Qui est Éric Lombard, nommé à Bercy ?

François Bayrou s’est largement alimenté dans les mandats précédents pour composer son équipe : Valls, Darmanin, Retailleau, Borne… Autant de personnalités politiques bien connues des Français de retour à la table des ministres. À leurs côtés, un nouveau venu fait son entrée dans la cour des grands, et la place qu’il occupe est périlleuse : Éric Lombard, choisi comme ministre de l'Économie et des Finances. Il succède à Antoine Armand, issu des rangs d’Ensemble pour la République (EPR), c’est-à-dire de la majorité présidentielle. Peu connu, peu suivi sur les réseaux sociaux (10.000 abonnés sur X avant sa nomination ), il figurait malgré tout, voilà quelques mois, au nombre des « Premiers-ministrables », dans la catégorie des « technos », avant de se voir écarter de cette charge au profit de Michel Barnier.

Âgé de 66 ans, sorti d’HEC en 1981, ce grand amateur de musique classique, si l’on en croit son compte X, a enchaîné les postes à hautes responsabilités. D’abord en tant que dirigeant de la BNP Paribas Cardiff, puis à la tête de Generali France, avant d’être promu directeur général de la prestigieuse et très ancienne Caisse des dépôts et consignations en 2017. Il a, au cours de sa carrière, tutoyé les fonctions ministérielles en servant dans plusieurs cabinets : conseiller du ministre socialiste Louis Le Pensec aux Départements et Territoires d'outre-mer, sous François Mitterrand, puis de Michel Sapin, lorsque ce dernier était ministre délégué à la Justice dans le gouvernement Cresson, et, toujours aux côtés de Sapin, au ministère de l’Économie et des Finances sous le gouvernement Bérégovoy.

La gauche s'essaye à Bercy

Dans son discours de prise de fonctions, Éric Lombard a clairement exprimé ses priorités. Il évoque l’urgence sociale qui nécessite pour remède une meilleure répartition des revenus. Cette préoccupation n’étonnera pas ceux qui se souviennent de l’importance qu’il portait à la construction massive de HLM, partout en France. L’égalité entre les femmes et les hommes vient en deuxième, pour le nouveau ministre. Vient, ensuite, l’urgence climatique et environnementale. Selon Éric Lombard, cet enjeu est essentiel pour la croissance économique : l’investissement écologique serait le plus profitable.

Les sujets abordés, l’hommage à Michel Sapin, ancien ministre socialiste, sa vision socio-démocrate de l’économie, l’aveu de la journaliste BFM-RMC Apolline de Malherbe selon laquelle Éric Lombard était le candidat à Matignon favori d’Olivier Faure et Raphaël Glucksmann… autant de facteurs qui témoignent clairement d’un ministre issu de la gauche. Ce que confirment certaines de ses déclarations du passé lorsqu'à l'occasion du 84^e congrès HLM en septembre 2024, il appelait de ses vœux la généralisation des « logements sociaux partout, dans toutes nos villes » au nom de « la diversité et de l'inclusion ».

Éric Lombard, nouveau ministre de l'Économie, en septembre 2024 : « Nous avons besoin de logement sociaux partout, dans toutes nos villes […] C’est un élément de diversité et d’inclusion »

— Fdesouche.com est une revue de presse (@F_Desouche) December 24, 2024

Dans un entretien à La Tribune Dimanche, ce samedi 28 décembre, le nouveau locataire de Bercy, qui ambitionne de ramener le déficit public « un peu en dessous de 5 % du PIB », annonce la couleur et des hausses d'impôts « très limitées » dans le prochain budget. À voir...

Le président de la République, coincé dans une impasse politique depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier, semble essayer toutes les solutions pour faire durer ses gouvernements successifs et fragiles. Dans ce contexte, Éric Lombard hérite de la lourde tâche de proposer un budget qui convienne à un Hémicycle fracturé, pour faire face au gouffre financier sans précédent dans lequel la France tombe, affaiblie de ses quelque 3.228,4 milliards d’euros. Une ambiance qui promet d'être sans doute moins feutrée que celle des conseils d'administration de la vénérable Caisse des dépôts.

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