[RAISON GARDER] Donald Trump, un fascinant animal de campagne électorale

Trump

Donald Trump, par ses orientations idéologiques et sa personnalité, est un homme qu’on abhorre ou qu’on adule. Ici, nous n’allons nous intéresser ni à ses options politiques ni à sa personnalité : que chacun, donc, mette provisoirement de côté ses haines ou ses enthousiasmes.

Contrairement aux apparences, le premier mandat de Trump a été assez classique dans ses orientations politiques. Si sa méthode gouvernementale était « originale » (tumultueuse, primesautière, apparemment ingérable), sur les grands dossiers, il a poursuivi la politique inaugurée par son prédécesseur démocrate, notamment en se détournant de l’Europe tout en se dressant contre la Chine (le « pivot asiatique » d’Obama) ainsi qu’en se désengageant du rôle de « gendarme du monde » (comme Obama l’avait fait pour la Syrie). Sa politique a, d’ailleurs, été poursuivie en substance par son successeur, également démocrate. De même, l’échec de Trump en 2021 est plutôt banal : vaincu par un adversaire expérimenté, dans un contexte post-Covid, avec un Parti démocrate fortement mobilisé contre son orientation idéologique et sa personnalité clivante.

Non ! Ce qui est proprement stupéfiant, chez Trump, ce sont ses trois campagnes électorales : celle de 2016, celle de 2021 et l’actuelle.

En 2016, une candidate (Hillary Clinton) coche toutes les bonnes cases : notoriété, grosse expérience, Parti démocrate en ordre de bataille, campagne électorale méthodique. Son élection est quasi assurée. À l’opposé, Donald Trump se lance dans les primaires républicaines sans avoir jamais fait de politique. Or, cet homme sans expérience va mener une campagne d’une grande habileté, ciblant les États bascules avec un discours parfaitement adapté, ce qui lui assure une victoire nette (dans le système états-unien à deux niveaux), laissant au tapis une Clinton qui le devance pourtant de trois millions de suffrages.

En 2021, sa fin de campagne est encore plus stupéfiante. D’abord, Trump réussit à mobiliser près de soixante-quinze millions de voix. Ensuite, malgré sa défaite, il va affirmer, sans véritables preuves, que cette élection a été truquée à son détriment : des dizaines de millions d’États-Uniens vont lui emboîter le pas, et le croient encore aujourd’hui dur comme fer. De plus, Trump va (plus ou moins) laisser un certain nombre de ses partisans mener l’assaut contre le Capitole pour contester le résultat de cette élection. Enfin, sa défaite ouvre la voie à de retentissants procès contre lui.

Avoir été battu ; refuser de reconnaître le résultat de l’élection ; tolérer (plus ou moins) une attaque contre les institutions du pays ; être l’objet de plusieurs procès très graves : c’est avec ces retentissantes casseroles que Trump entame sa troisième campagne. Un homme normal aurait été balayé du champ politique ou, tout au plus, crédité de quelques pourcents des voix. Mais pas Trump ! Et même, au contraire ! D’abord, il met le Parti républicain en coupe réglée. Ensuite, il gagne haut la main les primaires. Enfin, et surtout, il possède de réelles chances de l’emporter : il a fait, jusqu’ici, jeu égal avec Joe Biden, un sortant qui, hormis son âge, présente un bilan plutôt bon.

Je ne prétends aucunement prédire l’issue de cette bataille. Mais il est certain, à l’heure actuelle, que Trump peut gagner, alors que personne de raisonnable, il y a dix ans, n’aurait parié un kopeck sur une telle victoire. Et non seulement il peut gagner, mais les nuages s’accumulent sur la tête de Biden : électeurs gravement divisés sur la guerre en Palestine, ayant l’impression de perdre du pouvoir d’achat et, pour les plus conservateurs sur le plan des mœurs (chez les Latino-Américains et les Afro-Américains), incertains de le soutenir.

Si Donald Trump, contre toute attente, finit par remporter cette élection, quel que soit le jugement que méritent sa personnalité et son idéologie, il faudra saluer en lui un impressionnant animal de campagne électorale qui deviendra un cas d’école et entrera, par là, dans l’Histoire.

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Alexandre Dumaine
Journaliste, écrivain

Vos commentaires

36 commentaires

  1. Le seul Président des U.S.A. qui n’a pas fait la guerre…..Et ça la Gauche démocrate avec leurs banquiers ne lui pardonnent pas…

  2. Le bilan de Biden le sénile est bon ? Où vous êtes démocrate où aveugle !
    1seul exemple, mais il y en a des centaines d’autres , qui a provoqué la guerre en Ukraine pour demanteler la Russie ?
    Biden donc l’OTAN, donc les USA !

  3. Nul ne contestera, je suppose, la forte personnalité de Trump. Ses multiples coups de pied dans la fourmilière de « l’etablishment » souvent corrompu lui ont attiré des haines tenaces. Il n’empêche qu’il apparaît pour beaucoup comme le seul capable d’échanger avec Poutine et d’éviter une escalade belliqueuse provoquée par certains gnomes européens mégalomaniaques…

  4. En janvier 2020, Trump a publié son plan « Peace to Prosperity » (de la paix à la prospérité), qui ne tient pas compte des revendications des Palestiniens et renforce l’État d’apartheid israélien. L’emblème de cette politique durcie était que Trump allait transférer l’ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem.
    Trump a condamné les Vénézuéliens à la famine, opposé son veto aux tentatives visant à sauver le Yémen des atrocités commises par l’Arabie saoudite et soutenues par les États-Unis, assassiné le général iranien Qassem Soleimani, emprisonné Julian Assange et, malgré l’illusion de masse incroyablement virulente selon laquelle il était un agent secret de Moscou, il a passé tout son mandat à intensifier les hostilités de la guerre froide contre la Russie avec une agressivité extrême.

    • Heureusement, nous avons en France des Mélenchon ou autres Dupont-Moretti pour défendre les héros de la vérité comme Julian Assange . Trump est un bien méchant homme au patriotisme désuet, c’est sûr…

  5. « il va affirmer, sans véritables preuves, que cette élection a été truquée à son détriment ». Evidemment qu’il n’y a pas de preuves, nous avons affaire à des pros de la magouille et de la dissimulation. Et il n’y a pas qu’aux States. Coluche avait raison : « Si les élections servaient à quelque chose, cela fait un moment qu’elles auraient été supprimées ».

  6. Comparer Trump et Obama, fallait oser.
    Trump a profondément fissuré le système médiatique « mainstream » américain. Il a refusé l’accord de Paris et différents accords commerciaux de libre échange. Il a quasi mis fin à l’immigration illégale. Il veut sortir de l’OMC. Il est le premier à avoir dénoncé l’ État Profond américain et le NWO contre lesquels il lutte. Il est pour le peuple, et contre le système bancaire international. Il est parvenu à sa façon à mettre fin à la guerre en Syrie.

  7. Effectivement Trump est un candidat pugnace, et une personnalité hors pair mais ces duels de campagnes électorales m’inspirent le fait a que les présidents des EU, mais pas que , passent beaucoup trop de temps et d’énergie à préparer les prochaines élections si bien que le reste devient accessoire, y compris l’application de la politique pour laquelle ils ont été élus . Vous expliquez très bien qu’il y a eu continuité entre la politique extérieure d’Obama et celle qui a été suivie par Trump . Les présidents passent et les affaires sont gérées par les fonctionnaires qui deviennent les vrais patrons de la politique tandis que les présidents se transforment en animateurs ou communiquants . J’espère par contre que Trump vous fera mentir en ne suivant pas la politique d’escalade guerrière avec la Russie suivie par Biden et animée par le petit soldat français de l’Otan qui n’a jamais porté un treillis ou des rangers . Parce que entre un Biden un peu oublieux, pour ne pas dire sénile, et le Mozart de la dette qui nous joue de la flute enchantée en se voyant déjà roi de l’UE , je ne suis pas très rassuré et je ne pense pas être le seul !

  8. je mettrais ma main au feu qu’il y a eu fraude au dernières élections américaines , mais également en France pour notre Jupiter avec les machines électroniques dont les voix sont décomptés au Texas !

    • oui, oui, c’était visible, il y a bien eu fraude au moment de la « réélection » du président

    • je partage cette analyse. La fraude ne se fait pas au dépouillement dans les communes mais à la collecte des résultats au ministère (voire dans les machines à voter électroniques )

  9. Je souhaite que Trump gagne les élections,bien sur les dernières élections ont été truquées,il y en un qui ne va pas étre content c’est macron.

  10. « un homme qui, malgré son âge, présente un bilan plutôt bon ».
    Vous semblez passer par pertes et profits le retrait honteux d’Afghanistan, et les émeutes dans les universités.
    Macron aussi a un bilan plutôt bon, grâce à ses lignes d’autobus…..

  11. Curieusement, on aime Donald Trump pour les mêmes raisons qu’on le déteste. Son élection est souhaitable.

  12. En tout cas, il a fait plus que Obama. Il a même été pressenti pour le Nobel de la paix pour les Accords d’Abraham

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