Qui est Alexandre Portier, ce ministre qui refuse la théorie du genre ?

@TrisHR/Wikimedia commons
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Il y a quelques jours encore, son nom n’était connu que des férus de politique. Alexandre Portier, ministre délégué en charge de la Réussite scolaire et de l’Enseignement professionnel, était, jusqu’à il y a une semaine, resté dans l’ombre de son ministre de tutelle, Anne Genetet. À la faveur de quelques interventions marquantes et tranchées, il en est sorti brutalement.

Le 27 novembre dernier, lors de la séance des questions au gouvernement au Sénat, sa prise de parole sur le programme d’éducation à la vie sexuelle qui doit être mis en place dans les écoles a été remarquée. Il a annoncé qu’il « s’engagerait personnellement pour que la théorie du genre ne trouve pas sa place dans nos écoles, parce qu’elle ne doit pas y avoir sa place ».

Des convictions

Libre et « fidèle à lui-même », comme le disait son père dans les colonnes du Progrès, il y a quelques années, le jeune ministre de 34 ans porte ses idées sans se soucier de l’avis de la bien-pensance (et de son ministre). Il sait aussi s’opposer au système. Pour preuve, ce lundi 2 décembre, sur le plateau de CNews, il n’a pas manqué de réagir à l’envoi d’un courrier de l’inspection de l’Éducation nationale aux chefs d’établissements de l’Aisne interdisant l'utilisation de calendriers de l’Avent. Le ministre délégué a pointé du doigt l'excès de zèle laïcard de l'institution : « C’est une tradition populaire, il suffit d’aller dans un supermarché pour s’en rendre compte. » À son actif, également, une prise de position en faveur de l’interdiction des portables dans les établissements scolaires.

Dans un entretien accordé au Progrès, le 30 novembre dernier, Alexandre Portier dit s’être engagé en politique « pour défendre ses convictions » et ne pas être « dans les calculs ». Ses actes le prouvent tout autant que son parcours peu conventionnel. Fils d’artisan tapissier du Beaujolais, le futur ministre fait ses classes à Notre-Dame de Mongré, à Villefranche-sur-Saône, où il obtient un baccalauréat ES, en 2008. Après un passage en classes préparatoires au lycée Saint-Marc de Lyon, il rejoint les bancs de l’Institut catholique de Paris, où il obtient une licence en philosophie. Il poursuit ses études à l’École normale supérieure (ENS), dont il repart avec un master en philosophie contemporaine en 2013.

De la détermination

Au sortir de l’ENS, sa formation prend une tournure plus politique, puisqu’elle s’achève par l’obtention d’un master en affaires publiques à Sciences Po, en 2015. En milieu de cursus, en 2014, alors qu’il n’a que 24 ans, il s'engage localement en politique. Il est élu conseiller municipal de Villefranche-sur-Saône. Cette première élection en appellera une seconde - à la députation. En 2022, il devient, sous la bannière des Républicains, député de la neuvième circonscription du Rhône. Deux ans plus tard, suite à la dissolution de l’Assemblée nationale prononcée par Emmanuel Macron, il remet son siège en jeu et l'emporte une seconde fois avec plus de 60 % des voix au second tour. Enfin, la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre le propulse, le 21 septembre 2024, au rang de ministre délégué. Comme le dit le principal intéressé, « sociologiquement, rien ne me prédisposait à ce parcours ».

Est-ce pour cela, parce qu’il n’est pas un enfant du sérail, qu’il exerce sa fonction sans compromis ? Est-ce parce qu’il est un élu « enraciné » qu’il défend les traditions françaises ? Après seulement deux mois et demi d’exercice, tout reste encore à faire mais Alexandre Portier a d'ores et déjà fait bouger les lignes. Il incarne l'espoir d'une droite conservatrice dont la voix, sur les sujets sociétaux, était jusqu'alors couverte par les vociférations des amateurs de déconstruction. Avec Alexandre Portier, elle a peut-être trouvé un allié au gouvernement. S'il est encore trop tôt pour dire qu'il sonnera la fin de la récréation woke à l’école, sa présence rue de Grenelle laisse penser que tout n'est pas perdu.

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