Qui est l’imam de Saint-Chamond (Loire), frappé par une obligation de quitter le territoire français ?

mosquée saint-chamond

Nouvelle étape dans le feuilleton sur l’imam de Saint-Chamond : Mmadi Ahamada, l’imam qui s’était illustré, le 20 juillet, en citant devant une assemblée de fidèles le verset 33 de sourate al-ahzab « Restez dans vos foyers ; et ne vous exhibez pas à la manière des femmes d’avant l’islam », provoquant un tollé sur les réseaux sociaux et remontant jusqu’au ministère de l’Intérieur qui annonçait, trois jours plus tard, avoir mis fin à ses fonctions, s’est vu assigner fin octobre une obligation de quitter le territoire français consécutive à un non-renouvellement de son titre de séjour.

L’imam, arrivé des Comores en 2013, avait été formé à l'Institut Mohammed-VI de Rabat, au Maroc, et occupait la charge d’imam de Saint-Chamond, dans la Loire, depuis 2018. Le jour même de l’annonce de la destitution de l’imam par Gérald Darmanin, Hervé Reynaud, maire Les Républicains de Saint-Chamond, assurait au Progrès que les équipes de la mosquée étaient « modérées » et enseignaient « le respect et la tolérance ». La modération semble être l’image de marque de Mmadi Ahamada qui, suite aux événements du mois de juillet, s’exprimait en ces termes : « Je n’ai jamais défendu l’inégalité entre hommes et femmes. Au contraire, je sermonne les hommes pour qu’ils respectent leurs épouses. » Une pétition de soutien à l'imam a recueilli, à l’heure actuelle, plus de 7.000 signatures. Il y est décrit comme un homme qui « >lutte au quotidien contre l’embrigadement et l’obscurantisme religieux » et « promeut l’égalité homme-femme, l’émancipation et l’éducation des femmes ».

Mais qu’en est-il, réellement ? Malgré ces proclamations, la grande mosquée de Saint-Chamond avait rendu, en février 2020, lors du décès du prédicateur belge Rachid Haddach, un vibrant hommage à « ce grand professeur qui avait consacré sa vie à reprendre de façon éclairée et avec sagesse le message de l’islam ». Qualifier d’« éclairé » celui qui incitait ses fidèles à ne pas envoyer leurs enfants à l’école maternelle, il y a mieux comme gage de modération. Un prédicateur, considéré par beaucoup comme radical, voire salafiste.

Ajoutons à cela que Mmadi Ahamada, qui disait au mois de juillet avoir défendu l’égalité entre hommes et femmes, a pourtant fait, quelques mois plus tôt, une curieuse différence de traitement. Ainsi, le 3 décembre 2020, la mosquée annonçait qu’en raison du nombre de places limité dû aux restrictions sanitaires, les femmes ne pourraient assister à la prière (il y avait pourtant deux temps de prière prévus dans la journée, il était donc simple d’en réserver un aux hommes et un aux femmes). Curieuse conception de l’égalité entre hommes et femmes… Du reste, en août dernier, dans ces colonnes, la conseillère municipale d'opposition et conseillère régionale en Auvergne-Rhône-Alpes Isabelle Surply avait apporté plusieurs précisions sur cet imam.

Il faut noter que l’imam a une manière de se défendre qui peut laisser perplexe : « J’ai juste cité un verset du Coran. Ce ne sont pas mes mots, mais ceux du prophète », affirme-t-il. Il ne songe pas à dire que ce verset serait à mettre dans un contexte particulier ou encore qu’il ne faut pas le prendre au pied de la lettre. Sa défense paraîtrait plus recevable.

Mmadi Ahamada est-il un prédicateur aussi modéré que le sont nombre de ses confrères ? Il n’est probablement pas un cas particulier. Pour comprendre ce qu’est l’islam, modéré ou non, il faut en effet, comme le dit l'imam, se reporter à la simple lecture... du Coran.

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