Ce qu’on ne dit pas sur les problèmes de logement
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La fondation Abbé-Pierre vient de publier son rapport annuel sur l’état du mal-logement en France. À la clé, des données pour le moins paradoxales : le marché de l’immobilier affiche une santé florissante et plus de deux millions de logements seraient vides sur l’ensemble du territoire ; malgré quoi, on nous répète depuis des années qu’il manque, en France, un million de logements. Cherchez l’erreur.
Non, la France ne manque pas de logements. Il n’y a donc qu’une question à poser : comment mettre en adéquation l’offre et la demande ? Question subsidiaire : pour quelles raisons cela est-il impossible chez nous quand ça l’est (à peu près) chez nos voisins européens ?
De l’avis général, les statistiques de l’INSEE sur le logement sont « pitoyables » ; elles sont surtout incohérentes. Sur les 33 millions de logements enregistrés, près de 2,5 sont déclarés inoccupés. Un chiffre qui a augmenté de plus de 400.000 en dix ans. Mais un logement réputé inoccupé est-il, pour autant, un logement disponible ? Non, bien sûr. Il faudrait sortir de cette catégorie ceux en cours de vente, de mise en location, en attente d'occupation, en rénovation…
Reste qu’en certains endroits, comme Paris et sa région, le manque est effectivement criant. D’autant qu’à ceux qui n’ont pas de toit s’ajoutent les mal-logés. Près de neuf millions de personnes s’entasseraient ainsi dans des logements surpeuplés, dit la fondation Abbé-Pierre. Une réalité, bien sûr, mais qui mérite aussi d’être nuancée. Car si j’examine les critères retenus, je constate que la maison dans laquelle j’ai passé mon enfance entrait dans cette catégorie puisque : "Il faut une pièce à vivre (salon), une chambre par couple et pour chaque adulte célibataire de plus de 19 ans, une pièce pour deux enfants de moins de 7 ans, quel que soit le sexe, et une autre pour de grands enfants mais de même sexe." Plus cuisine et salle de bains.
Confidence : on en était loin !
Reste que, s’il existe une fondation Abbé-Pierre pour soutenir les mal-logés et des associations comme le DAL pour les pas logés du tout, il n’existe rien pour les propriétaires victimes de leurs locataires, et ils sont de plus en plus nombreux. Des gens abusés par de faux documents, qui ont perçu un ou deux mois de loyer et puis plus rien, ont mis des années de procédure à se débarrasser de squatteurs qui ont ravagé les lieux avant de partir. Certains y ont laissé leurs biens, ont parfois dû vendre leur propre logement pour éponger les frais.
Être propriétaire-bailleur est parfois un enfer, et celui qui s’en sort n’est pas près de relouer. Parfois, c’est pire encore, comme cette histoire rapportée au micro de RTL avec un titre signifiant : "Une maison gagnée pour une pizza livrée."
Le héros malheureux s’appelle Youssef. Il possède une maison à Garges-lès-Gonesse, inoccupée depuis un moment et qu’ont envahie, cet automne, des familles de Roms. Des gens "inexpulsables grâce à un simple reçu de livraison".
"Je suis venu le premier jour, dit Youssef, je leur ai demandé de partir. Ils m’ont dit “On est chez nous” et ils m’ont montré ce fameux ticket qui fait foi. On me dit que c’est la loi. De quelle loi s’agit-il ? Une loi qui leur a permis de voler !"
De fait, la police n’a pas le droit de les expulser manu militari car ils sont ici depuis plus de deux mois. La preuve : ce ticket de livraison de pizza daté du 28 novembre.
Interrogée, une avocate confirme l’impensable : cette loi interdit l’expulsion sans procédure judiciaire et un ticket de livraison a bien une valeur légale. "Tout moyen de preuve est accepté. Ça peut être effectivement un ticket de livraison de pizza, un témoignage, des photos… La preuve est totalement libre", dit-elle.
Youssef a porté plainte. L’audience a été fixée au 26 mars prochain, mais comme le souligne la juriste, le juge peut parfaitement décider de reporter l’expulsion des squatteurs, par exemple si des enfants en bas âge occupent la maison. On parie ?
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