Racket des automobilistes par Streeteo : l’étrange complaisance de la mairie de Paris
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Depuis le 1er janvier dernier, des sociétés privées "collectent" les amendes de stationnement pour le compte de la mairie de Paris. Elles sont deux, Mooveo et Streeteo, à se partager ce juteux marché, sachant que les quotas qui leur ont été fixés par contrat s’élèvent à 50.000 contrôles quotidiens. Et qui dit contrôle, hein…
Si Mooveo semble s’acquitter correctement de sa tâche, il en va bien différemment de Streeteo, dont les agissements réellement frauduleux ont déjà fait l’objet de nombreux papiers et reportages. On a ainsi appris, ces dernières semaines, que des conducteurs handicapés stationnant sur des places réservées avaient été verbalisés, de même que des voitures de police… Surtout, il est apparu que nombre de leurs agents "verbalisateurs" n’étaient tout bonnement pas assermentés, que certains avaient été contrôlés positifs au cannabis ou bien encore roulaient sans permis !
Mais le plus grave est que cette société a gonflé considérablement ses chiffres sur des infractions bidon. En effet, comme le révélait Le Figaro début mars, "plutôt que de circuler dans les rues pour enregistrer les plaques d'immatriculation, Streeteo utilisait des milliers de numéros collectés lors de précontrôles réalisés par des véhicules LAPI [lecture automatisée de plaques d'immatriculation, NDLR], équipés de caméras servant à flasher les plaques d'immatriculation".
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Tout cela est désormais connu et reconnu, au point que la Justice a – seule et sans plainte préalable – décidé d’ouvrir une enquête début mars pour « faux et escroquerie » à l’encontre de la société Streeteo, notamment après que des employés eurent révélé que ces procédés plus que douteux – ils "contrôlaient" ainsi depuis leurs bureaux ! – avaient cours "sous la pression de leurs supérieurs". Cette course au chiffre, nous dit-on, "permettait ainsi à Streeteo de tenir les engagements fixés par contrat et de s'épargner des pénalités". Un contrat dont l’opposition à madame Hidalgo aimerait bien avoir connaissance mais qui n’a toujours pas été communiqué aux élus de la capitale. Pourquoi ?
L’opposition ayant fait savoir qu’elle ne voulait plus des "services" de cette société qui escroque doublement les Parisiens – une fois parce qu’elle est rémunérée par leurs impôts, une seconde parce qu’elle les rackette en tant qu’automobilistes –, la mairie s’est contentée pour réponse d’un simple rappel à l’ordre et d’une amende de 60.000 euros à l’encontre de Streeteo. Autrement dit une bagatelle.
Devant l’insistance des élus de l’opposition, et voyant surtout que la Justice se saisissait seule de l’affaire, la ville de Paris a toutefois décidé d’envisager un dépôt de plainte pour faux, usage de faux et escroquerie. Mais comme il ne faut pas se précipiter, ce mardi à 17 h 30, Christophe Najdovski, l'adjoint chargé des Transports à la mairie de Paris et les maires des arrondissements concernés vont auditionner les responsables de Streeteo. "La Ville a été lésée dans cette affaire par Streeteo. Nous souhaitons donc que toute la lumière soit faite. Ils devront s'expliquer dès mardi et nous montrer les mesures correctives mises en place", a dit M. Najdovski, précisant en outre que "la Ville se réserve la possibilité de résilier le contrat si la situation ne s'améliorait pas".
Question : pourquoi le contrat qui lie la ville et Streeteo n’a-t-il toujours pas été communiqué aux élus ? Question subsidiaire : pourquoi la mairie de Paris a-t-elle attendu que la Justice ait diligenté son enquête pour commencer à réagir ?
Comme disait Martine Aubry, grande amie d’Anne Hidalgo : quand c’est flou, y a un loup !
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