Rachida Dati, ministre effronté traînant quelques casseroles

Rachida dati

« J’aime me battre, n’ayez pas peur. » Face aux fonctionnaires du ministère de la Culture et aux journalistes, réunis ce 12 janvier rue de Valois pour accueillir le nouveau ministre, Rachida Dati donne le ton. En à peine quelques heures, l’ancien garde des Sceaux, à qui on ne promettait pas un nouvel avenir politique national, a réussi à braquer les projecteurs sur elle. Exit Stéphane Séjourné, Catherine Vautrin ou encore Prisca Thevenot, les autres petits nouveaux du gouvernement Attal. La presse entière n’a plus que le nom de « Dati » à la bouche. « Nomination surprise », « le show Dati », « le retour de la puncheuse »… Partout, on commente l’arrivée de celle qui, il y a encore quelques mois, ne mâchait pourtant pas ses mots contre les macronistes.

Un ministre mis en examen

De la combativité, il va lui en falloir. Car Rachida Dati arrive dans un milieu hostile qui ne lui pardonnera aucune erreur. À commencer par son actuelle mise en examen pour corruption passive et recel d’abus de pouvoir dans l’affaire Carlos Ghosn. Nombreuses sont aujourd’hui les voix à s’indigner qu’Emmanuel Macron - qui avait promis, au mépris de la présomption d’innocence, qu’un ministre mis en examen devrait démissionner - ait pu nommer Rachida Dati visée par une instruction judiciaire. Il lui est en effet reproché d’avoir touché 300.000 euros par an pendant trois ans pour des missions de conseils juridiques auprès de Renault-Nissan, dirigé par Carlos Ghosn à l’époque. Les nouveaux dirigeants du géant automobile à l’origine de la plainte soupçonnent Rachida Dati d’avoir empoché l’argent sans produire de véritables conseils, en échange de bons et loyaux services de lobbying. Des accusations démenties par le nouveau ministre de la Culture.

Seulement, cette affaire est loin d’être la seule à éclabousser la réputation de Rachida Dati. En 2007, Le Canard enchaîné l’accusait ainsi d’avoir falsifié son CV afin d’intégrer l’École nationale de la magistrature. L’ancien ministre de Nicolas Sarkozy aurait indiqué avoir suivi un MBA au sein du groupe HEC avec la mention « ancienne élève de l’Institut supérieur des affaires ». Une formation qu’elle n’aurait en réalité jamais terminée… Mais Rachida Dati, si elle admet avoir mentionné cette formation, indique ne jamais avoir prétendu être en possession du diplôme. Quelques mois plus tard, alors garde des Sceaux, Rachida Dati doit cette fois-ci faire face aux critiques et attaques sur sa vie privée émanant de son propre parti. Mais une nouvelle fois, cette fille d’un maçon marocain et d’une mère au foyer algérienne qui s’est battue pour être magistrat puis ministre refuse de se laisser faire. On lui prête également des liens avec le Qatar ou l’Azerbaïdjan, pays qu’elle qualifiera un jour « d’exemple pour tout le monde musulman ». Et ce, malgré un engagement renouvelé en faveur des chrétiens d’Orient. Elle se retrouve également mêlée à l’affaire des « barbouzeries » du Paris Saint-Germain (PSG), une enquête tentaculaire sur l’existence possible de trafic d’influence et de corruption au sein du club de football, sans pour autant être poursuivie à ce stade.

Le show Dati

Ce ne sont pas ces différentes affaires qui empêcheront le nouveau ministre de la Culture de s'en sortir, comme elle l'a toujours fait, grâce à sa forte personnalité et sa pugnacité. Car Rachida Dati au sein du nouveau gouvernement, c’est l’assurance d’un show. Si le nouveau ministre de la Culture est resté sobre et tout en retenue lors de la passation ce 12 janvier, elle est connue pour son franc-parler. Au Conseil de Paris, où elle siège depuis 2008, elle semble s'amuser à attaquer vivement, à coups de phrases bien senties, Anne Hidalgo. Au printemps 2022, la maire du VIIe arrondissement avait ainsi taclé sa rivale sur son absentéisme : « Ces douze derniers mois, votre taux de présence dépasse à peine les 20 % et ne cesse de décroître. Un constat unanime : Paris vous ennuie, les Parisiens vous ennuient, c'est une réalité », avait-elle commencé. Avant d’ajouter : « Cette présence est aussi anecdotique que votre score à l'élection présidentielle de 1,7 %. Eh oui, ça fait mal ! » Sur les plateaux de télévision, Rachida Dati n’hésite pas à rabrouer vivement ses adversaires ou les journalistes. Le nouveau ministre n’aime pas se faire marcher dessus et n’hésite pas à contre-attaquer. Si, en la nommant, Emmanuel Macron a réussi un coup politique indéniable, celui-ci pourrait se retourner contre lui s’il ne parvenait pas à canaliser son ministre.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

