Raboter le SMIC : le pouvoir hésite…

M. Macron souhaite booster le pouvoir d’achat des travailleurs en redistribuant des sommes qu’il a préalablement volées aux retraités.

Il prétend ainsi donner un véritable treizième mois mais, en fait, les ouvriers gagneront en moyenne 500 à 600 euros de salaire en plus. Ils bénéficieront également du dégrèvement de la taxe d’habitation (600 €, en moyenne, de baisse sur trois ans). Cependant, les taxes, hypocritement baptisées écologiques, augmenteront en moyenne de 550 € par foyer (avec la hausse du prix des carburants, du gaz, de l’électricité et du fioul). Au final, le gain de revenus d’un ouvrier sera faible et diminuera à mesure que les prélèvements sur l’énergie se feront plus lourds.

Mais une grave menace pèse sur le SMIC : jusque-là, il était revalorisé régulièrement en tenant compte de deux critères. D’une part, on compense intégralement l’inflation et, d'autre part, on donne systématiquement la moitié du montant de l’augmentation du salaire moyen. S’y rajoutent parfois « des coups de pouce » à l’entière discrétion du pouvoir. (MM. Jospin et Mitterrand ont usé de ce privilège.)

Une partie du patronat souhaite que le SMIC ne suive plus la hausse du salaire moyen. Le gouvernement affirme refuser cette évolution, mais on le sent hésitant : en fait, il tâte le terrain et voit quelles réactions il provoquerait s’il adoptait cette mesure. On invoque, pour justifier ce tour de vis, un manque de compétitivité de notre économie, qui serait grevée par le taux trop élevé du SMIC. Si on suivait ces experts, le salaire de base ne serait plus revalorisé que pour compenser l’inflation, et donc, au fil des années, il décrocherait des autres rémunérations, car le pouvoir d’achat des Français ne cesse d’augmenter d’une manière régulière. En outre, le taux d’inflation mesuré par l’INSEE est, pour des raisons techniques, en dessous de la vraie augmentation du coût de la vie. Les titulaires des bas salaires s’appauvriraient donc rapidement si la réforme était mise en place.

Si le montant du SMIC en France est l’un des plus élevés d’Europe, l’employeur ne paye que très peu de charges sur les bas salaires et, au final, un smicard français ne revient pas plus cher qu’un smicard de l’Europe orientale (17 € l’heure chez nous, contre 16,5O € pour un Polonais).

Enfin, des pays qui sont parmi les plus prospères de notre continent (Suisse, Luxembourg) ont des salaires de base bien plus élevés que le notre sans que leur économie (en plein boom) n’en soit affectée. L’offensive des milieux économiques n’est absolument pas justifiée. D'autant plus que s’attaquer au SMIC et réduire son montant seraient une catastrophe sociale. Il n’y aurait plus aucune différence entre ceux qui vivent des minima sociaux et ceux qui font l’effort de prendre un travail.

Au contraire, il faut récompenser ceux qui se lèvent le matin et faire en sorte que leurs revenus ne cessent de croître afin que le travail devienne de plus en plus intéressant par rapport aux allocations de base.

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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