Qui a murmuré à l’oreille d’Emmanuel Macron pour le monde d’après ? Kissinger ?
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Entre deux bains de foule, Líder Macron marine une allocution dans la longue tradition du globish républicain sur le management de la crise du coronavirus et le come-back de la start-up nation en post-épidémie. Quelle sera la teneur de cette homélie républicaine post-pascale ? Un urbi et orbi qui risque bien de devenir viral, car on mise sur un grand discours fondateur de sortie de crise, pour sauver l'économie d'un marasme et d'une catastrophe sociale dignes de la Seconde Guerre mondiale. L'annonce d'un déconfinement progressif des nombreuses cloches restées cloîtrées à l'Élysée ne serait, par ailleurs, pas formellement exclu.
D'autres têtes pensantes que notre titanesque timonier de la république Titanic cogitent également sur l'après-corona. Parmi celles-là, le vénérable Henry Kissinger, ancien secrétaire d’État et conseiller à la sécurité nationale des administrations Nixon et Ford, membre influent de nombreux think tanks et organisations internationales, grand faiseur et défaiseur de nations à l'instar de notre BHL national, qui lance un appel sans équivoque dans une tribune du Wall Street Journal vers un nouvel ordre mondial.
Il est impératif, pour les dirigeants du monde, alors qu'ils font face à la pandémie, d'entamer le lancement urgent d’une initiative parallèle pour assurer la transition vers le nouvel ordre de l’après-coronavirus. « Ne pas le faire pourrait mettre le monde en feu. » Kissinger parle de l’atmosphère surréelle dans laquelle nous plonge la pandémie. « Aujourd’hui comme à la fin de 1944 règne ce sentiment d’un insaisissable danger. » Et de poursuivre : « Lorsque la pandémie sera passée, les institutions de nombreux pays donneront l’impression d’avoir échoué. Les dirigeants gèrent la crise pour l’essentiel à l’échelle nationale mais l’effet de désagrégation que le virus produit sur les sociétés ne connaît pas les frontières. Les bouleversements politiques et économiques pourraient être sensibles durant plusieurs générations. »
Kissinger propose trois niveaux de solution. Renforcer la capacité mondiale de résistance aux maladies infectieuses et mise au point de nouvelles technologies et des vaccins proportionnels à l’ampleur des populations. Panser les blessures d'une crise économique mondiale bien plus complexe que celle de 2008, sans précédent dans l’Histoire par sa rapidité et sa portée planétaire. Enfin, préserver absolument les principes de l’ordre libéral international en arguant que la pandémie a donné lieu à un anachronisme, la renaissance de l'État fortifié, à une époque où la prospérité dépend des échanges mondiaux et de la libre circulation des individus (sic !).
Sentiment de déjà-vu car, on le sait, les grandes crises mondiales font les larrons de la mondialisation. Sarkozy psalmodiait déjà, lors de la crise financière de 2008, qu'il était temps de changer, de donner un nouveau visage à la mondialisation, de construire un nouvel ordre mondial en insistant que personne ne pourra s'y opposer. Attali, le messie du sans-frontiérisme, de prêcher qu'il est difficile de parler sérieusement de démocratie sans gouvernement mondial. Ça laisse rêveur. Dominique de Villepin y voit une nécessité, François Hollande et DSK, un embryon de gouvernance mondiale dans le G20 et le FMI... G20 qui insistait, en 2009, sur le refus du protectionnisme, etc. En résumé, changer pour que rien ne change, corriger les ravages de la mondialisation par plus de mondialisation, la superfluité de l'Union européenne par plus d'Europe.
« Maintenir la confiance du public, élément crucial pour la paix et la stabilité internationales », est l'ingrédient essentiel pour établir ce nouvel ordre mondial, conclut Kissinger. La confiance, ingrédient, somme toute, aussi insolite de nos jours qu'un masque ou un flacon de gel hydroalcoolique. La guerre de 1939-45 a engendré l'ONU, on se demande bien de quoi Covid-19 va avorter.
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