42 commentaires

  1. Si elle parvient à faire stopper écriture et langage inclusifs genre « celles et ceux… », elle aura au moins sauvé son âme.

  2. Vous aurez pu remarquer que la présomption d’innocence a été respectée _ bon, il s’agit pas d’un homme Blanc de plus de 50 ans, dixit Mme Ernotte _ Pour le reste, tant mieux qu’elle soit nommée au culturel _ bien que tout cela me soit égal_ Les têtes de l’extrême gauche et de ses pétitionnaires professionnels subventionnées en dit long. Il faudrait couper ces subventions pour les insulteurs _ comme Grinberg _ et ceux qui les emploient. Ces comportements sont scandaleux.

  3. Elle me déçoit mais la soupe est bonne et elle doit avoir une ambition cachée . La seule chose que j’apprécie chez elle c’est sa franchise

  4. Rachida-Hidalgo, le match commence et les coups bas vont pleuvoir. Installez-vous bien, il va y avoir du spectacle…dans le panier de crabes.

  5. 1) mise en examen pour corruption passive et recel d’abus de pouvoir . Bon pour l’instant elle est présumée innocente, la justice n’ayant pas rendu de verdict mais ça ne fait pas bon genre, surtout après les propos du président. Mais soyons bon prince. On verra
    3) elle avait accusé les gouvernements de et je cite ses propres paroles : « ramassis de traitres. » Elle aurait donc elle aussi de gros trous de mémoire. Il est vrai qu’un gros chèque de ministre + un chèque de maire à la fin du mois, on peut être en droit d’oublier certaines paroles.Tiens ? et si j’allais réécouter Jacques Dutronc interprétant :  » L’opportuniste ? » ça me détendrait

  6. Que de réactions de toutes parts pour un non évènement ! On peut l’appeler « en marche, horizon, renaissance … » l’UMPS a la vie dure. Ceci dit, je préfère Rachida avec des casseroles à sa prédécesseuse. On aurait pu avoir pire en recyclant Pap ou Sibeth …

  7. l’arriviste effréné traîne généralement une batterie de casseroles derrière lui, Mme Dati n’échappe pas à la règle. Ambition personnelle quand tu nous tiens, tu nous tiens bien.

  8. Ne serait-il pas plus simple et urtout plus rapide de dresser la liste des « politiques-en-Macronie » qui ne se trimballent pas de casseroles ?

  9. Tous sont passé par Tournus capitale des casseroles. Mais dans ce milieu si on veut vivre et percer, y-a-t-il une autre voie ?

  10. Tant que nous reprendrons des politiques qui ont fait dégringoler le Pays on ne s’en sortira pas. Il nous faut du sang neuf avec des idées neuves voir révolutionnaire rien que pour sortir de ce que l’on appel l’Europe unie qui n’a que ce nom.

  11. Merci à Clémence d’utiliser, avec une évidente délectation, le terme ’le ministre’ pour parler de madame Dati.
    Que ses collègues de BV n’hésitent pas à suivre son exemple !

  12. François 1er à la bataille de Pavie s’est exclamé : « Tout est perdu for l’honneur ». Aujourd’hui, tout est perdu, y compris l’honneur…

  13. N’a t elle pas dit qu’elle était la seule à ne pas être étonnée de sa nomination..? Forcément, qui d’autre qu’elle connaît mieux son pedigree et son historique judiciaire ? Elle va renforcer les nombreux ministres Macronien s’en délicatesse avec la justice , ça n’est pas rien , c’est même un réel facteur d’éligibilité à l’obtention d’un maroquin ( pour quelqu’un d’origine algérienne)

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois