longue histoire. »

Mais alors, pourquoi ça ? Pourtant, les Francs, comme les Romains, comme les Grecs, connaissaient les questions (assez païennes, d'ailleurs) liées au travestissement, au « troisième sexe », à l'homosexualité et à toutes sortes de comportements divers, y compris avec des enfants ou des adolescents (prochain verrou qui sautera chez nous, probablement). Pétrone, écrivain déconstructeur pourrait-on estimer, a écrit son Satiricon, et Héliogabale, empereur queer pourrait-on dire, a régné avant les invasions barbares. De là à y voir un lien de cause à effet, d'ailleurs... En revanche, les Mérovingiens n'accordaient pas à ces questions une place centrale - peut-être parce que ces questions, dans une société qui a un instinct de conservation, ne sont pas centrales et ne le seront jamais. Peut-être, également, parce que la famille était alors une cellule fondée sur les lois de la nature, allez savoir ?

La phrase de conclusion, elle, ouvre un questionnement intéressant. « Les "identités" [on parle probablement, ici, des 70 et quelques identités LGBTQI+++] et les "unions" [de tous les sexes] que nous connaissons aujourd'hui sont effectivement le fruit d'une longue histoire. » Il est même possible, pour ne pas dire probable, que ces inventions de genre et d'identité soient le fruit, non seulement d'une « longue histoire », mais aussi et surtout d'une construction sociale. La Rochefoucauld disait qu'« il y a des gens qui ne seraient jamais tombés amoureux s'ils n'avaient pas entendu parler de l'amour ». De même, combien d'enfants, d'adolescents ou d'adultes ne se seraient pas identifiés en tant que table basse, fait amputer de leurs caractéristiques biologiques principales ou déclarés pansexuels, s'ils n'avaient jamais entendu parler de ces pures spéculations ?

Bref, courez à Saint-Germain-en-Laye car l'époque mérovingienne est passionnante, mais sans faire attention le moins du monde au charabia inculte et aux histoires hors-sol que les universitaires de l'expo, pourtant lettrés, ont dû faire écrire pour acheter la paix sociale. D'autres questions, d'ailleurs, auraient pu être abordées : pourquoi si peu de femmes en première ligne dans les combats ? Où est la parité devant la souffrance et la mort ? Pourquoi si peu d'Africains dans un Occident pourtant issu du métissage, selon les programmes officiels ? On le voit, il y a encore du travail. Il faudra sans doute une deuxième expo.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

9 commentaires

  1. En attendant ce Monde de folies, je vous souhaite à toutes et à tous de passer un Bon et Joyeux Noël, de ne pas oublier de mettre le petit Jésus dans la crèche le 25 décembre, et de vous aimer…

  2. Pour certains sociologues, l’insatisfaction sexuelle du  » mariage (…) stratégie sociale qui unit les familles, les clans et les terres, les richesses et le prestige” explique le rôle social de la prostitution. Avec la fermeture des maisons closes, les satisfactions qu’on y trouvaient ne pouvaient plus être obtenues qu’avec des maîtresses, donc avec des liens affectifs, donc exposant à des conflits conjugaux, donc aboutissant à l’explosions des divorces.

  3. Bah oui, Clovis était trans et votait Sandrine Rousseau. C’est un secret de polichinelle, tous les historiens savent ça et Sandrine Rousseau aussi (c’est donc incontestable).

  4. Et on laisse ces détraqués agir en toute impunité et saboter notre histoire . Qu’ils n’oublient pas que dans certains pays , encore aujourd’hui , on tue des gens parce qu’ils sont gays ou homos ou…..Pourquoi ne vont ils pas là bas les défendre , prêcher la bonne parole et la tolérance .Et puis ceux qu’on accueille ne tolère pas ces dérives , ont ils réfléchi à leur sort quandceux là seront en nombre suffisant …………

  5. Je ne suis pas un spécialiste des Mérovingiens (dynastie du Ve au VIIIe siècle), mais j’ai toujours lu que Franc signifiait “libre” ce qui implique qu’une personne de cette époque ne pouvait être à la fois être ”Franc” et esclave.
    De plus, le texte présenté suggère qu’un esclave aurait pu échapper à l’esclavage en entrant dans un monastère. Sans connaître précisément les conditions de vie de cette époque en tant qu’esclave, et en tant que moine, je doute fortement que les esclaves aient préféré leur condition s’ils avaient eu la possibilité de devenir moine (s’agissant d’hommes, bien entendu, et pas de femmes ayant changé de sexe).
    Ce que je retiens du texte encadré de l’exposition Clovis : un tissu d’âneries prétexte à de la propagnade LGBT.

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