Rafik Smati : « Cette crise migratoire est une honte. Par lâcheté, nous sous-traitons la gestion des frontières européennes à Erdoğan »
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Boulevard Voltaire a rencontré Rafik Smati, président du parti politique Objectif France. Il évoque son projet de « redressement national » et les objectifs de son mouvement, qui présente des candidats sur une cinquantaine de listes pour les prochaines élections municipales.
Par ailleurs, il réagit à des sujets d'actualité, et notamment géopolitiques.
https://www.youtube.com/watch?v=eRLNZtFYhvQ&feature=youtu.be
Objectif France est un mouvement créé en 2014. Il réunit des élus de terrain, des membres de la société civile et des experts dans des domaines différents. En 2018, ce mouvement est devenu un parti politique. Il rassemble de plus en plus de monde présent sur l’ensemble du territoire, à travers une cinquantaine de départements dans lesquels nous sommes extrêmement actifs.
Nous travaillons sur un projet qui est sans doute le projet de redressement national le plus puissant depuis 1958. Les élections municipales sont une première épreuve du feu. Nous allons, pour la première fois, nous confronter au suffrage universel.
Pourquoi cet intérêt pour Objectif France ?
Aujourd’hui, il y a une véritable exigence de nos compatriotes en termes de renouveau politique. Un espoir a été mis en Emmanuel Macron et du côté d’En Marche !, et beaucoup de monde a été déçu. C’est pourquoi il y a un véritable espoir de renouveau et de courage politique. Contrairement à ce que dit beaucoup de monde et à commencer par le président de la République qui avait lui-même présenté les Français comme étant (je le cite) « un peuple de Gaulois réfractaire au changement », nous pensons que les Français sont prêts à accepter les réformes. Nous pensons que les Français sont prêts à accepter le courage de la vérité, mais encore faut-il avoir le courage de mettre les cartes sur table. C’est ce que nous faisons. Nous ne cherchons pas à plaire à tout le monde, mais nous cherchons une cohérence, une droiture et une véritable colonne vertébrale idéologique. Nous pensons que cette cohérence, cette droiture et cet effet d’entraînement seraient capables de rassembler une grande partie de nos compatriotes, qu’ils soient de gauche, du centre ou de droite. C’est la mission que nous nous sommes fixée et nous entendons bien relever ce défi.
Quelle est la solution pour sortir la France de la crise ?
Il n’y a pas de recette miracle. La recette miracle et, d’ailleurs, le simple fait que je le présente comme étant un miracle étant une anomalie dans le paysage politique, est de dire la réalité aux Français. Cessons d’infantiliser nos compatriotes. Les Français sont suffisamment mûrs pour accepter les choses telles qu’elles sont. Ils sont prêts à accepter un certain nombre de réformes. Quand bien même seraient-elles impopulaires, s’ils savent que ces réformes ont un sens et pourquoi nous les faisons. C’est évidemment ce qu’il manque très largement dans la politique menée ces derniers mois et ces dernières années par le gouvernement.
Le point commun de toutes les crises que nous traversons, que ce soit la crise démocratique, économique, du coronavirus ou encore des gilets jaunes, c’est que la France est profondément désarmée. Elle n’est pas désarmée au sens militaire du terme, mais au sens idéologique et intellectuel. Nous avons cédé aux sirènes de la bien-pensance et du politiquement correct.
Nous sommes dans des postures totalement convenues et nous avons perdu de vue le fait que nous sommes dans un monde de plus en plus hostile et violent, avec une véritable géopolitique des puissances. Si nous voulons apporter la prospérité à l’ensemble de nos compatriotes, il faut accepter de rentrer dans le jeu de cette géopolitique des puissances, c’est-à-dire d’assumer d’avoir un pays dont la voix pèse et qui n’a pas forcément d’amis, mais que des intérêts.
Par exemple, en géopolitique, la France ne doit pas avoir de dogme. Elle n’est pas là pour faire de la morale. Nous n'avons que des intérêts à défendre. C’est ce qui nous manque cruellement depuis des années.
On a vu cette géopolitique à l’œuvre avec l’épisode turc. Comment la politique intérieure turque a pu décider une crise migratoire sans précédent depuis plusieurs années en Europe ?
Selon vous, que révèle cette crise migratoire ?
Cette crise migratoire est une honte ! Je l’assume. Tous ceux qui sont un tant soit peu intéressés par la question géopolitique et qui observent ce qui se passe dans le monde depuis quelques années savaient que ce qui allait arriver arriverait un jour ou l’autre. C’était une évidence !
Comment a-t-on pu, par lâcheté, par renoncement et par faiblesse, accepter de sous-traiter à Erdoğan la gestion de la frontière européenne ? C’est une faute. Quand je parle de faute, c’est un euphémisme. C’est une honte ! On savait que cela nous pendait au nez et, comme par hasard, M. Erdoğan fait cela au moment où l’Europe est dans la situation la plus faible qui soit.
