[RAISON GARDER] Féminisme authentique (de gauche) et frelaté (de droite)

Capture d'écran ©YouTube
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La gauche possède certainement un modèle de féminisme en « platine iridié », déposé au Pavillon de Breteuil des poids et mesures, qui lui permet de vérifier de façon scientifique ce qui est vraiment du féminisme, et ce qui n’en est que la contrefaçon. Un article du Nouvel Obs  nous en fournit l’éclatante démonstration, à propos de femmes états-uniennes qui sont des « influenceuses » Youtube, Instagram, TikTok aux millions d’abonnés.

Cet article nous parle ainsi de Katie Britt, jeune sénatrice de l’Alabama âgée de seulement 42 ans. Celle-ci a été mandatée pour donner la réponse officielle du Parti républicain au « discours sur l’état de l’Union » prononcé par le président Joe Biden. Logiquement, les féministes devraient se réjouir : une femme jeune, élue à un mandat important, et portant la parole d’un des deux grands partis des États-Unis. Mais non : pour la gauche, ce n’est pas là du féminisme authentique, et donc le magazine des bobos déclare avec une moue de mépris que Madame Britt a « déconcerté l’Amérique en choisissant de délivrer, depuis sa cuisine, cette réponse officielle du Parti républicain ».

L’inquisition féministo-correcte le souligne avec virulence : «  Avec sa croix en pendentif autour du cou et son décor de ménagère, l’élue a envoyé un message sans équivoque à la nation : les Républicains aimeraient bien renvoyer les femmes à Dieu… et à la maison ». Ce qui est fascinant dans cette phrase, c’est la capacité d’un tel féminisme inquisitorial à « invisibiliser » purement et simplement une femme (et même des millions de femmes qui se reconnaissent dans le Parti républicain). Car lorsque l’auteure ou l’autrice de cet article écrit que « les Républicains aimeraient bien… », elle efface le fait qu’elle parle d’une femme qui a précisément d’importantes responsabilités politiques au sein du Parti républicain. Mais cette « invisibilisation » est bien normale, puisque ce n’est pas là du féminisme authentique.

L’hebdomadaire du progressisme BCBG continue avec Hannah Neeleman. « Avec plus de huit millions de followers, cette éleveuse de bétail installée dans l’Utah et mère de huit enfants, est l’épouse cottagecore la plus populaire d’Instagram ». Le cottagecore, c’est « un mode de vie simple, fondé sur le respect de la nature ». Ainsi, cette Hannah « se filme en train de traire ses vaches, faire son pain au levain, accoucher à la maison ». Sauf que, souligne L’Obs, « les internautes ont compris (…) que l’opulente fermière vend des kits de levain pour 89 dollars sur Instagram, et fait la promotion de son exploitation agricole auprès de ses millions d’abonné ». Autrement dit, voici une femme qui s’est prise en main, qui a fondé son entreprise et qui y réussit fort bien. Du point de vue du féminisme, cela semblerait une réussite parfaite. Mais non, ce n’est pas là du féminisme authentique.

« La plupart de ces femmes touchent des revenus, via des contrats avec des marques. (…) “Je pense qu’il est très important d’avoir une sécurité financière pour soi-même. En ce qui me concerne, je gagne toujours un peu d’argent en créant du contenu”, assure Kendel Kay », une autre de ces influenceuses. Le magazine de la gauche bien-pensante devrait exulter en voyant des femmes assurer par elles-mêmes leur autonomie financière. Mais ce n’est pas le cas, puisqu’il ne s’agit pas là de féminisme authentique.

Quelle est la clé de cette apparente contradiction ? C’est tout simple. Ces femmes qui se sont prises en main, qui assument leur vie, qui font en sorte d’avoir leurs propres revenus financiers, bref qui semblent correspondre aux canons les plus évidents du féminisme… diffusent « des idées d’extrême droite », « des valeurs conservatrices », « des idéologies fascisantes », des propos « réactionnaires », des sous-entendus « suprémacistes ». Et le pire, c’est que ces gourdes, ces empotées, ces bécasses, ces sottes (si l’on peut résumer ainsi l’opinion à peine dissimulée du Nouvel Obs) ne savent souvent même pas « qu’elles sont suivies par des comptes d’extrême droite ».

Donc, méfiance ! Si c’est de droite, il ne peut s’agir que d’un simili-féminisme : « La couleur du féminisme, le goût du féminisme, mais ce n’est pas du féminisme ». N’oubliez donc jamais de comparer ce qui vous paraît du féminisme au vrai modèle de féminisme en « platine irridié », dont seule la gauche a par essence le monopole.

Alexandre Dumaine
Alexandre Dumaine
Journaliste, écrivain

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