Qui, demain, pour prendre la tête du camp des patriotes ?
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Souverainisme, patriotisme, populisme semblent aujourd’hui majoritaires dans l’opinion, ils sont pourtant vaincus électoralement. Question de personne, sans aucun doute, mais aussi d’idéologie ; à défaut de convergence dogmatique, chaque héraut ne représente qu’une part de cette opposition au mondialisme, et ce n’est pas le moindre paradoxe de ce camp prépondérant que cette incapacité à se définir autrement qu’en opposition à son adversaire.
Faisant fi de toutes les segmentations antérieures, agrégeant sans vergogne l'incohérence des lignes politiques hier antagonistes, le mondialisme a su donner le change d’une unité intellectuelle, pourtant artificielle, et d’une dénomination unique et évocatrice. Vainement, les souverainistes, fils de Séguin ou de Chevènement, ont tenté de s’appuyer sur l’obsolescence de l’opposition droite/gauche, mais sans s’éloigner radicalement de son origine. Il s’agissait de dire à ceux d’en face : voilà ce que vous devez abandonner pour nous rejoindre. Sans esprit de synthèse, l’attelage se séparait au premier échec.
Pour exprimer autrement cette impasse : le peuple se réveille lorsqu’il a faim, les élites protègent leurs privilèges à la première alerte ou la faiblesse divisée des réflexes de classe se brise sur la résistance ordonnée des réflexes de caste.
Nous attendons Clemenceau, espérons de Gaulle ; certains les imaginent en jupon, les uns sortant la carte de la tante, les autres celle de la nièce, sans voir qu’aucune ne peut incarner l’âme de la patrie tout entière. L’appel « anti-Macron » et le tropisme hégémonique du Rassemblement national illustrent cette machine à perdre.
Alors, qui : Julien Aubert, Florian Philippot, François Asselineau ? Bien sûr que non ; les barons des partis déchus, encore moins ! Zemmour, Ménard seraient-ils dans leur rôle ?
Allons plus loin. Imagine-t-on le « propre-sur-lui » Bardella ou « l’enfant-de-Marie » Bellamy face aux autres chefs d’État dans un G8 ?
Le camp des patriotes ne dispose donc pas d’un chef incontestable, rassembleur, mobilisateur et ayant en lui les ressources humaines et culturelles nécessaires pour être admis, passée l’élection, par les citoyens qui n’avaient pas voté pour lui. Quelqu’un capable, aussi, de composer avec l’État profond, condition obligatoire du succès d’une politique de rupture. 2022 est déjà l’horizon ; changeons de méthode puisque nous n’avons pas ce dirigeant qui pourrait l’emporter sur Emmanuel Macron et son funeste dessein de mort de la France ; ayons le projet qui pourra écraser le représentant de la dictature mondialiste.
Utilisant le modèle des plates-formes de financement participatif, il faut créer notre projet politique, global, cohérent, novateur, enraciné dans notre histoire mais se projetant bien au-delà du replâtrage crispé de la Macronie. Sans rien renier du passé, sans rien s’interdire au futur. Et qui donc, mieux que des intellectuels, pour avoir cette capacité à l’imagination, la liberté de pensée et le gout de la démarche rationnelle ?
MM. Sapir, Todd, il est temps, non de soutenir un candidat, mais de renoncer à un certain conformisme politique ; Mme Le Pourhiet, M. Finkelkraut, allez un peu plus loin qu’un regard de sphinx ; et vous, Onfray, Coûteaux, vous savez bien que le temps ne fait pas de surplace.
Vous cités, et tant d’autres, qui détenez une parcelle de vérité, cloisonnée dans vos conforts et habitudes, larguez les amarres idéologiques, quittez la sécurité des cercles de pensée ; osez le large, le périple, l’odyssée, la confrontation avec les éléments sectaires déchaînés, voilà l’aventure ou vous convient les citoyens.
Puis, après les tempêtes que Poséidon-média aura lancées contre vous et votre outrecuidance d’hommes libres, débarquez sur terra incognita, le lieu vierge, la planète des idées pures, des chemins jamais empruntés ; inventez ce monde nouveau où l’homme respectera la nature parce qu’il se respectera lui-même, où l’immédiateté planétaire cessera d’être tyrannique, où s’achèvera le règne de l’argent corrupteur.
Puis, sur cette construction éminemment politique, tellement française, sur ce socle idéologique, se juchera un franc et loyal porte-parole, un personnage honnête et talentueux, probablement sans toutes les qualités qu’il faut pour conquérir le pouvoir mais disposant de celles nécessaires à l’exercer.
Comme me le disait un vieil ami aristocrate, anar de droite : « Tu as raison, nous n’avons rien de mieux que lui. »
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