Je parlais, tout à l’heure, de réarmement moral et intellectuel de l’Europe. Nous en sommes bien loin…
Il faut accepter l’idée que nous sommes dans un rapport de force. La Turquie n’est pas forcément un pays riche, mais c’est un pays dans lequel vous avez un pouvoir exécutif qui affirme la puissance de son pays et qui présente à ses compatriotes un récit national.
En France, quel est le récit national que nos dirigeants politiques présentent à l’ensemble de nos compatriotes ? Aucun ! Si ce n’est nous soumettre, subir et renoncer à notre avenir. Eh bien, non !
J’affirme que la France doit renouer avec un récit de puissance, un récit de grandeur et un récit d’ambition. Cela implique, n’en déplaise aux bien-pensants, de rentrer dans des rapports de force au niveau géopolitique. M. Erdoğan en fait évidemment partie.
Vous parlez de récit national, cela fait penser au terme « roman national ». Ces idées seraient-elles qualifiées d’extrême droite par la majorité des observateurs ?
Je n’en ai rien à cirer, des observateurs. Je ne conçois pas mon engagement politique en fonction du prisme des observateurs bien-pensants qui vont venir me distribuer des bons points ou des mauvais points. Ce n’est pas mon combat. Je considère que la France est un pays d’avenir. Je considère qu’il y a un grand récit national entraînant, galvanisant et fédérateur qui peut être construit autour de la France. Cela ne veut pas dire que nous voulons revenir à une France des années 60 ou 70, mais je pense qu’il existe un récit qui peut être celui de la France de 2030, de 2040, de 2050 qui sera différent de la France des années 60. Nous avons de nouveaux leviers de grandeur à explorer. Notre puissance maritime en fait partie. Je rappelle que la France est la deuxième puissance maritime du monde. On dit, souvent, que la France est un petit pays, mais non ! Si on considère la France des mers et la France de la terre, la France est un immense pays plus grand que la Chine, d’un point de vue géographique. La France a des ressources maritimes halieutiques minérales fantastiques.
Notre langue, le français, est également un levier de grandeur. D’ici la fin du siècle, le français va être parlé par quasiment un milliard de personnes.
Oui, notre pays a un certain nombre d’atouts insoupçonnés, un génie inégalé. Ce qui fait que le récit national de la France de 2050 sera différent de celui de la France de 1960. Évidemment, je ne suis pas du tout partisan d’un retour en arrière, mais encore faut-il être porté par cette vision, par cette grandeur et par cette certitude selon laquelle la France est l’avenir.
Les municipales approchent. Les grands partis vont essayer de recomposer le paysage politique local. Où se situe Objectif France ? Présentez-vous des candidats ? Soutenez-vous des partis ?
Objectif France a décidé de s’engager dans le combat des municipales et de choisir cinquante villes et villages de France sélectionnés pour leur spécificité. C’est la première fois qu’Objectif France se confronte au suffrage universel. Nous ne soutenons aucun parti puisque nous sommes, nous-mêmes, un parti. Quand l’enjeu est de reprendre la ville aux socialistes, ce qui est le cas à Clermont-Ferrand où le pays est entre les mains des socialistes depuis plus de 60 ans, nous savons nous allier avec l’ensemble des forces de droite, du centre et de la société civile. Mais vous avez aussi d’autres villes où vous avez des listes Objectif France. C’est le cas à Gravelines, à Maurepas, au Vésinet et dans plein d’autres villes. Ce qui détermine notre engagement sur les municipales, c’est le pragmatisme et, plus que jamais, l’engagement local. La charte Objectif France comporte une douzaine d’engagements très fermes. Autant d’engagements éthiques et moraux que de faire de la place aux jeunes dans la liste. Toutes les listes que nous soutenons aujourd’hui sont des listes qui ont adhéré à cette charte.
À travers ces élections municipales, nous sommes très fiers de porter nos valeurs, notre vision de la France et l’idée que nous nous faisons de l’engagement municipal de terrain, qui est probablement le plus noble qui soit en politique.
La politique, c’est désigner son drapeau et ses alliés, c’est aussi désigner des adversaires. Qui sont les adversaires d'Objectif France ?
Objectif France ne se construit pas par opposition à qui que ce soit, mais se construit en force de rassemblement. Nos adversaires sont tous ceux qui sont dans la négation de ce qu’est la France, de ce qu’a été la France et qui sont dans une certaine forme de fatalisme qui ne croit plus en l’idée que notre nation puisse rayonner et être grande. Tous ceux qui à gauche, à droite, au centre ou nulle part s’identifient à ce projet extrêmement puissant et positif sont évidemment les bienvenus dans notre grande entreprise de redressement que nous avons d’ores et déjà amorcée.
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