Racisme : Virginie Efira jugée trop blanche pour incarner Gisèle Halimi

© Capture d'écran Canal+
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Un petit monde du cinéma en émoi. Depuis quelques jours, l’actrice Virginie Efira se retrouve au cœur d’une violente polémique dans les médias. Beaucoup ne lui pardonnent pas d’avoir été choisie pour interpréter Gisèle Halimi dans le premier long-métrage de Pauline Bureau, Hors la loi, adapté de la pièce de théâtre éponyme. Le motif ? Il semblerait qu’une Blanche ne saurait incarner une Arabe. « J’adore Virginie Efira, mais le rôle de Gisèle Halimi est pour une Maghrébine », déplore ainsi une jeune femme, sur X. D’innombrables commentaires du même acabit ont depuis été postés : « Ils ont pas trouvé de Tunisienne ? » ; « Bonjour le white-washing ! » ; « C’est une blague ? Prendre une jeune femme maghrébine, ça leur aurait arraché le cul ? » ; « C'est trop important que ce soit une personne d'origine maghrébine pour ce que Gisèle Halimi à représenter (sic) en tant que militante décoloniale et féministe »…

« Des actrices arabes, il y en a plein ! », dénonce un autre, évoquant l’invisibilisation de l’identité juive et tunisienne de Gisèle Halimi. Et l’internaute de proposer les noms de Sofia Essaidi, Alice Belaïdi, Leïla Bekhti, Camelia Jordana ou Lyna Khoudri… autant d’actrices d'origine algérienne, marocaine et musulmane, de surcroît ! Pour une représentation fidèle aux origines de l’avocate féministe, qui est née d'un père d'origine berbère et d'une mère juive séfarade, il faudra repasser.

L’effacement du Blanc

On voit bien que la défense de « l’identité juive et tunisienne » de Gisèle Halimi importe, en réalité, très peu aux racialistes. C’est l’idée qu’un Blanc incarne un non-Blanc qui les horripile. Notez que le phénomène inverse ne les indispose nullement. L’appropriation culturelle n’est pas condamnée quand c’est un « racisé » qui incarne à l’écran un personnage occidental. On est, au contraire, invité à applaudir la manœuvre. On l’observe dans maintes adaptations d’œuvres littéraires dont certains héros européens ont récemment été interprétés par des acteurs africains : Miss Moneypenny dans le volet Skyfall (2012) de la saga James Bond, le roi Arthur dans la série fantastique Cursed (2020), Arsène Lupin dans le programme Netflix du même nom (2021), La Petite Sirène d’Andersen (2023), la fée Clochette de Peter Pan & Wendy (2023), etc. Ce « black-washing » obstiné s’attaque également aux reconstitutions historiques : des acteurs « racisés » ont, par exemple, été choisis pour camper l’épouse d’Henri VIII dans la série britannique Anne Boleyn (2021), le mathématicien Isaac Newton dans la série Doctor Who (2023), la reine d’Angleterre Charlotte de Mecklembourg-Strelitz dans la série La Reine Charlotte (2023) ou encore le général carthaginois Hannibal dans un biopic réalisé par Antoine Fuqua (2024)…

Nul besoin de préciser que cet escamotage racial fait la joie des médias mainstream. Tandis que le « white-washing » est présenté comme l’incarnation même du racisme systémique qui rongerait nos sociétés occidentales, le « black-washing » constituerait, à l’inverse, « une réponse politique aux discriminations des acteurs non blancs lors de castings et participe d’une volonté de réhabilitation quantitative et qualitative des minorités raciales dans les représentations collectives ». Engager un Blanc pour jouer un personnage noir, c’est mal, c’est raciste. Mais engager un Noir pour jouer un personnage blanc, c’est bien, c’est inclusif. Logique.

La réécriture de nos imaginaires

Ce double standard prétendument antiraciste n’est pas sans conséquence. Pour commencer, il donne lieu à une raréfaction injuste des rôles auxquels peuvent prétendre les comédiens à la peau un peu trop pâle. Surtout, il encourage la colonisation de nos imaginaires et la falsification historique.

D’une manière plus accessoire mais non moins scandaleuse, il participe à la libération de la parole raciste, à l’image de cette masterclass du réalisateur américain à succès Jordan Peele au cours de laquelle il affirma, sous les applaudissements, qu’aucun Blanc n’aurait jamais de rôle principal dans l’un de ses films. Maintenant, essayez d’imaginer la même phrase dite par un réalisateur blanc au sujet d’acteurs noirs… Non, n’imaginez plus : c’est inimaginable.

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Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

4 commentaires

  1. Stupéfiant ce racisme décomplexé. On est passé chez certaines élites influentes de la promotion de la tolérance et de la négation du concept de race humaine qui étaient vertueuse à une discrimination du blanc et à l’invention du « racisé ». C’est une régression intellectuelle qui véhicule un racisme crasse. A quand un pogrome anti blanc? La haine monte chez des gens qui se veulent humanistes, c’est inquiétant.

  2. La polémique autour de l’ethnie d’appartenance de l’actrice censée incarnée l’avocate de gauche permet surtout d’esquiver toute réflexion sur la traîtrise de Gisèle Halimi, collaboratrice et soutien actif du FLN alors que les soldats français mourraient tous les jours. La gauche est coupable. La gauche doit être jugée.

  3. Et ils prétendent que le racisme anti blancs n’existe pas . Ils oublient tout ce qu’ils doivent aux vilains blancs , ou seraient ils sans toutes les belles inventions des blancs dans tous les domaines . Ras le bol que l’on tolère ces attaques uniquement à l’égard des blancs .

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